Résidus de pesticides dans les fruits et les légumes: les bénéfices l’emportent sur les risques, conclut l’INSPQ

Les risques liés aux pesticides contenus sur ou dans les fruits et légumes, même faibles, ne sont pas négligeables.Devrait-on vraiment consommer davantage de fruits et de légumes pour améliorer sa santé, alors que ceux-ci présentent des résidus de pesticides? Dans une étude qu’il a menée sur le sujet, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) conclut que les risques sont faibles, bien que réels, et que les avantages de la consommation de fruits et légumes l’emportent sur les préjudices.Plus de 165 fruits et légumes cultivés au Canada ou importés ont été passés en revue dans le cadre de l'étude Évaluation du risque toxicologique pour la population québécoise à la suite de l’exposition aux résidus de pesticides présents dans les fruits et les légumes. Ces produits pouvaient avoir été exposés à un ou plusieurs des 169 pesticides relevés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Certains, comme le chlorpyriphos, l’endosulfan et l’iprodione, sont homologués par Santé Canada. D’autres, tels que le carbofuran, l’éthion, l’imazalil et le méthidathion, ne le sont pas.Aucune surveillance systématiqueLorsque des pesticides sont appliqués sur des aliments, une certaine quantité de résidus peut demeurer sur les produits ou à l'intérieur. Leur ingestion peut avoir des effets sur les plans neurologique, immunologique, développemental, mais aussi entraîner des troubles de la reproduction, des perturbations du système endocrinien et différents types de cancer.Actuellement, l’exposition de la population québécoise aux résidus de pesticides présents dans les aliments, ainsi que les risques toxicologiques qui en découlent, ne font l’objet d’aucune surveillance systématique et publique, que ce soit dans le domaine de la santé environnementale ou celui de la nutrition, note l’INSPQ.Les bénéfices plus élevés que les risquesLes résidus de ces pesticides ne sont pas inoffensifs, confirme cette étude. Selon un calcul réalisé par les chercheurs de l’INSPQ, ils pourraient engendrer 39 nouveaux cas de cancer par année dans la province. Mais les bénéfices qu’entraîne la consommation de fruits et légumes dépassent les risques: pour chaque cas de cancer causé par ces résidus, au moins 88 cas seraient prévenus par l’effet protecteur associé à ces aliments.«Même si cette consommation peut engendrer une exposition aux pesticides employés dans leur culture, écrivent les auteurs, il reste que ces risques apparaissent plutôt faibles. Par conséquent, il apparaît primordial, d’un point de vue de santé publique, de continuer à encourager la population à avoir une alimentation saine et équilibrée, laquelle inclut la consommation d’importantes quantités de variétés de fruits et de légumes.»Même si les fruits et légumes contiennent des résidus de pesticides, augmenter leur consommation ne ferait pas croître les risques. «De manière générale, souligne-t-on, le fait de consommer plus de 7 portions de fruits et de légumes n’augmente pas de manière importante, par rapport à la consommation de moins de 5 portions quotidiennes, la possibilité d’une exposition telle qu’elle dépasse la valeur toxicologique de référence.»Mise en garde Les menaces pour la santé demeurent tout de même assez élevées pour que l’on s’en préoccupe, c'est pourquoi, l’INSPQ sert cette mise en garde: «Les risques cancérigènes n’apparaissent pas négligeables (…) En raison des incertitudes qui demeurent quant aux risques réels que représente l’exposition à ces substances, il importe de continuer à favoriser la mise en place de mesures visant à réduire, autant que faire se peut, l’exposition de la population aux pesticides.» Exemples de fruits et légumes exposésLe melon (38 %), la pomme de terre (24 %) et les concombres (17 %) contribuent le plus à l’exposition chronique totale à la dieldrine. Le melon est aussi une source importante d’exposition à un pesticide organochloré banni au Canada: le mirex (23 %). Les tangerines (22 %), les oranges (21 %) et les pommes (19 %) contribuent principalement à la dose de dicofol.Pour sa part, l’orange contribue de manière importante à l’exposition au diazinon (33 %), au chlorpyriphos-méthyl (36%), à l’imazalil (58 %), au pyrimiphos-méthyl (78%) et, en particulier, au prothiofos et au profénophos (près de 100 %). Le navet est le principal contributeur au carbofuran (48 %), tandis que la laitue contribue de manière importante à l’exposition chronique totale aux dithiocarbamates et à leur métabolite, l’ETU (≈ 21 %), au dimèthoate (33 %), ainsi qu’au mirex et au méthamidophos (45 %).

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