Une étude identifie un variant virulent du VIH méconnu depuis des années

La situation n’est toutefois pas alarmante: les médicaments contre le VIH fonctionnent aussi bien chez les personnes atteintes du variant et sa propagation diminue depuis environ 2010. Il a été découvert grâce aux efforts visant à mieux comprendre comment le VIH continue d’évoluer. Cette découverte pourrait aussi aider à mieux cerner de quelle façon le virus attaque les cellules. L’étude, publiée dans Science, souligne l’importance de l'accès régulier au dépistage et au traitement afin que, quel que soit le variant, «le VIH soit supprimé le plus rapidement possible pour empêcher qu'il ne se transmette davantage», a expliqué l'auteur principal de l’étude, Christophe Fraser, épidémiologiste à l’Université d’Oxford, dans un communiqué. Sous-types Différents sous-types du VIH circulent dans le monde, certains étant plus graves ou transmissibles que d’autres. Le sous-type B est le plus courant aux États-Unis et en Europe occidentale. Toutefois, l’équipe d’Oxford a repéré 17 cas inhabituels lors de l’étude d’une base de données de patients européens atteints du VIH, c’est-à-dire des personnes qui avaient plus de dommages immunitaires et étaient plus contagieuses au moment du diagnostic que ce qui est habituellement typique pour le sous-type B. Parmi ces 17 cas, seulement deux ne provenaient pas des Pays-Bas. Les chercheurs ont donc passé au peigne fin des milliers de dossiers néerlandais. Ils ont finalement identifié un groupe de 109 personnes infectées par ce qu’ils appellent le variant VB, pour le sous-type B virulent. Le variant serait apparu à la fin des années 1980 et dans les années 1990, et se serait transmis plus rapidement dans les années 2000. On croit également qu’il est en déclin depuis 2010, en raison des efforts des Pays-Bas pour lutter contre le VIH, ont rapporté les chercheurs. Le variant comporterait au-delà de 500 mutations. Un variant virulent Avant de débuter le traitement, les personnes atteintes du variant VB avaient beaucoup plus de virus dans leur sang et souffraient de plus de dommages au système immunitaire que les personnes atteintes d’autres variants du VIH, selon l’étude. La progression du VIH est généralement mesurée grâce au nombre de lymphocytes T CD4 dans le sang puisque ces cellules sont la cible du virus. Or, les personnes infectées par le variant présentaient un nombre de CD4 plus bas que les autres au moment du diagnostic, et ont rapporté un déclin deux fois plus rapide. Par ailleurs, les chercheurs ont calculé que, sans traitement, le seuil dangereux de 350 lymphocytes T CD4 par microlitre de sang serait atteint en neuf mois avec ce variant, contre trois ans pour les autres patients. Pas de raison de s’inquiéter Les chercheurs ne savent pas exactement quels changements génétiques du virus en sont la cause. Après le traitement, les patients atteints de ce variant ont eu les mêmes résultats que les autres patients atteints du VIH. Trouver ce type de variant «n’est pas une crise de santé publique», a averti Joel Wertheim, un expert en évolution virale de l’Université de Californie à San Diego, dans un éditorial accompagnant l’étude et aussi publié dans la revue Science. À noter qu’il n’a pas participé à l’étude d’Oxford. «Cela ne semble pas avoir conduit à un pic des cas de VIH, a-t-il affirmé lors d’une entrevue à l’AP. Mais la découverte met en évidence l'ampleur de ce qui reste à savoir afin d'expliquer pourquoi un virus qui se propage depuis longtemps a encore le potentiel d’évoluer et de s’adapter. Comme la pandémie actuelle continue de nous le rappeler, nous ne devons pas sous-estimer le potentiel de l’adaptation virale.»

Une étude identifie un variant virulent du VIH méconnu depuis des années

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes