Transferts en santé: le fédéral doit donner plus d'argent au Québec, affirme l'AMC

Cette sortie publique survient au moment de la publication mercredi d’un rapport de l’AMC révélant que les dépenses provinciales en santé seront beaucoup plus élevées que les revenus, selon les budgets de 2022-2023. En fait, les provinces prévoient une augmentation moyenne de 4,4% des dépenses en santé, comparativement à une hausse de 0,9% du budget global, selon ce document préparé par la firme Deloitte qui a examiné les budgets provinciaux, territoriaux et fédéral. «On s’attend à ce qu’il y ait au moins une augmentation qui vienne refléter l’augmentation des dépenses. Le fédéral doit vraiment jouer son rôle de leadership en termes de financement, surtout à un moment aussi critique», a affirmé le porte-parole de l’AMC au Québec, le Dr Abdo Shabah, en entrevue à ProfessionSanté.ca. Selon lui, la pandémie a exacerbé les lacunes «structurelles et organisationnelles» dans le système de santé. Conscients de cette situation, les premiers ministres des provinces et des territoires avaient réitéré au gouvernement de Justin Trudeau leur demande de faire passer le financement des systèmes de santé de 22% à 35% lorsqu’ils s'étaient réunis en Colombie-Britannique en juillet dernier. Il serait question d’une hausse de 28 G$ par année qui est, selon le premier ministre François Legault, «nécessaire» en raison notamment du vieillissement de la population. De son côté, l’AMC ne chiffre pas le pourcentage souhaité. «Les chiffres peuvent varier. C’est une question de négociation [entre les provinces et le fédéral]. Mais il faut certainement augmenter le financement afin d’investir dans les secteurs clés de notre réseau de la santé qui ne répondent pas aux besoins de la population», a indiqué le Dr Shabah, médecin de famille à l’Hôpital du Haut-Richelieu à Saint-Jean-sur-Richelieu. Plus de professionnels L’AMC a ciblé trois domaines dans lesquels il faut davantage investir: les soins de santé mentale, l’embauche de professionnels de la santé et les soins aux aînés. Il ne fait aucun doute pour le Dr Shabah qu’il faut embaucher plus de professionnels, sans quoi il y aura «des coupures dans le panier de services offerts». D'ailleurs, dans la première année du plan santé du ministre Christian Dubé, un budget de 604 millions de dollars est prévu pour améliorer les conditions de travail et accroître le personnel hospitalier à temps plein, ce qui comprend notamment des augmentations salariales et des primes de maintien en poste. De plus, un meilleur investissement en santé permettrait davantage d’innovations, un élément essentiel, selon le Dr Shabah, à l’amélioration de l’accès à la première ligne. «Avec le budget d’un hôpital, c’est impossible de mettre de l’argent dans l’innovation. Pourtant, il faut prendre des risques et innover. Ce sont des risques que nous sommes obligés de prendre sinon le système va dépérir.» Un exemple d'innovation qui permettrait d'améliorer l’accès aux soins de santé a été donné par le porte-parole de l’AMC: la mise sur pied de la télémédecine pour les soins à domicile. La santé reléguée au second plan, selon le Dr Shabah Dans un autre ordre d'idée, Abdo Shabah se désole de voir le sujet de la santé être peu abordé dans la présente campagne électorale au Québec. «Nous parlons beaucoup plus d’économies actuellement. Peut-être que nous en avons trop parlé durant la pandémie et qu’il y a une certaine fatigue. Pourtant, la santé est la priorité numéro un des Québécois et ce secteur représente la moitié de nos dépenses. J’aimerais qu’il y ait plus de débats sur le sujet.» Le budget 2022 du ministère de la Santé est évalué à 54 milliards de dollars, ce qui représente plus de 40% du budget total du Québec. Ces dernières semaines, la Coalition avenir Québec et le Parti conservateur du Québec ont promis de laisser plus de place au privé s’ils sont élus. Le Dr Shabah estime qu’une contribution accrue du privé en santé ne règlera pas les problèmes d’accès pour la majeure partie de la population. «Privé ou public, les ressources humaines sont limitées, donc ça ne va pas augmenter l’accès. Tant que l’on n’a pas plus de personnes, l’accès aux soins va être limité. Il faut miser sur les ressources humaines dans le réseau public.»

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