Trois mois de radiation pour un geste à connotation sexuelle

Le 1er juin 2018, un masque laryngé (tube I-Gel) traîne sur un comptoir de l’établissement. Deux infirmières font des remarques, à la blague, à propos de ce tube à la forme phallique. Quelques minutes plus tard, le Dr Billy Houde, qui avait entendu la conversation, saisi l'objet médical et s’approche d’une infirmière. Il entretient une relation strictement professionnelle avec cette employée, précise la décision disciplinaire. Selon le jugement, le médecin aurait dit à cette infirmière avoir vu une vidéo sur Facebook dans laquelle deux femmes font une fellation à un homme. Ce dernier, pour «réveiller» une femme qui est «tombée dans la lune», la frappe au visage avec son pénis. L’omnipraticien aurait ensuite placé le masque laryngé au niveau de son bassin et aurait tenté de la frapper au visage avec ce tube pendant quelques secondes. À ce moment, l’infirmière, assise et adossée à un comptoir, aurait mis ses mains devant elle et dit « non, non, non ». Elle a dit avoir eu le goût de crier, mais c’était la nuit, a-t-elle dit devant le conseil de discipline. Le médecin aurait ri, avant de quitter les lieux. Surprise, fâchée et offusquée, l’infirmière a par la suite rédigé une lettre au chef de service pour dénoncer cet événement. Comme Happy Gilmore… Même s’il a admet que le geste était inapproprié, le Dr Billy Houde s'est défendu en expliquant que la nuit de cet événement, l’atmosphère était à la blague, qu’il a seulement voulu faire une blague anodine et qu’il n’a jamais voulu «flirter, l’agresser, la vexer». C’était vraiment juste une «joke», a-t-il mentionné. De plus, en faisant ce geste déplacé, le médecin de famille dit avoir eu à l’esprit le début du film Happy Gilmore. Dans ce film, l’acteur Adam Sandler utilise différents objets, comme un cône, un manche à balai et un bâton de hockey, entre ses jambes pour représenter un pénis. Selon lui, l'extrait de ce film qu’il a déposé en preuve ne justifie pas le geste, mais l’explique. Un geste agressant Pour le conseil de discipline, ni ce film ni le contexte ne peut expliquer son geste. «Le Conseil n’y voit pas une blague inoffensive, mais plutôt un geste agressant à connotation sexuelle», tranche-t-il. «Le Conseil considère qu’un tel geste posé dans l’exercice de la profession, en milieu de soins, de surcroît, dans le contexte d’une relation d’autorité ne peut être banalisé», ajoute le conseil. Celui-ci veut profiter de cette décision pour lancer un message clair aux médecins québécois: «Il importe de rappeler haut et fort que les comportements à connotation sexuelle, incluant les "blagues" à caractère sexuel, sont à proscrire dans un contexte professionnel. Ils n’y ont pas leur place. Les propos à connotation sexuelle créent un milieu malsain de nature à dévaloriser, voire discriminer les personnes qui en sont l’objet. Ce type de comportement n’est plus toléré». À la suite de l’événement, l’infirmière a dit avoir été stressée de travailler avec ce médecin, avoir souffert d’insomnie et d’isolement au travail. Une deuxième sanction Pour imposer la sanction, le conseil de discipline s’est basé sur l’article 17 du Code de déontologie des médecins, selon lequel «le médecin doit avoir une conduite irréprochable envers toute personne avec laquelle il entre en relation dans l’exercice de sa profession, notamment envers tout patient, que ce soit sur le plan physique, mental ou affectif». La sanction du Dr Billy Houde sera appliquée dès le 18 octobre si aucune demande en appel n’est déposée d’ici là. Par ailleurs, notons que le médecin a récemment écopé, dans un autre dossier, de quatre mois de radiation pour avoir omis, en mai 2018, d’élaborer son diagnostic avec la plus grande attention et avoir omis de diriger son patient de 14 ans vers un autre médecin. Les deux sanctions seront purgées de façon concurrente.

Trois mois de radiation pour un geste à connotation sexuelle

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