Une simple prise de sang pour détecter la maladie d’Alzheimer

À l’heure actuelle, le dépistage de la maladie d’Alzheimer nécessite une ponction lombaire pour prélever du liquide céphalo-rachidien et/ou un TEP scan pour identifier la présence de deux biomarqueurs caractéristiques de la maladie, le peptide bêta-amyloïde et la protéine tau, dont l’accumulation dans les neurones commence des années avant l’apparition des premiers symptômes. Bientôt, une prise de sang pourrait remplacer ces examens lourds et dispendieux.Une étude publiée récemment dans la revue JAMA Neurology montre en effet qu’un test sanguin, déjà disponible, s’avère tout aussi efficace. «Ce qui est impressionnant avec nos résultats, c’est que la précision de ce test sanguin équivaut celle des analyses du liquide céphalorachidien et des scanners cérébraux pour mettre en évidence la pathologie de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau», souligne dans un communiqué l’un des auteurs principaux de l’étude, Nicholas Ashton.Selon le professeur de neurochimie à l’Université de Göteborg, en Suède, «80% des individus pourraient être diagnostiqués sur la base d’un test sanguin sans aucune autre investigation». Comme il est impossible d’effectuer des ponctions lombaires et des TEP scan chez toutes les personnes qui en ont besoin dans le monde, «c’est là que réside l’énorme potentiel de ce test sanguin», affirme-t-il.À lire aussi: Un trio de tests pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer est disponible au Canada L’étude en question a porté sur les données 786 personnes, âgées en moyenne de 66 ans, qui avaient subi des scanners cérébraux et des ponctions lombaires, ainsi que des prélèvements sanguins. Elles provenaient de trois cohortes distinctes: une aux États-Unis (Wisconsin Registry for Alzheimer’s Prevention - WRAP), une en Espagne (Sant Pau Initiative on Neurodegeneration - SPIN) et celle du Centre de recherche pour les études sur le vieillissement de l’Université McGill, la cohorte des biomarqueurs de vieillissement et de démence (BioVie).Les chercheurs ont comparé les résultats des examens des trois cohortes avec ceux d’un test sanguin mis au point par l’entreprise californienne ALZpath. Dénommé ALZpath pTau 217, ce test mesure dans le plasma les concentrations d’une forme particulière de la protéine tau, P-tau217. Cette dernière est déjà utilisée comme biomarqueur de la maladie d’Alzheimer dans le liquide céphalorachidien, étant donné qu’elle augmente en même temps les bêta-amyloïdes et la protéine tau. Un test commercialisé sous peuAu final, ALZpath pTau 217 affiche des taux de précision de 96% pour identifier les niveaux élevés de bêta-amyloïdes et de 97% pour déceler la protéine tau. Seuls 20% des participants environ ont eu des résultats sanguins qui, dans un contexte clinique, auraient nécessité des tests supplémentaires par imagerie ou une ponction lombaire parce qu’ils n’étaient pas clairs. «Il s’agit d’une réduction significative des examens coûteux et très demandés», observe Nicholas Ashton. Par conséquent, poursuit le professeur, «nous pensons qu’un test sanguin et un examen clinique peuvent aboutir à une décision définitive chez 80%» des personnes qui présentent des signes précoces de démence.Pour ses collègues de l’Université de Goteborg, Kaj Blennow et Henrik Zetterberg, «il s'agit d'une découverte déterminante pour les biomarqueurs sanguins de la maladie d'Alzheimer, qui ouvre la voie à l'utilisation clinique du test ALZpath pTau 217», les coauteurs de l'étude ajoutant que «ce test robuste est déjà utilisé dans de nombreux laboratoires à travers le monde».L’entreprise ALZpath a indiqué que son test serait disponible pour un usage clinique dans les prochaines semaines. Il pourrait coûter entre 200 et 500 dollars américains.

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