«Ces vieux messieurs en habit brun qui n’ont pas eu d’enfance...»

Lorraine B. Palardy est directrice générale des Impatients.Elle résume ci-dessous l’action de ce mouvement d’aide aux personnes souffrant de maladie mentale en puisant dans ses propres souvenirs.«Écrire un mot sur toutes ces 20 années passées à la fondation, c’est ouvrir de vastes écluses, c’est évoquer tant de souvenirs où surgissent les histoires, les rires et les conseils de Johanne, de Suzanne, d’Édouard, de Pierre, de Michèle, de Pascal, de Lucie, de Denise et des autres. Personnages à la fois imprévisibles, cocasses, généreux et indispensables qui ont, jour après jour, donné une couleur à la fondation.Il y a aussi ceux de l’ombre, ceux qui se confondent avec la couleur des murs, ceux dont on oublie toujours le nom. Je me souviens de l’un de ceux-là.Il fréquentait l’atelier de Pierre Bellemare, et comme les autres, il devait choisir, à l’occasion du projet Les vire-capots, un vieux veston qu’il devait peindre ou décorer à son goût.Pendant des semaines, je l’ai vu travailler, d’abord à découdre morceau par morceau un vieux veston brun, “anonyme” comme lui. Seul dans un coin de l’atelier, il a réussi, avec de la patience et de la minutie, à transformer ce vieux chiffon élimé en un petit ourson.Son ourson, je l’ai gardé, car il ne l’a jamais réclamé. Il est un peu “croche”, mais il contient toute la tendresse des vieux messieurs en habit brun qui n’ont pas eu d’enfance.Celui-là est passé par la fondation après avoir fait un long séjour à l’hôpital. Je l’en remercie, et si j’ai oublié son nom, je ne l’ai pas oublié, lui, comme je n’ai pas oublié tous les “personnages” anonymes qui ont fait que ces années sont parmi les plus belles de ma vie.»Lorraine B. PalardyDirectrice générale des ImpatientsÀ lire aussiLe reste de notre dossier «L’art et la santé mentale»

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