L’accessibilité des pharmaciens

S’il y a bien un sujet délicat par les temps qui courent, c’est l’accessibilité des pharmacies communautaires.Un sujet sensible pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, la pénurie de main-d’œuvre en pharmacie crée une forte pression sur les équipes actuellement en place. Un reportage de La Presse sur la réduction des heures d’ouverture de plusieurs officines a d’ailleurs fait beaucoup de bruit à la fin du mois de septembre1.En parallèle, le nouvel élargissement du rôle des pharmaciens que permettra le projet de loi 67 est généralement perçu comme une avancée, mais suscite du même coup une bonne part d’inquiétudes. Comment être davantage disponible et en faire plus pour les patients lorsqu’on est déjà au bout du rouleau avec la distribution de médicaments?Dans un troisième temps, l’accessibilité des pharmaciens communautaires est naturellement comparée à celle, plus limitée, des médecins de famille. Certains pharmaciens ont donc la mauvaise impression de servir de «déversoir» pour les patients orphelins qui n’ont pas les services dont ils ont besoin dans les groupes de médecine familiale.Or, l’accessibilité constitue bel et bien l’une des forces de la pharmacie communautaire québécoise et il serait dommage qu’elle s’érode au fil du temps.Plusieurs solutions existent pour trouver un plus juste équilibre entre le maintien de services accessibles à la population et le bien-être des équipes dans les officines.Il y a évidemment la mise en place d’un nouveau modèle de rémunération des nouvelles activités professionnelles. L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires et le gouvernement du Québec y travaillent actuellement. Mais comme le modèle actuel de rémunération repose en bonne partie sur la distribution de médicaments, la tâche d’en élaborer un autre est colossale.Une autre solution consiste à la mise en place d’un système de prise de rendez-vous pour les activités professionnelles nécessitant plus de temps. Beaucoup de consultations peuvent être accomplies à d’autres moments que le vendredi à 17 h 30…Rémunération à l’acte et rendez-vous… Deux bonnes idées qui, si elles sont mal implantées, pourraient, à long terme, nuire à l’accessibilité plutôt que la favoriser.Ces deux mesures sont pourtant essentielles pour poursuivre l’évolution de la pharmacie communautaire, mais elles devront s’accompagner d’autres transformations pour garantir leur succès, à commencer par l’éducation aux patients. Ces derniers doivent bien comprendre que les pharmaciens sont des professionnels «accessibles» et qu’ils peuvent en effet en faire davantage pour eux, mais qu’ils ne sont pas là pour se substituer aux médecins ou pour les dépanner quand ils veulent.De leur côté, les chaînes et bannières devront continuer de raffiner leur message, car celui véhiculé actuellement laisse à penser que les patients peuvent obtenir des conseils santé gratuitement quand ils le souhaitent. L’époque où on trouve en pharmacie «de tout… même un ami» est révolue. On y trouve des professionnels de la santé engagés à offrir des soins à la population, mais occupés.Ce qui nous amène à un autre enjeu de taille derrière les pénuries de main-d’œuvre et qui contribue aux problèmes actuels : le nombre de pharmaciens à sortir des universités, et, depuis peu, le nombre de techniciens en pharmacie à obtenir leurs diplômes. Bien que les besoins soient grands, accroître le nombre de finissants dans les programmes est une mesure complexe qui s’étalera sur plusieurs années avant de porter fruit.Une fois qu’il sera en vigueur, le projet de loi 67 permettra en quelque sorte de parachever la transformation profes‑sionnelle des pharmaciens amorcée en 2015 avec la loi 41. C’est une avancée historique, mais qui met à mal le modèle de la pharmacie accessible en tout temps. Souhaitons que les pharmaciens sauront trouver les bonnes solutions, car les patients ont besoin d’eux.1. La Presse. Heures d’ouverture des pharmacies : désolé, nous sommes fermés. 30 septembre 2024.

L’accessibilité des pharmaciens

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Derrière ce blogue:

Christian Leduc

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