Tests de laboratoire: de nouvelles directives recommandent un intervalle minimum

Les analyses de laboratoire constituent la branche de la médecine qui enregistre le plus grand volume d’activité au Canada. En moyenne, chaque personne fait l’objet de 14 à 20 analyses de laboratoire par an selon une étude publiée en 2023 dans le Canadian Journal of Health Technologies, et l’État y consacre pas moins de 6 milliards de dollars par an. Or, ces analyses sont loin d’être toutes pertinentes. En effet, une étude systématique révèle que, entre 2007 et 2021, près d'un quart des analyses sanguines effectuées au Canada relevaient d’une surutilisation, entraînant des coûts, des tests de suivi et des traitements inutiles. Au Québec, on estime entre 25 et 30% la proportion de tests en laboratoire qui seraient inappropriés d’après un récent rapport de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Au total, 10% du budget alloué par l’État à ces tests est inutile assure le programme Labo avec soin.Plus de 150 hôpitaux engagés à travers le paysChoisir avec Soin Canada s'est donc attaqué à ce problème en lançant le projet collaboratif Utilisation judicieuse des laboratoires. Plus de 152 hôpitaux, dont neuf au Québec, se sont déjà engagés à cibler des aspects à améliorer et à entreprendre des projets visant à réduire la quantité de pratiques de laboratoire de faible valeur. En collaboration avec l'organisme, l'Agence des médicaments du Canada (AMC, anciennement ACMTS) vient de publier de nouvelles lignes directrices sur l’intervalle de temps minimal à respecter avant qu'un test ne soit refait, élaborées par un comité consultatif. Les recommandations concernent cinq tests de faible valeur couramment utilisés chez des populations ou dans des scénarios cliniques prédéfinis:Anticorps antinucléaires, pour des personnes chez lesquelles une maladie auto-immune systémique est suspectée ou confirmée;Hémoglobine A1C, pour des personnes atteintes de diabète qui ont modifié leur mode de vie ou prennent des agents hypoglycémiants ou de l’insuline;Lipase, pour des personnes atteintes de pancréatite aigüe ou chronique;Électrophorèse des protéines sériques, pour des personnes présentant une dysglobulinémie plasmocytaire confirmée;Thyréostimuline, pour des personnes recevant une hormonothérapie substitutive pour traiter l’hypothyroïdie ou recevant un traitement contre l’hyperthyroïdie.Un guide pratique spécifique est disponible pour chacun de ces tests. Par exemple, pour le test des anticorps antinucléaires, la directive indique que si un test ANA est positif, il n’est pas nécessaire que les cliniciens en demandent un autre pour surveiller les patients atteints d'une maladie auto-immune systémique suspectée ou confirmée. Pour un arrêt définitif, un intervalle minimum de cinq ans est suggéré. À lire aussi: Prélever moins de sang pour les tests de laboratoire en soins intensifs réduirait la pression sur les patientsUne autre directive indique que les personnes diabétiques n’ayant pas atteint des objectifs glycémiques stables devraient subir des tests d'hémoglobine A1C espacés d'au moins trois mois, et que celles qui ont un contrôle glycémique stable devraient être testées au moins tous les six mois. Un appel au discernement des cliniciensMais ces directives comportent aussi des exceptions, notamment pour les enfants et les adolescents atteints de diabète de type 1, les personnes diabétiques qui prévoient une grossesse et celles dont la glycémie évolue rapidement sous l'effet de médicaments ou d'un changement de mode de vie. Le rapport souligne également que les cliniciens doivent «faire preuve de discernement» pour appliquer ou non ces conseils, au cas par cas. «Ces recommandations ne signifient pas qu’il faut réitérer un test. Elles signifient que, si des tests sont effectués, ils ne doivent pas se répéter plus tôt que les intervalles indiqués et ne doivent pas remplacer le jugement clinique», indique ainsi le rapport.Si les hôpitaux participants à ce projet sont particulièrement enclins à appliquer ces directives, ces dernières conviennent aussi à tous les laboratoires communautaires ou hospitaliers, assure Choisir avec Soin Canada. Si vous souhaitez participer au projet collaboratif Utilisation judicieuse des laboratoires, inscrivez-vous sur ce site pour recevoir les mises à jour et être avisé de la prochaine période d’inscription.

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