Un médecin à la tête du groupe de travail sur la formation des infirmières: était-ce nécessaire?

On a appris le 18 décembre que le ministère de la Santé et des Services sociaux mettait sur pied un groupe de travail pour réfléchir aux impacts de l'implantation du baccalauréat obligatoire comme norme d’entrée à la profession d’infirmière.Les participants de ce groupe de travail devront arriver à une recommandation qui tienne compte des impacts que le baccalauréat obligatoire pourrait entraîner sur les ressources humaines, sur les conditions de travail, sur les établissements de santé et d’enseignement et sur les autres professionnels.La création de ce comité est une bonne nouvelle, car l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec fait des représentations depuis plusieurs années en faveur du rehaussement de la formation initiale.Les différentes professions de la santé, de façon générale, continuent de veiller à ce qu’une formation de pointe soit donnée à leurs étudiants, pour que les besoins en santé actuels et futurs des patients et de la population générale soient desservis et que la protection du public soit assurée.À cet égard, les infirmières n’ont pas à faire exception et il est naturel qu’elles revendiquent aussi la meilleure formation possible pour soutenir le réseau de la santé, compte tenu du manque de médecins de famille et surtout à cause des besoins de la population en soins et en suivis, qui sont énormes.Le groupe de travail est donc une avancée significative que les infirmières peuvent applaudir, d’autant plus qu’il présentera un rapport au ministre dès le printemps, autant dire demain.On a aussi appris mardi que ce comité sera composé de représentants du réseau de la santé, du milieu de l’éducation (collégial et universitaire) et de représentants des milieux syndicaux. La DSI du Ministère, Danielle Fleury, en fait également partie.Enfin, le ministre a annoncé que le groupe de travail serait dirigé par le Dr Pierre Durand, gériatre et ancien doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval.En apprenant qu’un médecin était à la tête de ce groupe de travail, plusieurs infirmières ont tiqué. Comment ? Aucune infirmière d’expérience ayant toute la crédibilité et l'impartialité requises n’était disponible pour assurer une direction solide à ce comité ?Était-il nécessaire de faire appel à un médecin ? Les plus pessimistes, déçues, y ont peut-être même vu la résurgence d’un paternalisme médical qui avait cours dans un passé encore récent…Le ministre de la Santé, gériatre de formation, était-il à ce point pressé d’annoncer la création de ce comité qu’il est allé au plus court en nommant un confrère gériatre comme directeur ?Cela dit, le Dr Durand provient du milieu académique. Ce n’est pas un syndicaliste. Et il a très certainement toutes les qualifications et l’expérience pour mener à bien les travaux du groupe de travail. Son parcours de médecin et de doyen est exemplaire.N’empêche, le ministre de la Santé aurait-il manqué de sens politique en nommant un médecin, aussi compétent soit-il, pour diriger ce groupe de travail ? La question se pose…

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Caroline Baril