Vitamine C et cancer: Pas assez de données fiables, tranche l'INESSS

«Les données disponibles sont insuffisantes et ne permettent pas de conclure quant à l’effet que pourrait avoir la vitamine C sur l’efficacité des traitements antinéoplastiques chez les patients atteints d’un cancer», conclut le rapport de l’organisme qui promeut l’excellence clinique. Ce rapport découle d’une demande au ministère de la Santé de sept ordres et associations professionnels, dont le Collège des médecins et l’Ordre des pharmaciens du Québec, qui souhaitaient que cette approche soit formellement évaluée. Cette demande s’inscrivait dans le contexte où, en mois d’un an, deux pétitions déposées au parlement et signées notamment par quelques praticiens ont appuyé ce traitement. La dernière pétition, parrainée par le député caquiste Youri Chassin et initiée par la Jéromienne Nathalie Prud’homme, atteinte d’un cancer du sein incurable, avait recueilli près de 120 000 signatures en mars 2019. La femme, qui est décédée la fin de semaine dernière, avançait que ce traitement diminuait les effets secondaires de la chimiothérapie, lui redonnait de l’énergie et améliorait sa motricité. En entrevue à ProfessionSanté.ca en avril 2019, le pharmacien qui lui remettait ce traitement deux fois par semaine affirmait que la vitamine C avait amélioré la qualité de vie de sa patiente en plus de réduire sa perte de cheveux et sa douleur articulaire lors des cycles de traitement de docétaxel. Trois ans plus tard, l’INESSS estime qu’il est impossible d’apprécier les retombées cliniques que pourraient avoir les injections de vitamine C, à partir des données disponibles. Au total, l’organisme a évalué 129 études et 15 d’entre elles ont été retenues. Selon l’Institut, les études retenues sont sujettes à de nombreuses limites méthodologiques et elles comportent un risque de biais très élevé. «La très faible qualité méthodologique des études compromet la crédibilité et la fiabilité de plusieurs résultats d’intérêt, de même que la confiance que l’on peut accorder à leur significativité statistique», indique le rapport. Possible interaction L’INESSS ajoute que, comme les populations étudiées et les protocoles de vitamine C employés dans les études sont très hétérogènes, une incertitude importante demeure quant aux patients et aux cancers qui pourraient en bénéficier. Au final, ces études ne permettent pas de conclure à une réduction des symptômes associés à la maladie, à une réduction des effets indésirables associés aux traitements antinéoplasiques, a une amélioration de la qualité de vie et à une amélioration la survie globale. Par contre, l’INESSS est préoccupé par une possible interaction entre la vitamine C et les traitements antinéoplasiques reçus et par l’effet que cette vitamine pourrait avoir sur la santé et la progression de la maladie des patients. Par exemple, certaines conditions médicales, dont l’insuffisance rénale, peuvent entraîner des complications sévères comme l’anémie hémolytique sévère et des défaillances rénales chez les patients lors de l’utilisation de la vitamine C à haute dose. Désinformation des patients Selon l’Institut, l’information concernant le haut degré d’incertitude des données scientifiques disponibles sur les injections de vitamine C devrait être communiquée aux patients et aux cliniciens. Par le passé, en raison du manque d’information, «plusieurs patients se seraient tournés vers les groupes de discussion qui font la promotion de la vitamine C sur les médias sociaux, ce qui a contribué à l’engouement médiatique pour ce dossier et pourrait avoir accentué davantage la désinformation auprès des patients, mais aussi du public en général», affirme l’INESSS. Rappelons qu’en 2019, le pharmacien Olivier Bernard, mieux connu sous le nom du Pharmachien, a été victime de menaces à la suite d’un article paru sur son site web dans lequel il affirmait que la vitamine C ne permet pas de guérir le cancer et qu’elle peut même diminuer l’efficacité des traitements de chimiothérapie. Le débat qui a occupé l’espace public pendant quelques semaines est maintenant bien loin derrière nous. «Même si l’intérêt à l’égard des injections de vitamine C à haute dose était manifeste et soutenu par le passé, les représentants d’associations de patients ont souligné qu’il semble que le sujet soit désormais beaucoup moins abordé par les patients, les médias et les groupes de discussion sur les réseaux sociaux», rapporte l'INESSS. À l’heure actuelle, la vitamine C en solution injectable est inscrite à la liste des médicaments des établissements seulement, comme traitement du scorbut et en complément dans l’alimentation parentérale. Santé Canada ne reconnaît pas ce produit pour réduire les effets secondaires de la chimiothérapie. Par contre, ce traitement est disponible et autorisé comme traitement complémentaire alternatif pour diminuer les effets indésirables de la chimiothérapie dans certaines cliniques privées de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, entre autres. Il y a quelques années, au Québec, au moins deux CLSC offraient ce traitement à des patients à raison de trois heures par semaine, avec les services d’une infirmière. Lire le rapport de l'INESSS

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