Une pharmacienne veut populariser le coaching santé au Québec

Déjà très populaire aux États-Unis, cette approche utilisée en première ligne transforme la relation patient-professionnel de la santé qui est encore souvent basé sur le « modèle paternaliste », constate la pharmacienne. Par exemple, en coaching santé, ce n’est plus le pharmacien qui a la solution, mais le patient. De plus, le professionnel passe du rôle d'expert à celui d'accompagnateur. « La relation devient d’égale à égale. C’est le patient qui fait le travail et qui est dans le rôle du conducteur. S’il s’en va vers des comportements qui vont à l’encontre de leurs objectifs de santé, je suis là pour les guider », explique Héléna Bureau. Celle-ci s’est intéressée à cette approche lorsqu’elle est tombée malade il y a quelques années. À l’époque, des professionnels de la santé lui avaient conseillé de mieux gérer son stress, de mieux manger et d’aller courir dehors plus souvent. Or, celle qui était mère de trois jeunes enfants était incapable de mettre en application ces conseils. « On me disait quoi faire, je savais quoi faire, mais je ne savais juste pas comment le faire. Je me suis dit que ce serait le fun d’avoir un coach », raconte-t-elle. À partir de ce moment, la pharmacienne a voulu en apprendre davantage sur cette approche. Après avoir décroché un certificat en coaching santé et bien-être au York University, à Toronto, en 2016, elle a suivi un cours à l’Université Concordia en coaching professionnel et personnel. Puis, l’an dernier, elle a suivi un programme sur le sujet à la Mayo Clinic School of Health Sciences au Minnesota. Trouver la motivation du patient Héléna Bureau a maintenant intégré cette méthode à son GMF de Mont-Saint-Hilaire où elle travaille une journée par semaine. Elle y reçoit plusieurs personnes qui ont des maladies chroniques et qui veulent changer leur habitude de vie. Sa première question aux patients est toujours la même : qu’est-ce que tu veux gagner ? « En trouvant la réponse à cette question, des actions peuvent être mises en place pour les faire avancer ». « Le coaching, ce n’est pas juste une question de donner des objectifs et de dire go go go tu es capable. Ça, c’est du cheerleading. Le coaching, c’est de travailler la motivation intrinsèque de la personne », précise celle qui travaille également quelques jours par semaine dans une pharmacie communautaire. Selon elle, cette approche a fait ses preuves. Elle raconte une discussion qu’elle a eue dernièrement avec médecin. « Elle m’a dit: presque tous mes patients diabétiques prennent du poids à cause de la COVID-19. Pourtant, ton patient fait du sport tous les jours, son hémoglobine glyquée est belle. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais je sais tu lui parles de ce qui l’anime et ce qui lui fait du bien ». « Pas d’argent pour la prévention » Le coaching santé est une approche embryonnaire au Québec puisque la prévention dans le système de santé actuelle ne paie pas, avance-t-elle. « Tant et aussi longtemps qu’on va gérer de la maladie, il n’y aura pas d’argent pour la prévention », souligne-t-elle. Dans son essai intitulé Rétablir la santé par un système adapté au patient d’aujourd’hui paru il y a deux ans, Héléna Bureau porte d’ailleurs un regard critique sur le système de santé. Dans cet essai qu’elle a coécrit, elle suggère une collaboration plus riche entre patients et professionnels de la santé pour permettre que l’assurance maladie laisse la place à l’assurance santé. Ce système s’améliorera, croit-elle, lorsque les médecins seront payés « par capitation », soit un revenu calculé en fonction du nombre de patients pris en charge. « Le médecin sera mieux rémunéré parce que son patient est en santé », affirme-t-elle. Créer une communauté La pharmacienne veut ces prochaines années créer une communauté de professionnels qui utiliseraient le coaching santé auprès de leurs patients en première ligne. Pour ce faire, elle offrira aux médecins, pharmaciens et infirmières, dès novembre prochain, une formation de huit mois qui débouchera sur une accréditation en coaching santé. D'ici là, elle continuera à intégrer cette approche à son GMF, mais également dans une clinique à Saint-Hyacinthe où elle pratiquement dans les prochains mois.

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