Vols en pharmacie: les coffres-forts à retardement, un rempart très efficace

À l’instar de ses homologues de l'Ouest canadien, l'Ordre des pharmaciens de l'Ontario (OCP) a instauré la présence obligatoire de coffres-forts à retardement dans les 4900 pharmacies communautaires de la province.Dans une annonce commune faite le 10 avril dernier, l'OCP, les services de police de Toronto et l'Association des chefs de police de l'Ontario ont déclaré que l'introduction de ces coffres-forts pour le stockage des stupéfiants couplée à la mise en place d'une signalisation claire avertissant les voleurs potentiels de leur présence avait eu un effet immédiat et significatif. En effet, le nombre de vols dans les pharmacies de la province a chuté de 82% en 2024 par rapport à 2023. La mise en œuvre partielle avait déjà permis de réduire de 29% le nombre de vols entre 2022 et 2023. Le chef adjoint de la police régionale de Peel, Mark Dapat, précise que cette mesure a eu d'autres effets immédiats: la quantité de médicaments interdits détournés des pharmacies a diminué, tout comme les risques encourus par le personnel. Il s'agit, selon lui, d'un barrage supplémentaire auxquels les criminels doivent faire face. Ces derniers ont généralement recours à des véhicules volés, profitent de l'aggravation de la crise des opioïdes pour faire du trafic de médicaments et finissent par prendre part à d'autres activités illégales et dangereuses. «[Ces criminels] ont besoin d'entrer et de sortir rapidement des pharmacies pour commettre des vols de stupéfiants.»À lire aussi: Deux pharmaciens épinglés pour sollicitation excessive et errements dans la gestion des SDCSCL'Ontario est la dernière province en date à rendre obligatoire l'installation de coffres-forts à retardement dans toutes ses pharmacies. La Colombie-Britannique avait été précurseure en 2013, suivie de l'Alberta, la Saskatchewan et du Manitoba plus récemment, avec des résultats équivalents. En Alberta par exemple, six mois après l'entrée en vigueur de cette mesure (en juillet 2022), la ville d'Edmonton ne signalait aucun vol de pharmacie, et celle de Calgary enregistrait une diminution de 80% du nombre de vols.Le président de l'OCP, James Morrison, estime que les résultats observés dans les provinces de l'Ouest ont facilité l'adoption de ce décret. Également directeur de l'excellence pharmaceutique au sein du groupe de pharmaciens indépendants Wholehealth Pharmacy Partners, il travaille en étroite collaboration avec les propriétaires et le personnel des pharmacies, et estime que l'impact de la réduction du risque de vols sur les pharmaciens et le personnel des pharmacies est loin d'être exagéré. Pas d'obligation pour le moment au QuébecAu Québec, la question n’est pas encore à l’ordre du jour. L’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) indique à ProfessionSanté.ca suivre pour l’instant «les recommandations de Santé Canada qui laisse le choix des moyens aux pharmaciens dans la gestion des substances désignées. Les coffres-forts à retardement sont l’un des moyens possibles, mais d’autres moyens existent et il revient aux pharmaciens de déterminer lesquels correspondent le mieux à leurs besoins. Cela dit, nous prévoyons nous pencher sur la gestion des substances désignées au cours de la prochaine année, mais pas, pour le moment, de rendre obligatoire l’usage de ces coffres-forts.»À lire aussi: Santé Canada rappelle l'existence de son portail pour déclarer les pertes et vols de médicaments ou de substances contrôléesDe son côté, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) déclare à ProfessionSanté.ca ne pas disposer d’informations spécifiques concernant l’utilisation de tels coffres par ses membres, mais rappelle les recommandations standards de l’OPQ concernant l’inventaire et le stockage des stupéfiants, des drogues contrôlées et des substances ciblées (SDCSC): Nommer au moins deux personnes qui seront responsables de la gestion des stupéfiants sous la supervision du pharmacien, selon la procédure établie;Utiliser un logiciel pour gérer les inventaires de SDCSC en temps réel (inventaire perpétuel ou permanent).Certaines mesures de surveillance et de contrôle sont en outre recommandées, comme:L’installation d’une caméra dans la zone de réception, d’entreposage, de manutention et de manipulation des SDCSC;Le contrôle des accès aux zones de réception, d’entreposage, de manutention et de manipulation des SDCSC;Alterner les personnes responsables du contrôle des inventaires;La mise à jour régulière des registres d’achat, de vente et de distribution de ces médicaments et une gestion serrée des inventaires;Des décomptes manuels des médicaments en inventaire au moins deux fois par an, pour découvrir les incompatibilités s’il y a lieu et harmoniser les inventaires;Des vérifications aléatoires mensuelles selon les besoins;La protection des codes d’accès permettant l’achat de SDCSC;L’entreposage des SDCSC dans une armoire sous clé;Le stockage des produits codéinés inclus à l’annexe II à l’écart (non visibles par le public).

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