Le risque de maladie cardiaque est plus faible lorsque l’obésité est due à la génétique plutôt qu’au mode de vie

Il est bien connu qu’un indice de masse corporelle (IMC) élevé a des effets négatifs sur notre santé, augmentant le risque de plusieurs maladies. C’est d’autant plus préoccupant que près du tiers de la population mondiale est désormais classée en surpoids ou obèse. Les maladies cardiovasculaires (telles que les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux) sont étroitement liées à l’obésité. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elles constituent la principale cause de décès dans le monde. L’obésité est une maladie complexe qui peut être influencée à la fois par la génétique ainsi que par le mode de vie ou l’environnement d’une personne. Ceux-ci peuvent inclure la pollution de l’air, le tabagisme, l’alimentation, l’activité physique, les médicaments, l’éducation, le statut socio-économique et la santé mentale, par exemple. Cela signifie que l’obésité peut résulter d’une grande variété de facteurs — et notamment que les différentes causes de l’obésité peuvent avoir des conséquences différentes sur notre santé. Dans une étude récente, nous avons examiné le lien entre l’obésité et les maladies cardiovasculaires, et plus particulièrement si le risque diffère selon que l’obésité est due à une prédisposition génétique ou principalement à d’autres facteurs, tels que l’environnement ou le mode de vie. Nous avons utilisé les données du registre suédois des jumeaux, un registre national qui comprend pratiquement tous les jumeaux nés en Suède depuis le début des années 1900. Nous avons inclus plus de 15 000 jumeaux nés avant 1959, en recueillant des informations sur leur IMC et en déterminant s’ils avaient une prédisposition génétique à un IMC élevé ou faible. Nous avons également utilisé les données des registres médicaux nationaux pour déterminer l’incidence des maladies cardiovasculaires. Nous avons ensuite pu voir comment le risque de maladie cardiovasculaire variait en fonction de l’endroit où les gens se situaient sur le spectre de la prédisposition génétique et de l’IMC. L’obésité due à des facteurs génétiques est moins nocive Nous avons constaté que le risque de maladie cardiovasculaire était en moyenne 76% plus élevé chez les personnes souffrant d’obésité comparée à celles ayant un poids sain. Toutefois, ce lien était deux fois plus fort chez les personnes ayant une prédisposition génétique à avoir un IMC faible — ce qui signifie que leur obésité résulte d’autres facteurs tels que l’environnement ou le mode de vie — que chez les personnes génétiquement prédisposées à avoir un IMC élevé. Des recherches antérieures ont également montré que les personnes dont l’obésité est principalement due à des facteurs environnementaux présentent un risque plus élevé de démence, de diabète et de problèmes cardiaques, ainsi qu’une mortalité plus précoce en général que celles dont l’obésité est due à des facteurs génétiques. Lire aussi: Des chercheurs québécois découvrent une protéine cruciale dans le processus de l’obésité Sur la base de nos résultats et d’autres recherches, il apparaît que ce n’est pas un IMC élevé en soi qui augmente le risque de maladie. Au contraire, l’obésité affecte notre santé différemment en fonction de ses causes. Nous ne comprenons pas encore pourquoi, mais il se peut que l’organisme puisse mieux faire face à l’obésité chez les personnes génétiquement prédisposées à avoir un poids élevé. Pour commencer à comprendre pourquoi nous observons des différences entre l’obésité d’origine génétique et l’obésité d’origine environnementale, nous examinons actuellement les différences entre ces deux groupes sur le plan de la santé métabolique — par exemple, le taux de cholestérol, la glycémie et la tension artérielle. Les inconvénients de l’IMC Il vaut toujours la peine d’aspirer à un mode de vie et à un poids sains. Mais nos résultats, ainsi que d’autres études, indiquent que l’obésité est moins nocive lorsqu’elle est due à une prédisposition génétique à un IMC plus élevé que lorsqu’elle est principalement due à d’autres facteurs. Malheureusement, il est difficile de savoir si l’on a une prédisposition génétique à un IMC élevé. Nous pouvons regarder autour de nous dans notre famille pour nous faire une idée, mais il est important de se rappeler que nous partageons également avec nos proches de nombreux facteurs environnementaux et de mode de vie. Lire aussi: Le poids corporel se décide essentiellement dans le cerveau Si l’IMC est un outil utile pour déterminer le poids dans les études de population, il ne constitue qu’une mesure limitée de la santé des individus. L’obésité est une maladie complexe et stigmatisée qui peut avoir de nombreuses causes différentes, que la mesure de l’IMC ne permet pas d’appréhender. Nos résultats apportent une preuve supplémentaire que les effets de l’obésité sur la santé diffèrent d’une personne à l’autre. Un mode de vie sain est important quel que soit l’IMC, mais nous sommes tous construits différemment. Si le régime alimentaire et l’exercice physique permettent à certains de maintenir un poids sain, ils ne suffisent pas à tout le monde. En premier lieu, nous devons mieux comprendre l’obésité et ses effets sur la santé. Ensuite, nous espérons que la société cessera de se focaliser sur l’IMC et qu’elle se penchera plutôt sur les causes de l’obésité et sur ce qui peut être fait pour réduire le risque de problèmes de santé pour chaque personne. Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons.

Le risque de maladie cardiaque est plus faible lorsque l’obésité est due à la génétique plutôt qu’au mode de vie

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