Un pharmacien sanctionné pour de nombreux médicaments périmés

Depuis qu’il est devenu propriétaire de sa pharmacie en 2017, à Dollard-Des-Ormeaux, Patrice Simard est conscient que la gestion des médicaments périmés laissait à désirer. Ces lacunes sont longtemps restées sans conséquence jusqu’à ce qu’une patiente reçoive des antibiotiques expirés qui l’ont fortement incommodé. Saisi de l’affaire, le Bureau du syndic de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) la porte devant le Conseil de discipline qui vient de trancher: le pharmacien a commis des infractions «objectivement graves» qui lui valent une amende de 4000$. Le 16 mars 2022, une cliente de la pharmacie de Patrice Simard récupère une boîte de Zithromax. Dès qu’elle prend ses premiers comprimés, elle ressent de fortes douleurs abdominales et souffre de diarrhées accompagnées de sang. Deux jours plus tard, elle s’aperçoit que les antibiotiques sont expirés depuis le mois de janvier. Elle communique alors avec la pharmacie puis dépose une demande d’enquête auprès du Bureau du syndic de l’OPQ. Sans prévenir, deux syndics se présentent à la pharmacie le 6 avril et procèdent à une vérification aléatoire des médicaments périmés au laboratoire ainsi que dans la section accessible au public. En plus de la grande quantité de poussière qui recouvre les tablettes et les pots, ils découvrent que plusieurs médicaments qui vont périmer en mai et en juin n’ont aucune indication de leur péremption rapprochée. Pire, ils retirent des tablettes du laboratoire 20 médicaments différents, dont certains avec plus d’un format expiré, parfois depuis février 2021. Douze autres médicaments, pour un total de 47 formats périmés, sont également dégagés de la zone ouverte au public. Patrice Simard leur indique qu’une procédure de gestion des périmés, avec des codes de couleurs, est en cours d’implantation. Cependant, lorsque la syndique adjointe consulte le registre de vérification, elle constate que certains médicaments périmés cochés comme «vérifiés» se trouvent encore sur les tablettes. Plus tard durant l’enquête, le pharmacien va reconnaître qu’il n’avait pas contrôlé convenablement le travail de ses employés, présumant qu’ils l’effectuaient correctement en suivant la procédure. Il précisera également qu’un d’entre eux avait fait le tour du laboratoire à deux reprises au mois de février 2022 afin de retirer les périmés et que, la semaine précédant la remise des Zithromax à la patiente, deux autres devaient eux aussi vérifier les périmés. Taux de roulement et absentéisme Pour sa défense, Patrice Simard explique qu’il est confronté à un roulement important de personnel et qu’il a de la difficulté à gérer l’absentéisme de son personnel. Selon lui, d’autres pharmaciens propriétaires font face aux mêmes problématiques et il prétend que plusieurs envisagent de vendre leur officine en raison du niveau d’adaptation et de la complexité extrême que leur impose leur rôle au regard de la déontologie. De plus, il indique que les enjeux dans la gestion des médicaments périmés existaient déjà lorsqu’il a acquis sa pharmacie en 2017, en insistant sur le fait qu’ils relèvent essentiellement des employés qui ne respectent pas les procédures à suivre. Lire aussi: Un pharmacien bienveillant radié un mois pour une consultation illicite du DSQ Le Conseil de discipline a balayé ses arguments en lui rappelant l’article 4 du Code de déontologie qui stipule que «le pharmacien doit prendre les moyens raisonnables pour que les personnes qui collaborent avec lui dans l’exercice de la pharmacie, et qui ne sont pas pharmaciens, respectent les dispositions de la Loi sur la pharmacie (chapitre P-10), du Code des professions (chapitre C-26) et de leurs règlements d’application.» Amende honorable Si le Conseil signale que Patrice Simard n’avait pas d’antécédents disciplinaires, qu’il a collaboré à l’enquête, plaidé coupable et reconnu la gravité objective de ses infractions ainsi que leur impact négatif possible sur le public, il met en évidence plusieurs facteurs aggravants. Le pharmacien est expérimenté, puisqu’il pratiquait depuis 16 ans lors des infractions. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés sur une période de quatre ans. Enfin, il aurait pu s’assurer, en de nombreuses occasions, que les médicaments périmés étaient conservés correctement. S’agissant du risque de récidive, le syndic a plaidé que lors d’une visite à la pharmacie de l’intéressé, en décembre 2022, un membre du Comité d’inspection professionnelle (CIP) de l’Ordre avait noté l’absence de mécanisme de contrôle des médicaments périmés. Le Conseil a néanmoins tenu compte de l’engagement du pharmacien de se conformer aux recommandations formulées par le CIP et de prendre les moyens pour que ses employés respectent la procédure de contrôle, ce qui constitue, à ses yeux, «des modalités qui sont de nature à préserver la confiance du public puisque, de ce fait, il risque moins de se retrouver en situation de récidive».

Un pharmacien sanctionné pour de nombreux médicaments périmés

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes