Vers la création d’un ordre professionnel pour les ostéopathes

L’Office recommande ainsi à la ministre responsable de l'application des lois professionnelles, Danielle McCann, de créer l’ordre professionnel. «L'accès aux soins demeure un enjeu pour la population québécoise, l'encadrement professionnel des ostéopathes et leur contribution à l'offre de services de santé semblent plus pertinents que jamais», peut-on lire dans l’avis. Les premières demandes venant des ostéopathes pour la création d’un ordre professionnel remontent à 1992. «On peut dire que ça a été long», a affirmé à ProfessionSanté.ca, Bertrand Courtecuisse, président d’Ostéopathie Québec, la plus grande association d'ostéopathes au Québec qui réunit 1700 membres. Il ajoute que la création d’ordres professionnels en santé peut être complexes: «Il y a la notion des champs d’exercices, des actes réservés et des actes partagés à prendre en considération. L’absence de formation universitaire en ostéopathie dans la province a pu également contribuer aux délais.» En effet, la formation en ostéopathie se donne actuellement dans plusieurs établissements privés de la province. «Le nombre d’heures de formation nécessaires au diplôme n’est pas standardisé et le titre d’ostéopathe n’est pas réservé. N’importe qui pourrait s’afficher ostéopathe», déplore-t-il. C'est aussi pourquoi l'Office des professions recommande également la création d’un programme universitaire en ostéopathie qui dispenserait un minimum 3 100 heures d’enseignement théorique et pratique. «C’est une excellente nouvelle pour la protection du public», reconnaît le président d’Ostéopathie Québec. L’Office estime qu’il y a actuellement environ 3 022 ostéopathes dans la province. Davantage de collaboration Un Québécois adulte sur 4 a déjà eu recours à un traitement ostéopathique, montrait un sondage Léger réalisé en 2020. Selon Bertrand Courtecuisse, les ostéopathes sont des acteurs clés de la première ligne, et la création d’un ordre professionnel permettra d’améliorer la collaboration avec les autres professionnels de la santé. «Depuis les dernières années, on remarque qu’il y a de plus en plus d’ostéopathes dans les cliniques multidisciplinaires. Ils peuvent jouer un rôle important dans une prise en charge interdisciplinaire, notamment en ce qui a trait au traitement de la douleur», dit-il. Toutefois, ces dernières années, de nombreux ostéopathes se sont vus condamnés ou ont fait l'objet d'une enquête par le Collège des médecins du Québec (CMQ) pour exercice illégal de la médecine en raison, notamment, de l’absence de reconnaissance de la profession, selon Bertrand Courtecuisse. « Les ostéopathes font environ 2 millions d'actes par année au Québec. Nous avons une reconnaissance de faits, mais pas de reconnaissance de droits.» Contacté par ProfessionSanté.ca, le CMQ dit voir la création d’un ordre professionnel d'un bon œil. «Le Collège des médecins est favorable à l'encadrement professionnel des ostéopathes. Il revient toutefois à l'Office des professions de déterminer la forme d'encadrement appropriée», a-t-il mentionné. Ainsi, l’Office des professions du Québec recommande dans son avis, de définir le champ d’exercice de l’ostéopathie comme suit : «Évaluer les limitations de mouvement des structures du corps humain et de ces structures entre elles, déterminer un plan de traitement manuel et réaliser les interventions dans le but de réduire ces limitations et d’aider à la guérison et au soulagement de la douleur». Dénouement attendu prochainement La mise en place de l’ordre professionnel pourrait être quelque peu retardé en raison des élections à venir à l’automne au Québec. En effet, comme la ministre Danielle McCann a affirmé qu’elle ne se représenterait pas aux élections, un nouveau ministre sera donc inévitablement en charge du dossier. Selon Bertrand Courtecuisse, il est réaliste de penser que le processus sera mis en branle dès le début de 2023 et que le conseil d’administration du futur ordre professionnel soit nommé à cette même période. «Il faut que ça se fasse rapidement, car l’Office reconnaît qu’il y a un problème. On ne peut pas laisser cette situation là en suspens indéfiniment», soutient-il.

Vers la création d’un ordre professionnel pour les ostéopathes

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