Un nouveau programme pour les étudiants de MD à l'Université de Montréal

Alors que les enjeux de société et les attentes des patients envers leurs médecins évoluent, les futurs soignants doivent prendre le train en marche et s’adapter à ces nouvelles réalités. Un constat réalisé il y a déjà plusieurs années par la Faculté de médecine de l’Université de Montréal (UdeM) explique sa vice-doyenne, la Dre Geneviève Grégoire: «Lors de la présentation du projet de planification stratégique 2021-2026, l’université avait pour axe fort de revoir la structure du programme MD. Des changements importants avaient déjà été opérés en 2012 pour l’externat et en 2018 pour l’année préparatoire. Il était temps de réviser le contenu des années 1 et 2.» Le nouveau programme, annoncé pour la rentrée 2024, reposera sur quatre piliers: les contenus, les stages cliniques, l’arrimage avec le réseau de la santé et l’évaluation continue du programme.«Les soins anti-oppressifs sont une réelle attente des patients»Parmi les principales lignes directrices retenues, l’inclusion de nouveaux concepts émergents dans l’enseignement, et pas simplement ajoutés sous forme de modules, avec notamment une grande place laissée aux soins anti-oppressifs, à la notion de généralisme et à la relation patient-médecin. «Les soins anti-oppressifs sont une réelle attente des patients, et font partie des recommandations du Conseil médical du Canada depuis plusieurs années, précise la vide-doyenne de la Faculté. Nous sommes déjà précurseurs avec d’importants objectifs concernant la santé autochtone avec la commission Viens, et nous voulons étendre ces objectifs à toutes les populations, de religions différentes, d’origines ethniques différentes, d’identité de genre ou d’orientation sexuelle différentes, des populations vulnérables… Nous voulons que nos étudiants soient à leur écoute pour apporter les meilleurs soins possibles, dans le respect et la sécurité.»Les étudiants de MD seront aussi formés à la santé climatique, à la santé mentale et aux enjeux entourant l’intelligence artificielle en médecine. «Nous voulons assurer un mieux-être des apprenants puis par extension des patients, à travers cet accompagnement réflexif des étudiants», appuie Dre Geneviève Grégoire.À lire aussi: Étudiants et résidents en médecine: Le casse-tête de la gestion du tempsLe volet relation patient-médecin s’appuiera quant à lui sur des concepts novateurs tirés des arts et humanités, ainsi que sur l’auto-évaluation et sur des compétences en responsabilité sociale bonifiées. «C’était une demande des patients partenaires consultés par nos professeures copilotes, les Dres Josée Dubois et Louise Samson, pendant la phase d’élaboration du nouveau programme», explique la vice-doyenne. Au total, le comité de pilotage de ce nouveau programme a réuni plus de 80 personnes. Cette meilleure prise en compte du ressenti du patient sera permise par un raisonnement clinique en pratique. «Les étudiants auront d’abord un enseignement par systèmes, puis une intégration par symptômes. Ajouter des concepts à l'intérieur de problèmes concrets est beaucoup plus motivant pour les étudiants, plutôt que d’écouter des cours magistraux», ajoute-t-elle. Les cohortes d'étudiants en médecine ont augmenté de 35% depuis 2019Les deux premières années de MD sont primordiales dans le cursus des étudiants pour les préparer à leur externat, affirme la Dre Geneviève Grégoire: «Quand les étudiants arrivent à l’externat, ils connaissent très peu le fonctionnement du système de soin. Pour mieux les préparer, nous allons les former à l’intégration clinique précoce en 2e année, au rythme de quatre fois une semaine. Le but est de comprendre comment ça fonctionne, d’appréhender le vécu du patient et le rôle des professionnels pour arriver mieux préparé.» Le tout en prenant en compte l’évolution des cohortes d’étudiants en médecine, qui ont augmenté de 35% depuis 2019, une hausse que le gouvernement demande aux facultés de poursuivre au cours des prochaines années.À lire aussi: Une proposition controversée vise à recentrer la formation médicale sur les valeurs plutôt que sur l'expertiseConcernant la mise en pratique de ce nouveau programme et son incidence sur les emplois du temps déjà chargés des étudiants, la vice-doyenne l’assure, il y aura davantage de flexibilité même s’ils auront toujours beaucoup de travail. «Une partie des enseignements se fera au rythme de l’étudiant, notamment en ce qui concerne les lectures préparatoires aux séances en groupe et les modules d’autoformation, et nous avons élagué le programme actuel pour faire de la place aux nouveaux concepts. Nous allons aussi appuyer l’enseignement par ateliers, plus restreints, pour faciliter la discussion avec leur professeur.» Mais certains enseignements centraux, comme le cours d’identité professionnelle pour développer des compétences transversales qui complètent l’expertise médicale, vont être poursuivis.

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