Un nouveau test sanguin prouve son efficacité pour diagnostiquer l’Alzheimer

Un nouveau test sanguin détectant deux biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer vient de faire ses preuves. Des chercheurs suédois ont mis à l’essai le test PrecivityAD2, développé par l’entreprise américaine C2N Diagnostics, et leurs conclusions sont sans appel: le test s’est avéré précis à environ 90% pour identifier la maladie chez les patients présentant des symptômes cognitifs, selon les résultats d’une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) qui ont été présentés fin juillet 2024 lors de la conférence annuelle internationale de l’Alzheimer’s Association, à Philadelphie.Pour les besoins de leur étude, des chercheurs de l’Université de Lund, en Suède, ont recruté une cohorte de 1213 aînés, âgés en moyenne de 74 ans, et ils les ont soumises à des tests cognitifs. Parmi les participants, 23% présentaient un déclin cognitif subjectif, 44% avaient une déficience cognitive légère et 33% étaient atteints de démence.Chacun a ensuite subi un prélèvement de sang pour réaliser le test PrecivityAD2 qui s’intéresse à deux biomarqueurs caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Il mesure à la fois les taux plasmatiques de la protéine tau 217 phosphorylé (ou p-tau 217) - dont les niveaux sont jusqu’à huit fois plus élevés chez les personnes malades comparé à des personnes âgées épargnées par la maladie -, et le rapport amyloïde 42/40, qui mesure quant à lui les niveaux de deux types de protéines bêta amyloïdes (Aβ42/Aβ40) qui s’agrègent sous forme de plaques dans le cerveau des malades.Au final, PrecivityAD2 a permis aux chercheurs de détecter la maladie avec une précision de 91%, comme l’ont ensuite confirmé les résultats d’une ponction du liquide céphalorachidien (LCR) associée à une tomographie par émission de positons (TEP), qui demeure à ce jour la seule méthode scientifique pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer. Ces deux examens sont toutefois coûteux. À terme, le test sanguin, «plus efficace, plus rentable et plus pratique» pour le patient, pourrait «potentiellement les remplacer», a estimé le coauteur principal de l’étude, le Dr Sebastian Palmqvist, lors de la conférence de l’Alzheimer’s Association.Les chercheurs ont également comparé les résultats des analyses de sang aux diagnostics posés par des médecins suédois à l’aide d’un test cognitif et d’un scanner du cerveau. Les 698 participants ont ainsi été examinés dans des cliniques de mémoire par des spécialistes, dont le taux de précision des diagnostics était de 73%. Les 515 autres patients ont été vus en première ligne par des omnipraticiens dont la précision était un peu plus faible (61%).Diagnostic simplifié«Ces résultats sont particulièrement impressionnants si l’on considère que les populations plus âgées en soins primaires présentent souvent des conditions médicales qui peuvent influencer ou faire varier les concentrations de p-tau217», a signalé le Dr Palmqvist.Lire aussi: Une simple prise de sang pour détecter la maladie d’AlzheimerSon collègue le Dr Oskar Hansson considère pour sa part qu’«il s’agit d’une étape importante vers la mise en œuvre clinique mondiale d’un test sanguin pour la maladie d’Alzheimer». Le coauteur principal de l’étude souligne que «le diagnostic précoce est crucial, car de nouveaux traitements ralentissant la progression de la maladie sont mis au point». Il cite notamment deux immunothérapies — le donanémab et le lécanémab — qui ont été approuvées dernièrement aux États-Unis. «Un diagnostic précoce et précis est également essentiel pour faciliter la recherche de nouveaux traitements», ajoute le médecin suédois en mentionnant que «les prochaines étapes comprennent l’établissement de lignes directrices claires sur la façon dont un test sanguin pour la maladie d’Alzheimer peut être utilisé dans la pratique clinique, de préférence en mettant en œuvre ces tests d’abord dans les soins spécialisés, puis dans les soins primaires», précise-t-il en indiquant que «ce travail est en cours».Le test PrecivityAD2 est actuellement disponible aux États-Unis, sur prescription médicale, au coût de 1250$ US.Identification précoceLors de la conférence de l’Alzheimer’s Association, d’autres chercheurs de l’Université de Lund ont présenté en avant-première les résultats d’une étude qui révèle que les tests sanguins analysant les taux plasmatiques de p-tau217 pouvaient fournir un outil de sélection simple et précis pour identifier des patients qui ne sont pas encore atteints cognitivement, mais présentent déjà des plaques amyloïdes-bêta dans leur cerveau annonciatrices de l’Alzheimer. Lire aussi: Un trio de tests pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer est disponible au CanadaPour ce faire, ils ont analysé des échantillons de 2718 participants non apparentés sur le plan cognitif dans 10 études différentes qui disposaient d’échantillons de plasma p-tau217 et d’imagerie TEP ou d’une LCR. Ils montrent que les taux plasmatiques de p-tau217 peuvent prédire, avec une précision de 79 à 86%, la probabilité qu’une personne non atteinte cognitivement soit aussi positive à un test de pathologie amyloïde bêta sur un TEP ou une LCR.«Si ces chiffres tiennent la route et sont reproduits et confirmés par d’autres laboratoires indépendants, cette approche pourrait réduire de 80 à 90% le besoin de ponctions lombaires et de TEP pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer», commente la coauteure principale de l’étude, Gemma Salvadó, dans un communiqué de l’Alzheimer’s Association. «Nos résultats confirment que la positivité au plasma p-tau217 peut à elle seule être suffisante comme sélection de participants cognitivement positifs et non atteints d’amyloïde pour de nombreux essais cliniques», observe la chercheuse associée à l’Université de Lund.

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