Un surplus de 2 000 médecins au Québec, et toujours des problèmes d'accès

Alors que le Québec compte environ 20 000 médecins, «il y en a à peu près 10 % de plus que nécessaire», a récemment indiqué le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, au Journal de Montréal. C’est donc un surplus d’environ 2000 médecins, reconnaît-il, tout en affirmant vouloir encore attendre deux ou trois ans avant de réduire les admissions dans les quatre facultés de médecine québécoises.Chaque année, 850 nouveaux médecins sont diplômés au Québec. «Des 850 (diplômés en médecine), il va en sortir pendant encore 10 ans. Ça fait du monde ça.» Comme environ 500 partent à la retraite chaque année, dans les faits, c’est donc 350 nouveaux médecins par année qui entrent dans le réseau de la santé.Gaétan Barrette précise au Journal de Montréal qu’il entend cependant réduire progressivement les entrées en médecine vers 2018 ou 2019, «parce qu’un moment donné, ça va déborder (...) On ne peut pas avoir 30 000 médecins».Pourtant, alors que le Québec présente le plus haut rapport médecin/citoyens au Canada, «on n’a pas la plus grande productivité», ajoute le ministre. De son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec indique qu’il manque environ 500 médecins de famille, et que les médecins spécialistes sont plus nombreux que les omnipraticiens. Mais même si le Québec compte plus de médecins en proportion que le Canada, près de 475 000 personnes sont inscrites sur la liste d’attente pour voir un médecin de famille, selon le ministère.«Qu’il y ait trop ou pas assez de médecins, on a un problème d’accès», affirme au Journal de Montréal Paul G. Brunet, qui préside le Conseil pour la protection des malades. Même son de cloche au Regroupement provincial des comités d’usagers. Pour son directeur général, Pierre Blain, il faut d’abord régler la productivité des médecins. «Ce qui est incompréhensible pour nous, c’est qu’on compte plus de médecins que la moyenne canadienne. Pourtant, ils sont 20 % moins productifs. Si on a déjà un surplus de 2 000 médecins, ça veut dire qu’il y en a qui ne travaillent pas, parce qu’il y a des listes d’attente.»Le Collège des médecins du Québec affirme qu’il y a assez de médecins pour traiter tout le monde. «Le problème d’accessibilité se situe plus au niveau de l’organisation des soins de santé, sur la façon dont les médecins sont répartis dans les régions du Québec. Une responsabilité du ministère de la Santé et non du Collège», indique au Journal de Montréal la porte-parole, Caroline Langis.Le ministre Barrette a aussi indiqué qu’un nombre record de médecins sortiront des universités québécoises au cours des prochaines années.En entrevue à ICI RDI, le ministre Barrette a dit craindre qu’au rythme où les diplômés sortent des facultés de médecine, il y ait un «énorme surplus» dans 10 ans. «Que feront-ils, ces médecins, dans 10 ans? demande-t-il. Ils vont faire comme en Europe: des gestes [médicaux] pour rien. Ils vont vous appeler, multiplier les tests, multiplier les visites, pour des revenus.»«Il faut avoir un équilibre», souligne le ministre de la Santé. Un équilibre entre des services pour la population, le nombre pertinent de médecins dans 10 ans, en préparant le terrain que les infirmières spécialisées appelées à jouer un rôle accru à l'avenir. Gaétan Barrette annonce que le Québec formera quelque 2000 infirmières spécialisées au cours des prochaines années. Elles soulageront les médecins d'une partie de leurs tâches et de leurs responsabilités.Le ministre admet que le débat entre les ordres professionnels des médecins et des infirmières nuit au travail des infirmières, mais il dit vouloir régler le problème. «Je ne veux pas assister à une chicane de territoires entre deux ordres professionnels dont le mandat est de protéger le public.»Sources : Journal de Montréal, ICI RDI

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