Témoignage: «La nature m’a sauvé»

Ce n’est pas un secret, la pandémie de COVID-19 a eu un grand impact sur la santé mentale des professionnels de la santé. Selon une étude de l’Institut de cardiologie de Montréal de 2021, plus de la moitié des travailleurs de la santé ont été victimes d’épuisement professionnel depuis le début de la pandémie. «Plus que jamais, il faut proposer de meilleures alternatives pour prévenir l’épuisement professionnel et pour venir en aide à ceux qui le vivent», soutient Emmett Phil Coriat, qui a lui-même vécu un épuisement professionnel en 2018 après avoir travaillé plus de 20 ans dans le secteur de l’industrie biopharmaceutique. Cette aide, il l’a trouvée en passant du temps en nature. «J’ai toujours été ce que j’ai qualifié d’urbain, mais je sentais que j’avais besoin de prendre refuge et de me guérir. J’ai voyagé en Amazonie et en Asie du Sud-Est, et c’est là que je me suis rendu compte que la nature est extrêmement enrichissante et à quel point elle m’a aidé à vaincre mon burnout», a-t-il confié à ProfessionSanté.ca. De retour au Québec, il a cherché à comprendre pourquoi la nature avait eu un si grand impact positif sur sa santé. «Je reste un scientifique après tout. J’ai besoin d’explications fiables.» Il s’est donc mis à éplucher la littérature scientifique sur le sujet. Réduction de la tension artérielle et du rythme cardiaque, de l’anxiété et de la dépression, prévention du déclin cognitif, les bienfaits de la nature sur la santé sont nombreux et bien documentés. Il en est de même pour l’épuisement professionnel. Ce dernier explique qu’il est important de faire la distinction entre le stress physiologique et le stress cognitif. Le premier augmente le niveau de cortisol et fait sentir à la personne qu’elle est à cran et stressée. Or, habituellement, prendre du temps pour soi, partir en vacances ou encore apprendre à se détendre suffit pour l’éliminer, explique Emmett Phil Coriat. Le stress cognitif, quant à lui, survient lorsque le stress physiologique devient chronique. Il est alors plus difficile de retrouver un état de santé stable, puisque le repos ne suffit pas. «La nature permet de combattre les deux types de stress», partage-t-il. L’importance de l’implication À partir de ce moment, Emmett Phil Coriat a su qu’il voulait faire de cette reconnexion avec la nature son cheval de bataille, tant auprès de la population que dans le milieu de la santé. En 2021, il a cofondé Natural Leadership, un collectif multidisciplinaire international de professionnels au Canada et en Europe. Il propose aux chefs d’entreprise des programmes inspirés de la nature ayant pour but de rétablir le bien-être et d’améliorer les performances de leurs équipes, notamment grâce à des activités de team building en nature. Emmett Phil Coriat explique que ces activités sont également offertes aux propriétaires de pharmacies et aux gestionnaires du réseau de la santé. Il a également cofondé le programme de Prescri-Nature, lancé en mai dernier, qui permet aux professionnels de la santé du Québec de prescrire du temps en nature. La prescription, présentée sous forme de recommandation écrite, suggère aux patients de passer au moins 20 minutes en nature à la fois, pour un total de 2 heures au minimum par semaine. Les professionnels de la santé souhaitant participer au programme peuvent s’inscrire gratuitement sur la plateforme Prescri-Nature. Ces derniers reçoivent ensuite un dossier d’ordonnance personnalisé avec un code de fournisseur et des conseils sur la manière de prescrire un contact avec la nature à leurs patients. «L’engouement a été énorme. Seulement dans les premières semaines après le lancement, plus de 45 000 professionnels de la santé se sont inscrits sur la plateforme», confie Emmett Phil Coriat. Il est également praticien certifié en sylvothérapie. «Il s’agit d’une intervention qui permet de ralentir et de se connecter de façon non cognitive et sensorielle à la nature sous forme de petits exercices en nature», explique-t-il. Par toutes ces formes d’implications, Emmett Phil Coriat souhaite que l’exposition à la nature devienne un pilier de la santé publique, au même titre que bien dormir, bien se nourrir et faire de l’exercice physique.

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