Une vidéo-choc pour alerter la population sur la détresse des soignants

Trois soignants entrent dans la chambre d’hôpital où est couchée une patiente âgée dans son lit. «Madame Verdier, alors comment ça va aujourd’hui?» lance la médecin dans la vidéo fictive intitulé Qui nous soignera quand les professionnels de santé ne seront plus là? «Bien, fort bien. Grâce à vous», répond la dame âgée, de bonne humeur. «Tant mieux. Parce que nous, ça ne va pas. Du tout», lui dit la soignante avant de mettre fin à sa vie, tandis que son collège se jette par la fenêtre et qu’un autre professionnel se pend devant la patiente apeurée. «Trois professionnels de la santé se suicident tous les deux jours», dit ensuite une voix hors champ. «Avant d’en arriver-là, des solutions existent», ajoute-t-elle. La vidéo d'à peine une minute a été réalisée par l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), le pendant du Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ). Elle souhaite avoir un impact au sein de la population, afin que cette dernière prenne conscience de la souffrance des soignants. Selon l'organisme SPS, la prévention du suicide est nécessaire chez les professionnels de la santé, mais aussi auprès de ceux qu’ils soignent, «car bien soigner nécessite d’être en bonne santé psychologique», indique l’organisme dans un communiqué. «C’est toute la société qui est concernée par le problème de santé mentale des soignants», poursuit-il. Le Québec n’est pas épargné par le suicide de ses soignants. L'ampleur du phénomène est toutefois peu connu puisqu’il n’y a pas de registre sur le sujet, comme cela existe aux États-Unis, par exemple. «Nous aimerions avoir des statistiques plus claires. Actuellement, nous sommes obligés de nous baser sur des études effectuées sur des médecins américains ou européens», affirmait l’hiver dernier la directrice de l’intervention, de la prévention et de la recherche au PAMQ, la Dre Marie-Chantale Brien. Elle prône la tenue d’un tel registre. À l'heure actuelle, son organisme connaît le nombre de médecins qui se sont suicidés seulement si ceux-ci ont fait une demande d’aide au PAMQ avant de passer à l'acte. Plus de suicides que dans la population générale Aux États-Unis, environ 400 médecins se suicident chaque année. Selon une étude américaine, la prévalence du suicide chez les médecins est de 1 à 1,5 fois plus élevée chez les hommes, et 2 à 4 fois plus élevée chez les femmes que dans la population générale. Au Canada et au Québec, cette statistique n’existe pas. Toutefois, un sondage de l’Association médicale canadienne (AMC) réalisé en 2021 a révélé que 36% des médecins canadiens ont eu des pensées suicidaires à un moment donné de leur vie, et que 18% des médecins ont dit avoir pensé au suicide en 2017. Le suicide n’épargne pas les étudiants et les résidents en médecine, qui ont de lourdes charges de travail et doivent travailler de longues heures chaque jour. Il y a quelques mois, une étudiante de 4e année à l’Université McGill s’est enlevé la vie. Cet événement avait fait réagir le Collège des médecins du Québec, qui avait rappelé aux médecins enseignants d’être attentifs «à tous les signaux de détresse chez leurs étudiants». Les médecins, résidents et étudiants en médecine du Québec peuvent s’entretenir avec un médecin-conseil du PAMQ en communiquant par téléphone au 514 397-0888, ou sans frais au 1 800 387-4166, ou par courriel à info@pamq.org

Une vidéo-choc pour alerter la population sur la détresse des soignants

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes