Manger trop salé augmenterait le risque de développer une maladie rénale chronique

C’est ce qu’on appelle l’effet papillon, ou comment une action infime peut avoir des conséquences bien plus importantes. L’action en question: ajouter une simple pincée de sel dans notre assiette. On connaît déjà certains effets désastreux d’un surplus de sel dans notre alimentation – risque accru d’hypertension artérielle, d’accidents vasculaires cérébraux, de maladies cardiaques… L’Organisation mondiale de la Santé place d’ailleurs la «réduction de 30% de l’apport en sodium dans la population d’ici 2025» parmi les neuf cibles mondiales pour la prévention des maladies non transmissibles selon le Canadian Medical Association Journal. Les Canadiens consomment en moyenne 2760 mg de sodium chaque jour, ce qui représente presque le double de l’apport quotidien recommandé, alerte Santé Canada dans son dernier rapport.L'IMC et l'activité physique entrent en compteMais tout ne tourne pas autour du cœur. Un régime riche en sel pourrait en effet affecter d’autres organes, à commencer par nos reins. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs de l'Université Tulane de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Selon les conclusions de leur étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, les personnes qui ajoutent souvent du sel à leurs repas, ou consomment des repas déjà excessivement salés, sont plus susceptibles de développer une maladie rénale chronique (MRC).L’étude cherchait en effet à déterminer s’il existait un lien entre la consommation de sel autodéclarée et le développement d’une MRC. Pour ce faire, les chercheurs ont suivi 465 288 participants de la UK Biobank (une base de données biomédicale à grande échelle étudiant les contributions respectives de la génétique et de l'environnement au développement de diverses maladies, ndlr) pendant 11,8 ans en moyenne. À lire aussi: Un nouvel outil pour aider vos patients à manger plus sainementAu début de l’étude, aucun des participants ne souffrait d’insuffisance rénale chronique. Mais à l’issue de la période de suivi, il s’est avéré que ceux qui ajoutaient régulièrement du sel à leurs aliments étaient significativement plus susceptibles de développer une maladie rénale chronique que ceux qui n'en mettaient jamais, ou rarement. «Les associations étaient plus prononcées chez les participants présentant un taux de filtration glomérulaire estimé plus élevé et un indice de masse corporelle ou un niveau d'activité physique inférieur», précise le rapport. Un Canadien sur 10 souffre de maladie rénalePlusieurs mécanismes biologiques pourraient expliquer ces résultats, selon les chercheurs. D’abord, un apport élevé en sodium est lié à l’activation de l’aldostérone, l’hormone responsable de la régulation du sel et de l’eau dans le corps. Cependant, des niveaux élevés de cette hormone ont été associés à une insuffisance rénale chez les patients atteints de MRC. Des niveaux élevés de sel peuvent également augmenter le stress oxydatif et l’inflammation, tous deux associés à l’apparition de MRC. Si d’autres études sont nécessaires pour approfondir la manière dont un excès de sel accroît le risque de maladie rénale chronique, cette première étude pourrait permettre d’établir une nouvelle stratégie pour réduire le risque de MRC dans la population générale. Aujourd’hui, un Canadien sur dix, soit environ 4 millions de personnes, est atteint d’une maladie rénale, et des millions d’autres sont à risque, prévient la Fondation canadienne du rein. «Plus de 50 000 Canadiens sont traités pour insuffisance rénale. Il s’agit de la 10e cause de mortalité au Canada, et il n’y a pas de remède», affirme l’association. L’insuffisance rénale survient lorsque les reins sont endommagés et ne peuvent filtrer efficacement les déchets métaboliques du sang.

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