Six produits naturels courants potentiellement nocifs pour le foie

Les vitamines, minéraux et autres compléments à base de plantes supposées médicinales ont la cote. Selon un sondage Léger réalisé au printemps 2021, commandé par l’entreprise Popeye’s Suppléments, 70% des Québécoises et Québécois consomment régulièrement au moins un supplément alimentaire, qu’ils achètent bien souvent en pharmacie, et 63% d’entre eux déclarent que cela «contribue à un bon état de santé en général». Toutefois, ces produits plus ou moins naturels ne sont pas sans risques.«La sécurité et l’efficacité des compléments alimentaires et à base de plantes ne sont pas bien établies en raison de l’absence d’exigences réglementaires de la FDA [l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux] en matière de pharmacocinétique humaine ou d’essais cliniques prospectifs», rappellent des chercheurs de l’Université du Michigan qui viennent de publier une étude dans le JAMA Network Open. Cette dernière indique qu’environ 5% des adultes américains sont exposés à six plantes médicinales potentiellement hépatotoxiques, généralement utilisées pour améliorer la santé ou traiter des complications mineures.Des études antérieures ont identifié le curcuma, l’ashwagandha (appelé communément ginseng indien), l’extrait de thé vert, la Garcinia cambogia (ou Tamarinier de Malabar), la levure de riz rouge et l’actée à grappes noire (aussi connue sous le nom de cimicaire à grappes, de cimifuga ou d’herbe de Saint-Christophe) comme étant les produits naturels les plus souvent impliqués dans les effets graves, voire mortels, des lésions hépatiques. Les scientifiques ont donc voulu savoir combien d’Américains consommaient l’un de ces six suppléments.Selon le Drug Induced Liver Injury Network — un programme d’observation multicentrique qui recueille des données sur les patients souffrant d’effets hépatotoxiques attribués à divers médicaments, compléments alimentaires et plantes médicinales —, les taux de lésions hépatiques dues aux produits botaniques sont passés de 7% en 2004 à 20% en 2014 aux États-Unis. Cette année-là, 23 000 visites dans les services d’urgence et 2154 hospitalisations ont été associées à la consommation de plantes et de compléments alimentaires.Leur cohorte était constituée de 9500 adultes, âgés en moyenne de 47,5 ans, ayant participé à l’enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES, pour National Health and Nutrition Examination Survey) entre 2017 et 2020. Les données médicales des participants comprenaient l’utilisation de médicaments sur ordonnance et de suppléments à base de plantes.Une majorité d’entre eux (58%) ont déclaré avoir consommé des compléments alimentaires à base de plantes au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Ces consommateurs étaient plus susceptibles d’être plus âgés, de sexe féminin, de race blanche et d’avoir un niveau d’éducation et un milieu socio-économique plus élevés que les non consommateurs.Environ 4,7% des participants ont, quant à eux, déclaré avoir consommé au cours des 30 derniers jours au moins une des six plantes potentiellement hépatotoxiques sélectionnées par les chercheurs. Appliqué à l’ensemble de la population américaine, ce pourcentage correspond à quelque 15,6 millions d’adultes.Lire aussi: Trois mythes que l'industrie des compléments alimentaires veut nous faire avalerRecommandation pour les cliniciensParmi les utilisateurs de curcuma, 26,8% en consommaient pour améliorer la santé des articulations ou l’arthrite, tandis que 27,2% des amateurs d’extraits de thé vert ont indiqué qu’ils essayaient de bonifier leur niveau d’énergie. Plus de 70% des utilisateurs de Garcinia cambogia ont déclaré qu’ils cherchaient à perdre du poids, alors que 84,2% des utilisateurs d’actée à grappes noires ont dit qu’ils en prenaient pour traiter les bouffées de chaleur. La santé cardiaque était la raison la plus fréquemment invoquée par les consommateurs de levure de riz rouge (90%).De plus, la majorité des participants ont déclaré avoir consommé des plantes médicinales hépatotoxiques sans aucune recommandation de la part de leurs prestataires de soins de santé. «À la lumière du manque de surveillance réglementaire sur la fabrication et les tests de ces produits botaniques, il est recommandé que les cliniciens obtiennent un historique complet de l’utilisation des médicaments, des plantes et des compléments alimentaires lorsqu’ils évaluent des patients présentant des symptômes inexpliqués ou des anomalies des tests hépatiques», concluent les chercheurs de l’Université du Michigan.

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