Utiliser les plaquettes sanguines pour détecter le cancer

Tel était l’objectif d’une étude récente parue dans Cancer Cell, montrant que les tests sanguins basés sur l’ARN des plaquettes altérées par les tumeurs permettent la détection de 18 types de cancer. Les auteurs de cette étude1 rappellent que les plaquettes sont considérées comme une source alternative pour la détection du cancer et que leur rôle est connu depuis plus d’un siècle2,3. Outre leur fonction dans la coagulation du sang, les plaquettes sont impliquées dans l’inflammation, la progression du cancer et les métastases4-6. Elles sont présentes en grand nombre dans la circulation sanguine et peuvent être facilement isolées. Dans cette étude, les chercheurs ont mis à l’essai un algorithme, thromboSeq, capable de détecter les cancers précoces ou avancés avec une spécificité de 99 %, ainsi que le site d’origine de la tumeur. Éléments de méthodologie Pour entraîner l’algorithme à la détection des cancers, des échantillons de plaquettes ont été collectés sur plus de 2400 individus, de tous âges (entre 18 et 92 ans) et des deux sexes, issus de populations européennes et nord-américaines, représentant 18 types de tumeurs différents. Ont aussi été inclus dans le processus d’apprentissage des témoins asymptomatiques (n = 390), hommes et femmes de tous âges sans antécédents ou signes de cancer ou autres maladies graves, et des témoins symptomatiques (n = 333) atteints de maladies spécifiques (cardiovasculaire, masse bénigne ou affection inflammatoire) sans diagnostic de cancer. Les échantillons de plaquettes ont été isolés par centrifugation différentielle dans les 48 heures suivant la prise de sang. Quelques résultats Sur un total de 1096 échantillons sanguins provenant de patients atteints de cancer de stade I-IV, thromboSeq a correctement détecté la présence d’un cancer dans les deux tiers des cas avec une spécificité de 99 %. Pour les 352 tumeurs de stade I-III, l’algorithme en a détecté la moitié. Les témoins symptomatiques ont donné des résultats de faux positifs plus élevés, avec une spécificité moyenne de 78 %. Le cancer de la prostate a été le type de cancer le plus souvent détecté (11 cas sur 12 avec une spécificité de 99 %), alors que le cancer du sein ne l’a été que dans 40 % des cas environ. Enfin, l’analyse des profils d’ARN spécifiques au type de tumeur a permis de valider que l’ARN plaquettaire peut être utilisé pour identifier le site d’origine de la tumeur primaire. En conclusion, l’optimisation continue du test, facilitée par les techniques d’apprentissage automatique, devrait permettre une identification plus précise des patients cancéreux à mesure que le dépôt d’échantillons d’ARN plaquettaire augmentera. D’autres essais cliniques devront être menés pour éliminer les biais potentiels associés à divers facteurs confondants. Cela dit, l’ARN plaquettaire peut d’ores et déjà compléter d’autres sources moléculaires pour la détection précoce du cancer. Références Sjors, G.J.G. et coll. (2022). Detection and localization of early- and late-stage cancers using platelet RNA. Cancer Cell 40(9), 999-1009. Sabrkhany S. et coll. (2019). Platelets: the holy grail in cancer blood biomarker research? Angiogenesis 22, 1-2. In ’t Veld S.G.J.G. et Wurdinger T.(2019). Tumor-educated platelets. Blood 133, 2359-2364. Haemmerle M. et coll. (2018). The platelet lifeline to cancer: challenges and opportunities. Cancer Cell 33, 965-983. Jiang X. et coll. (2017). Microfluidic isolation of platelet-covered circulating tumor cells. Lab on a Chip 17, 3498-3503. McAllister S.S. et Weinberg R.A. (2014). The tumour-induced systemic environment as a critical regulator of cancer progression and metastasis. Nat. Cell Biol. 16, 717-727.

Utiliser les plaquettes sanguines pour détecter le cancer

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