Un monde sans maladies cardiovasculaires est possible, révèle une étude

Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont un fléau mondial: elles ont causé près de 20 millions de décès en 2022, dont un tiers est survenu prématurément, soit avant l’âge de 70 ans. Une situation préoccupante, mais évitable, à en croire une étude d’ampleur compilant des données provenant de 204 pays et territoires à travers le monde, et recueillies entre 1990 et 2022. Le nouveau rapport spécial sur la charge mondiale de morbidité (GBD) publié dans le journal de l’American College of Cardiology met ainsi en évidence les principaux facteurs de risque cardiovasculaire modifiables au monde, leur contribution à la charge de morbidité et les progrès récents en matière de prévention. «Les maladies cardiovasculaires constituent un défi persistant qui entraîne un nombre énorme de décès prématurés et évitables», estime Gregory A. Roth, MD, MPH, auteur principal de l'article, professeur agrégé à la Division de cardiologie et directeur du programme de médecine cardiovasculaire Health Metrics à l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington. Les cardiopathies ischémiques, principale cause de mortalité par MCVEntre 1990 et 2022, le nombre de décès dus aux MCV est donc passé de 12,4 millions à 19,8 millions, reflétant la croissance et le vieillissement de la population mondiale, ainsi que la prévalence de certains facteurs de risque évitables. Les cardiopathies ischémiques restent la principale cause de mortalité par MCV dans le monde, avec un taux de mortalité normalisé selon l'âge de 1990 de 108,8 décès par 100 000 membres de la population type, suivies par les hémorragies intracérébrales et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques. L'hypertension artérielle systolique représente quant à elle la plus grande contribution aux années de vie corrigées de l'incapacité (DALY) normalisées selon l'âge pour les maladies cardiovasculaires, soit 2 564,9 pour 100 000 membres de la population type dans le monde.À lire aussi: Financement des soins primaires: le Canada peut mieux faire selon un rapport de l’OCDEMais, depuis 2015, certains facteurs de risque métaboliques, comportementaux et environnementaux pèsent plus lourd dans la balance: hypertension artérielle systolique, risques alimentaires, pollution de l'air ambiant par des particules, taux de cholestérol LDL élevé, indice de masse corporelle (IMC) élevé, plasma à jeun élevé, glucose et tabagisme. Les risques alimentaires et la pollution ambiante étant les principaux contributeurs aux DALY de MCV standardisés selon l'âge. «Les maladies cardiovasculaires ne sont pas une caractéristique nécessaire du vieillissement humain, mais plutôt le résultat presque entièrement de facteurs de risque modifiables», précisent les auteurs. «Il existe de nombreux traitements peu coûteux et efficaces» pour lutter contre les MCVSi les pays à revenus faibles et intermédiaires d’Asie centrale, d’Europe de l’Est, d’Afrique et du Moyen-Orient sont les plus touchés, l’Amérique du nord à revenu élevé, quant à elle, a vu son taux de mortalité lié aux MCV diminuer de 45,9% en trente ans – mais le continent est toujours classé au 17e rang mondial pour la mortalité des MCV standardisée sur l’âge. Dans le détail, les principales causes de mortalité au Canada sont l’ischémie myocardique et les accidents vasculaires cérébraux, suivis par les hémorragies intracérébrales et l’hypertension artérielle. Preuve que les politiques publiques pour le bien vivre et le bien vieillir fonctionnent, du moins dans les pays à hauts revenus, le nombre total de décès liés aux MCV dans le monde a diminué de 35% entre 1990 et 2022. Mais il faut accélérer la cadence, en particulier dans les zones les plus précaires alertent les auteurs du rapport, qui appellent en effet à d’urgentes réformes globales des politiques de santé publique, mais aussi à un changement de nos comportements quotidiens. «Il existe de nombreux traitements peu coûteux et efficaces. Nous savons quels facteurs de risque nous devons identifier et traiter. Il existe des choix sains simples que les gens peuvent faire pour améliorer leur santé», affirme le professeur Gregory A. Roth. Par exemple: arrêter de fumer, diminuer le sel, manger davantage de fruits et légumes, avoir une activité physique régulière ou encore ne pas boire trop d’alcool. Des comportements qui doivent être encouragés par les gouvernements. À lire aussi: Maladies cardiovasculaires: la PPC réduirait les complications récurrentes«Les politiques de santé qui mettent en place un environnement propice à des choix abordables et réalisables pour rester en bonne santé sont essentielles pour motiver les gens à adopter des comportements sains et les faire perdurer», abonde l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, un travail de sensibilisation et de dépistage de la population est primordial, ainsi qu’un accès adéquat aux soins primaires et à un traitement adapté. L’enjeu est de taille : l’OMS prévoit que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans augmente de 34% d’ici 2030, pour ensuite doubler et atteindre 2,1 milliards en 2050.

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