Syndrome de la bouche brûlante: et si c'était dû à un inhibiteur de l'ECA?

Le syndrome de la bouche brûlante consiste en une sensation de brûlure, de picotement ou d’engourdissement de la bouche et/ou la langue, sans lésion de la muqueuse buccale, sans plaie ni autre anomalie physique. Il peut provoquer de la douleur, une altération de la sensation et du goût et une irritation de la muqueuse buccale, et ainsi entraîner une diminution de la qualité de vie. Le syndrome de la bouche brûlante est généralement bilatéral, mais peut se limiter à un seul côté de la bouche. Il touche principalement les femmes d'âge moyen à avancé. Plusieurs classes de médicaments ont été associées au syndrome de la bouche brûlante; les antihypertenseurs sont les plus courants, ceux liés au système rénine-angiotensine étant les mieux documentés dans la littérature. Un récent rapport de soins souligne l'importance de reconnaître la possibilité que ce syndrome soit causé par les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA), en particulier le lisinopril. Une femme de 70 ans avec des antécédents d'hypertension, de dépression, de diabète de type 2 et d'ostéoporose s'est présentée à un centre de soins primaires en se plaignant d'une sécheresse et d'une sensation de brûlure dans la bouche. Elles souffraient de ces symptômes depuis plus de cinq ans, mais ceux-ci avaient empiré récemment, entraînant une diminution de son appétit et de la frustration. Les causes locales et systémiques du syndrome de la bouche brûlante vont des allergènes, des toxines et de l'irritation physique au syndrome de Sjögren, en passant par les carences en vitamines et les neuropathies. Ces causes potentielles ont néanmoins été écartées et un bilan biologique approfondi n'a révélé aucune anomalie. La piste médicamenteuse a alors été envisagée. On a conseillé à la patiente de cesser l'escitalopram (pour la dépression), mais ses symptômes ont persisté. On a alors suspecté que la douleur brûlante soit de nature neuropathique, et on lui a donc prescrit de la gabapentine et de la pilocarpine. Toutefois, l’amélioration a été minime et la patiente a eu davantage d'effets indésirables. Lors de sa visite suivante au centre de soins primaires, on a remplacé le lisinopril par un autre agent antihypertenseur. Deux semaines après ce changement de médicament, la patiente a signalé une amélioration substantielle de ses symptômes. En présence de syndrome de la bouche brûlante sans cause facilement identifiable, il convient de vérifier si le patient prend un inhibiteur de l'ECA et d'essayer de le remplacer par un autre antihypertenseur. Il est important que les professionnels de la santé reconnaissent cet effet indésirable peu courant des inhibiteurs de l'ECA, car il peut être négligé et mener à des investigations et des cascades médicamenteuses inutiles.

Syndrome de la bouche brûlante: et si c'était dû à un inhibiteur de l'ECA?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes