Un mois de radiation pour avoir caché des informations financières au syndic

À deux reprises, en 2017, Jonathan Banville a remis un document à la demande de la syndique adjointe, Josée Morin, qui ne comportait «aucune trace d’une recharge quelconque de la Pharmacie au profit de la Clinique pour éponger la perte de cette dernière», rapporte une récente décision disciplinaire de l’OPQ. «La preuve révèle non seulement un défaut de répondre à la syndique mais une tentative de dissimuler une information nécessaire à son enquête», tranche le Conseil de discipline. Selon l’article 114 du Code des professions, il est interdit d’entraver de quelque façon un syndic adjoint, «de le tromper par des réticences ou par de fausses déclarations, de refuser de lui fournir un renseignement ou document relatif à une inspection». Ce n’est que deux ans plus tard, en 2019, que le plaignant Bernard Deshaies - qui a pris la relève de Mme Morin - reçoit un document du pharmacien présentant des montants sous l’intitulé «Recharge» pour les années 2015, 2016, 2017 et 2018. Rappelons que durant cette période, la clinique médicale de l’Outaouais, opérée par Jonathan Banville ainsi que ses collègues pharmaciens Steven Haddad et Patrick Lamarche, a essuyé des pertes totalisant un peu plus de 200 000$ en raison des coûts d’exploitation élevés. Afin d’éponger ce déficit, la pharmacie, située dans un local adjacent, a transféré à la clinique des montants de 43 663$, 44 224$, 65 083$ et de 48 323$ pour les années 2015, 2016, 2017 et 2018 respectivement. Le but de ce montage financier était d’avoir une clinique médicale à proximité de la pharmacie, ce qui a normalement un effet positif sur les ventes de médicaments, a noté le syndic Bernard Deshaies. En effet, l’entreprise des pharmaciens a réalisé des profits puisque les pertes d’exploitation de la clinique ont été contrebalancées par les profits d’opérations de la pharmacie. Des amendes salées En plus d’avoir écopé d’un mois de radiation, Jonathan Banville devra payer une amende de 12 000$ pour avoir partagé ses honoraires et bénéfices provenant de la vente de médicaments avec la clinique médicale. Le plaignant recommandait l’imposition d’une amende de 7500$ pour chacune des quatre années, soit un total de 30 000$, alors que le pharmacien fautif recommandait une amende totale de 3500$. Jugeant la recommandation du premier comme «punitive» et celle du second comme «pas dissuasive», le conseil de discipline a tranché pour un montant de 12 000$. De leur côté, les pharmaciens Steven Haddad et Patrick Lamarche ont reçu des amendes de 10 000$ et 8000$ respectivement pour le même chef d’accusation que celui de Jonathan Banville. Poursuivre la pratique? Les trois pharmaciens sanctionnés ont dit être en processus de fermeture de la clinique. Ils ont expliqué qu’«il ne vaut pas la peine de stresser avec une telle entreprise, laquelle est sujette à plusieurs problèmes potentiels de nature financière résultant, entre autres, de la disponibilité de médecins et de leur départ, ce qui pouvait affecter sa rentabilité». Selon la décision disciplinaire publiée le 21 juin, les trois pharmaciens ont également affirmé qu’ils se posent de nombreuses questions sur la raison d’être pharmacien propriétaire et même sur le fait de poursuivre l’exercice de leur profession. Les trois pharmaciens pratiquent depuis un peu plus d'une quinzaine d'années.

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