Ton médecin ne te guérira pas: plaidoyer pour l'adoption de saines habitudes de vie

Depuis plusieurs années, l’interniste de l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie à Shawinigan avait l’idée d’écrire un livre sur les bonnes habitudes de vie et la prévention des maladies chroniques. «Je n’avais jamais trouvé la bonne façon de l’aborder. Toutefois, mes lectures sur l’approche évolutive, les chasseurs-cueilleurs et l’histoire de l’humanité ont été la petite étincelle», souligne le médecin spécialiste en entrevue à ProfessionSanté.ca. «Le corps a été conçu pour être dans un environnement où la nourriture n’abondait pas, où l’on mangeait que des aliments naturels et où l’on devait être très actif pour survivre. Puis, en un siècle, on a connu l’abondance alimentaire, des aliments hypercaloriques et transformés, ainsi que la sédentarité. Cela explique la grande majorité des maladies chroniques et les principales causes de mortalité», indique le spécialiste qui pratique la médecine depuis 15 ans et qui enseigne à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Celui qui livre un plaidoyer pour l'adoption de saines habitudes de vie se dit convaincu qu’il y a moyen de vivre une vie moderne, tout en respectant les besoins de Homo sapiens. Attention: l’auteur n’appelle pas les lecteurs à renier le monde moderne et les nouvelles technologies, loin de là. Il souhaite néanmoins que les personnes respectent davantage les besoins essentiels du corps, notamment les quatre piliers de la santé: bien manger, bouger, ne pas fumer et ne pas abuser de l’alcool. L’alimentation est le principal pilier. «Si on revenait à manger des aliments de base, tels qu’ils sont dans la nature, comme des fruits, des légumes et de la viande, ce serait déjà une bonne chose. Toutefois, il faut cuisiner soi-même pour réduire sa consommation d'aliments transformés». De plus, si chaque personne effectuait une marche d'au moins 30 minutes chaque jour, les gens seraient moins malades. «Nous avons beaucoup compliqué la santé. Il faut suivre telle ou telle diète, il faut faire du CrossFit, du yoga. On peut simplement varier ses aliments de base et bouger, le corps c’est tout ce qu’il veut», souligne le Dr Perron. Aucun médicament aussi efficace Dans son livre de près de 300 pages, l’auteur ne s’attarde pas seulement à décrire les bonnes habitudes de vie. Il explique aussi quels sont les avantages d'en avoir et les conséquences d’une mauvaise hygiène de vie. Par exemple, en appliquant les quatre piliers mentionnés ci-haut, une personne diminue de 80% son risque de maladies cardiaques, de diabète et d’AVC. De plus, elle réduira de 40% son risque de souffrir d’un cancer et ajoutera aussi plusieurs années de qualité à ta vie. «Il n’existe aucun médicament aussi efficace sur le marché que d'avoir de bonnes habitudes de vie, illustre-t-il. Dans mon livre, je veux informer les gens sur les dangers d’avoir de mauvaises habitudes de vie et qu’ils prennent ensuite leur décision en toute connaissance de cause.» D’ailleurs, l’interniste estime que l’on s’attarde trop peu à «l’environnement qui rend malade» et que les médecins (en s'incluant lui-même) prescrivent trop de médicaments. À l’heure actuelle, 40% des Québécois de plus de 65 ans prennent plus que 10 médicaments et une personne sur dix en prend plus de 15. «Ça n’a pas de sens. Prendre une pilule, c’est plus facile que de changer ses habitudes de vie. Les gens pensent que prendre un médicament c’est magique, mais ils ne guérissent pas parce qu’on ne s’est pas attaqué à la racine du problème», affirme-t-il. La participation du patient est essentielle à la réussite du traitement, écrit l’auteur dans son livre. Par exemple, il sera impossible de maîtriser un problème d’asthme si la personne fume ou s’expose à d’autres irritants respiratoires qui la rendent malade. Il sera aussi impossible de maîtriser adéquatement le diabète, peu importe le nombre de médicaments, si la personne n’applique pas la diète recommandée. «Tu es le héros» Dans son bureau, le Dr Sébastien Perron est bien placé pour constater que les gens vivent plus vieux, mais sont plus malades. Il a d’ailleurs reçu un patient qui avait fait un infarctus à seulement 28 ans. L’auteur souhaite que ce message qu’il répète à plusieurs reprises dans son livre soit entendu : «ta santé est une histoire dont tu es le héros». Si les gens ne prennent pas le temps de prendre du temps pour leur santé aujourd’hui, ils devront le prendre pour être malades plus tard. Les gouvernements ont également leur part de responsabilité afin de s’assurer que la population demeure en santé, estime le Dr Perron. Entre autres, l’octroi d’une subvention pour l’achat de «bons aliments» et l’imposition d’une taxe pour l’achat de «mauvais aliments» pourraient être mises en place, illustre-t-il. «Le gouvernement veut former plus de médecins, de pharmaciens, d’infirmières, avoir plus d’hôpitaux, plus de cliniques, plus de tout! Or, ce qu’il faut, c’est réduire la demande. Et pour cela, les gens doivent être moins malades.» Extraits tirés du livre - «Les maladies chroniques sont comme la rouille sur ta voiture. Elles évoluent sournoisement avant de devenir apparentes, et alors, des dommages irréversibles ont déjà eu lieu. T’auras beau t’y prendre de toutes sortes de manières, ce sera presque impossible de les faire disparaître. Il vaut mieux les prévenir. Dans le cas des maladies chroniques, ton meilleur antirouille, ce sont les quatre piliers de la santé. Appliques-en une bonne couche !» - «Si tu veux bien vieillir, il n’y a qu’une vitesse possible et c’est de vivre en mouvement, embrayé vers l’avant, jamais sur le neutre, sans cesse, jusqu’à la fin, tout en veillant à garder bien solides tes quatre piliers de la santé. Voilà ce pour quoi nous sommes conçus et ce qu’il te faut, peu importe ton âge.» - «Malheureusement, au moment où je les vois (patients avec une maladie chronique), il est souvent trop tard. Certes, je fais de mon mieux pour les aider, soulager leurs symptômes, ralentir l’évolution de leur maladie, en prévenir certaines complications et potentiellement allonger leur vie, mais les guérir, ça, je ne le peux pas.» - «Que ça nous plaise ou non, nous sommes biologiquement des Homo sapiens ayant évolué pour manger selon les trois règles d’or du régime santé et pour bouger tout au long de notre vie. C’est non négociable !»

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