Une pharmacienne épinglée pour avoir consulté le DSQ d’un homme rencontré sur Tinder

Une pharmacienne vient d’être suspendue pour deux mois après avoir admis qu’elle avait jeté un coup d’œil aux Dossiers santé Québec (DSQ) de ses partenaires romantiques potentiels. Salamicha Poirier, qui travaille dans deux pharmacies de Cowansville ainsi que dans deux cliniques médicales, a avoué au Conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) qu’entre décembre 2018 et octobre 2019, elle a consulté les DSQ de plusieurs hommes à des fins non liées à sa pratique professionnelle. La pharmacienne avait déjà été suspendue pendant deux mois en 2022 pour avoir consulté le DSQ de son ex-conjoint. Selon la preuve, elle a commis cette infraction à peu près au moment où elle consultait les dossiers de trois hommes potentiellement intéressants sur le plan romantique. L’un de ces hommes a découvert, par le biais de son Carnet santé Québec, que Salamicha Poirier avait consulté ses renseignements médicaux. Convaincu qu’il s’agissait là d’une violation de sa vie privée et d’une «dérogation majeure au Code de déontologie des pharmaciens», il a déposé aussitôt une demande d’enquête auprès du syndic de l’OPQ, en indiquant notamment qu’il n’avait jamais vécu à Cowansville et qu’il n’avait jamais cherché à se faire soigner ou à remplir des ordonnances dans les officines où travaillait la pharmacienne. L’intéressé a déclaré à l’enquêteur du syndic qu’il avait fait la connaissance de Mme Poirier par l’entremise de l’application de rencontre Tinder et qu’il l’avait rencontrée deux fois en personne en décembre 2018. Il ne l’a pas revue ni eu de ses nouvelles après leur deuxième rendez-vous. Au cours de l’enquête, la pharmacienne, inscrite au tableau de l’Ordre depuis 2009, a indiqué qu’après une expérience «tumultueuse» avec un ex-conjoint, elle avait consulté les dossiers de plusieurs relations potentielles. Elle a expliqué à l’enquêteur qu’elle ne savait pas qu’il était illégal de consulter des dossiers médicaux sans le consentement des patients ou sans raison professionnelle valable, croyant que seule la divulgation des informations était interdite. Lorsqu’on lui a demandé une liste des hommes qu’elle avait rencontrés ou fréquentés afin que leurs dossiers médicaux puissent être vérifiés pour un éventuel accès inapproprié, Salamicha Poirier a fourni les noms de cinq hommes. Parmi ces cinq, elle consulté le dossier médical de deux d’entre eux, sans leur consentement, en plus de celui de l’homme ayant déposé la plainte. À lire aussi: Un pharmacien radié un an pour 50 ordonnances falsifiées Les gestes de la pharmacienne «constituent des atteintes au droit fondamental des usagers à la vie privée par la violation de leur droit à la protection de leurs renseignements personnels», estime le Conseil en soulignant que «la consultation d’informations confidentielles d’un usager ou patient est contraire aux obligations de dignité et d’intégrité que les pharmaciens doivent respecter à tout moment et dans tous les aspects de l’exercice de leur profession». Outre sa suspension pour deux mois, Salamicha Poirier a été condamnée à payer tous les frais d’enquête et d’audience et à publier, à ses frais, un avis de l’issue de l’audience dans un journal distribué dans la communauté où elle exerce.

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