Trois mois de radiation pour avoir misé sur le mauvais traitement

«L’intimé a procédé de manière contraire aux données actuelles en choisissant un implant inapproprié pour traiter la fracture de la hanche de la patiente. Il a alors manqué de jugement au moment de déterminer le traitement», a tranché le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec dans un jugement daté du 31 mai. Le 5 août 2019, le chirurgien orthopédique de l’Hôpital général de Lakeshore à Montréal, le Dr Arash Sepehr-Arae, reçoit une patiente de 85 ans qui avait fait une chute lui causant une fracture quelques semaines plus tôt, le 10 juillet. Or, la même journée que cette chute, la patiente avait subi une chirurgie par un autre médecin qui lui a installé une vis de hanche dynamique. Après avoir analysé les résultats d’une radiographie, le Dr Sepehr-Arae constate «le débricolage de la fixation de cette fracture». Il l’opère donc une deuxième fois, le 9 août. Le chirurgien, qui pratique depuis 2006, lui installe une prothèse non cimentée de type Corail. Quelques jours plus tard, un collègue du Dr Sepehr-Arae, le Dr Richard Knight, constate l’échec de la chirurgie grâce à une tomodensitométrie. Ce chirurgien orthopédiste, de garde à ce moment, réalise donc une autre chirurgie sur l’octogénaire pour lui installer un troisième câble chirurgical pour fixer un fragment postérieur du fémur proximal. En décembre de la même année, une demande d’enquête au Collège des médecins est effectuée par le fils de la patiente qui, en plus de subir des douleurs et un important stress, aurait eu une réadaptation difficile, de l’insomnie et de l’angoisse d’être de nouveau hospitalisée. Un choix inapproprié Dans le cadre de l’enquête, un rapport d’expertise soumis au syndic adjoint par le Dr Pierre-André Clermont conclut que le Dr Sepehr-Arae n’a pas agi selon les règles de l’art. «L’implant choisi […] est contre-indiqué lorsque le fémur proximal est fracturé, instable ou incompétent […] Le choix approprié dans le contexte aurait dû être une tige fémorale longue cimentée ou non cimentée (la tige AML 8 pouces, telle que choisie par le Dr Knight, aurait été un bon choix)», indique le rapport. Dans un autre rapport, un expert en chirurgie orthopédique, le Dr Khalil Masri, abonde dans le même sens. «À la suite d'une fracture intertrochantérienne traitée par un clou DHS qui présente un débricolage, on s’attend à ce que la partie proximale du fémur soit atteinte ou inadéquate, d’où l’importance de procéder à la mise en place d’une prothèse à fixation distale plutôt qu’à une prothèse à fixation proximale.» Peu de risque de récidive De son côté, l’intimé - qui a reconnu sa faute - a affirmé avoir effectué une mauvaise lecture de la radiographie, «ce qui l’a amené à faire un mauvais choix de prothèse». Selon son avocat, cette prise de conscience et une nouvelle mesure appliquée à l’hôpital font en sorte que le risque de récidive est minime. En effet, lors d'interventions plus difficiles, comme une révision au niveau de la hanche, le Dr Sepehr-Arae est assisté depuis 2020 par un collègue chirurgien orthopédiste. Jugeant qu’il s’agit d’un événement isolé dans le cadre d’une longue carrière sans tache, le conseil de discipline estime également qu’il y a peu de risque de récidive. Le conseil a donc appuyé la recommandation conjointe de trois mois de radiation qui, selon lui, «n’est pas contraire à l’intérêt public ou de nature à déconsidérer l’administration de la justice».

Trois mois de radiation pour avoir misé sur le mauvais traitement

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