TSO: la force de 70 000 infirmières

La semaine dernière, la télévision de Radio-Canada a brossé un tableau de la réalité des urgences dans la grande région de Montréal.Pour qui n’a pas l’habitude, c’était un choc de voir cela. Vétusté des lieux, absence d’ergonomie, manque d’espace, affluence déconcertante. Nos urgences sont en souffrance !Une des choses qui a particulièrement retenu mon attention, c’est qu’encore une fois tout le monde semble s’entendre sur le fait que le manque d’infirmières est un dénominateur commun aux problématiques rencontrées dans chaque établissement.Pourtant, j’ai l’impression qu’on n’arrive jamais à trouver l’angle de solutions qui permettrait de soulager la pression exercée sur nous.Et comprenez bien que je ne parle pas de l’attraction dans la profession. L’OIIQ nous démontre aisément, chiffres à l’appui, l’augmentation du nombre d’inscriptions et de finissantes en soins infirmiers.Il me semble plutôt que l’ensemble de nos efforts devrait être dirigé vers le développement d’une culture de rétention et de reconnaissance au sein des organisations.Les nouvelles infirmières qui débutent quittent les établissements de façon assez importante dans les trois premières années de leur pratique, confrontées aux réalités qui sont les nôtres…À cela s'ajoute le fait qu'un nombre inquiétant d’anciennes quittent vers les agences, vers le privé, ou alors demeurent dans le réseau, mais sont démotivées de telle sorte qu’il devient très difficile de les mobiliser autour de quelque changement que ce soit. Il est plus que temps de renverser cette tendance lourde !Nous avons besoin d’infirmières engagées et disposées à relever de nouveaux défis. Le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques, la pénurie de ressources qui continuera de s’intensifier sont tout autant d’éléments qui alimenteront la pression sur le réseau ainsi que sur notre groupe de professionnelles.Revenons sur les heures supplémentaires obligatoires. Le fameux TSO a un impact si important sur les infirmières qu’on ne pourra jamais réussir à construire sur cet incroyable manque de respect.Au risque de me répéter, je considère que le TSO constitue ni plus ni moins qu’une prise d’otage.Récemment, l’État de New York a rendu illégal le recours aux heures supplémentaires obligatoires pour les infirmières. Chapeau !J’entends souvent des gens dire que les infirmières n’ont qu’à refuser de faire du TSO et quitter pour la maison tout simplement, puisque la responsabilité des patients appartient à l’établissement.Dans l’absolu, c’est vrai. Dans les faits, je l’ai vécu et ce n’est pas si simple… Comment accepter de laisser ses patients aux soins intensifs, par exemple, sans aucune relève? Le maintien de la vie est fragile dans ce contexte et l’enjeu est énorme.On parle de la vie d’une vraie personne… Dans les faits, lorsque mon équipe de travail a été confrontée à ce choix, aucune de mes collègues n’a pu se résoudre à abandonner ses patients.Je ne crois pas que les patients doivent payer pour cela. C’est pourquoi je crois fermement que c’est ensemble qu’il faut prendre ces décisions. Nous avons des responsabilités collectives envers ces prises d’otage.Il faut se mobiliser tous ensemble. La force de 70 000 infirmières devrait suffire amplement à faire comprendre l’état d’urgence à nos dirigeants.

L'infirmier de garde

TSO: la force de 70 000 infirmières

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STEEVE GAUTHIER