Et si les pics d’insuline après un repas étaient bons pour la santé?

Et si les pics d’insuline après un repas n’étaient pas une alerte rouge pour notre corps? Depuis quelques années, les conseils en nutrition, mais aussi de prévention de l’obésité et du diabète suggèrent qu’il faut à tout prix se débarrasser des pics de glycémie, et donc d’insuline, qui favoriseraient la prise de poids et augmenteraient le risque de diabète de type 2, selon plusieurs études contradictoires. D'après ces dernières, un patient devrait commencer par manger ses légumes, éviter de consommer trop d’aliments à index glycémique élevé ou encore aller marcher après dîner. Des conseils à suivre pour rester en bonne santé, certes. Mais le jeu en vaut-il la chandelle?Des chercheurs de l’institut de recherche Sinaï Health et de l’Université de Toronto se sont donc penchés sur la relation entre les niveaux d’insuline et la santé cardiaque et métabolique à long terme, dans une étude dirigée par Ravi Retnakaran, professeur associé à la division d'endocrinologie et de métabolisme de l'Université de Toronto, et publiée dans la revue en ligne du groupe The Lancet, eClinicalMedicine. Selon leurs observations, une hyperinsulinémie postprandiale pourrait bien être un indicateur de bonne santé. Un désaveu du «modèle d'obésité glucides-insuline»C’est la première fois qu’une étude sur ce sujet porte sur une si longue période. Entre 2003 et 2014, les scientifiques ont suivi plus de 300 femmes pendant et après leur grossesse, «présentant toute la gamme de tolérance au glucose antepartum». Ils ont mesuré leur taux de sucre dans le sang de base, leur tolérance au glucose grâce à des tests oraux (OGTT) et des tests de provocation au glucose – qui permettent de mesurer les niveaux de glucose à différents moments après la consommation d’une boisson sucrée à la suite d'une période de jeûne –, mais aussi leur sensibilité ou résistance à l’insuline (la résistance à l’insuline qui survient pendant la grossesse pouvant déterminer les risques de développer un diabète de type 2) ainsi que des facteurs de risque cardiovasculaire. À lire aussi: Végétalien ou omnivore: quel est le meilleur régime pour la santé cardiométabolique?Les tests se sont poursuivis pendant quatre ans après l’accouchement. «Il ne s'agit pas seulement de niveaux d'insuline; il s'agit de les comprendre par rapport au glucose», explique Ravi Retnakaran, cité par l’Université de Toronto.Si les chercheurs ont constaté une augmentation notable du tour de taille sur l'année 1 «sans différence significative dans l'IMC, l'activité physique ou la durée de l'allaitement», des taux de bon cholestérol (HDL), de l’inflammation et de la résistance à l’insuline à mesure que la réponse insulinique corrigée (RIC) augmentait, ils ont aussi été surpris de découvrir un meilleur fonctionnement des cellules bêta, dont la capacité de production d’insuline est étroitement associée au risque de diabète. Mieux elles fonctionnent, plus le risque est faible. «Nos résultats ne soutiennent pas le modèle d'obésité glucides-insuline, précise Ravi Retnakaran. Nous avons observé qu’une réponse robuste de sécrétion d’insuline après une provocation – une fois ajustée aux niveaux de glucose – n’est associée qu’à des effets métaboliques bénéfiques.»De nouvelles perspectives dans la gestion du poidsDes taux d’insuline élevés sont ainsi associés à des taux de glucose plus faibles et une meilleure fonction des cellules bêta, sans corrélation avec l’IMC, le tour de taille, l’inflammation ou la résistance à l’insuline. Les femmes présentant la RIC la plus élevée avaient en outre un risque considérablement réduit de développer un prédiabète ou un diabète. À lire aussi: Le jeûne intermittent réduit le taux d’HbA1c et le poids chez les patients avec un DT2«Une réponse insulinique sécrétoire robuste après une provocation n’indique pas une santé cardiométabolique défavorable, mais laisse plutôt présager une fonction métabolique favorable dans les années à venir», conclut l’étude. Des résultats qui permettent de mieux appréhender le rôle de l’insuline dans la régulation du métabolisme et la gestion du poids.Mais comment expliquer qu’autant d’études aient pointé le caractère nocif de ces pics d’insuline après les repas? En effectuant une recherche dans la littérature scientifique publiée sur le sujet entre 1950 et 2023, les scientifiques ont noté «une prise en compte incohérente de la glycémie ambiante, des analyses transversales et un manque relatif d'études longitudinales dans lesquelles les futures implications cardiométaboliques de l'insulinémie post-provocation corrigée par le glucose ont été évaluées».

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