Superfruits d’ici et d’ailleurs (2e partie) - Les secrets de l’acérola, de l’argousier, du baobab et du camu-camu

Dans la chronique précédente, publiée dans le numéro d’octobre, nous avons abordé la notion de superfruit pour ensuite présenter l’un de ces fruits, l’açaï, et discuter de la validité des diverses allégations à son sujet. Continuons ici notre survol des superfruits.Acérola. Malphigia glabraL’acérola, aussi appelée « cerise de la Barbade » ou « cerise des Antilles », est un fruit rouge qui ressemble beaucoup à la cerise, d’où son nom. Elle est particulièrement riche en vitamine C et en flavonoïdes/polyphénols. Outre son usage alimentaire et sa réputation méritée d’antioxydant, elle est utilisée traditionnellement comme diurétique, antifongique et contre les rhumes1.On retrouve souvent l’acérola sous forme d’extrait ou simplement de poudre séchée dans les comprimés de vitamine C. Cette association n’est pas fortuite. Il semble que la vitamine C soit mieux absorbée et mieux retenue par les tissus en présence des flavonoïdes de l’acérola2.Comme pour la plupart des fruits, le contenu nutritionnel et en antioxydants de l’acérola augmente avec le murissement3. Ses polyphénols auraient un effet chemoprotecteur (antigénotoxique) qui commanderait des études plus approfondies4.Sur Medline, on ne retrouve qu’une seule étude clinique à propos d’un produit topique complexe (contenant entre autres du lycopène, de l’acérola, de l’extrait de pépins de raisin et un composé d’origine marine) qui aurait des effets significatifs sur les rides et la tonicité de la peau5. Autrement, seuls des documents à propos de son contenu nutritionnel intéressant sont disponibles.Argousier.Hippophae rhamnoides L.L’argousier (sea buckthorn en anglais) est peu connu, mais est promis à un développement intéressant dans les années à venir. Cet arbuste est très résistant sous nos latitudes nordiques. D’ailleurs, ses caractéristiques de résistance ont mené les Allemands à l’utiliser largement pour la réhabilitation des sols et des écosystèmes pollués6.On surnomme parfois l’argousier « olive de Sibérie » à cause de ses feuilles allongées et des qualités nutritionnelles de ses fruits et de son huile. Il n’a cependant aucun lien botanique avec l’olive.L’argousier est très connu et utilisé en Europe et en Asie. Des produits d’origine allemande ou provenant des pays de l’Est sont déjà disponibles au Québec. Après un départ mal structuré, la culture de l’argousier se développe maintenant bien au Québec, mais son plus grand problème est la récolte puisque l’arbuste possède des épines particulièrement rébarbatives et que ses fruits ont la fâcheuse habitude de pousser tout près de celles-ci7.Le fruit de l’argousier est riche en : Carotènes, dont la zéaxanthine;Polyphénols et flavonoïdes, notamment le kaempférol, la quercétine et leurs dérivés;Tocophérols (vitamine E);Vitamine K;Vitamine C;Phytostérols;Acides gras polyinsaturés (notamment oméga-3) et mono-insaturés (oméga-7) cardio-protecteurs;Acides organiques divers;Zinc.Toutes les parties de l’argousier sont traditionnellement utilisées. Les fruits sont employés pour la toux grasse et les rhumes, pour améliorer la circulation sanguine et les fonctions du système digestif et même comme laxatif. On les utilise aussi pour soulager les affections cutanées et l’asthme.Il existe trois types de produits à base d’argousier : les fruits et jus de fruit, l’huile et les feuilles. Les feuilles sont moins connues, mais sont utilisées sous forme de thé, pour leur contenu en catéchines similaire au thé vert, ou en application locale comme vulnéraire8.De nos jours, les recherches sur les applications alimentaires et médicinales de l’argousier sont nombreuses6. Ces recherches portent sur les effets suivants :effets antioxydants, immunomodulateurs et anticancer;effets hépatoprotecteurs;effets antistress et adaptogènes;protection contre les dommages hypoxiques;effets cardioprotecteurs et anti-athérogènes;effets antibactériens et antiviraux;effets vulnéraires et cicatrisants sur des plaies aiguës ou chroniques.Des essais cliniques ont obtenu des résultats intéressants :Un supplément d’huile d’argousier a eu des effets positifs sur le syndrome des yeux secs9,10.Les flavonoïdes de l’argousier administrés à des volontaires sains ont amélioré leur profil cardiovasculaire : ils ont diminué le taux de LDL oxydés, la protéine réactive C et l’homocystéine et ont amélioré le potentiel antioxydant des volontaires11,12.Une étude semble révéler des effets positifs chez des patients atteints de fibrose hépatique13.Dans une étude à double insu, un produit contenant l’huile extraite de la pulpe de fruit d’argousier aide à diminuer les symptômes de la dermatite atopique (eczéma)13.L’argousier est en train de se tailler une place enviable parmi tous les fruits et superfruits. Il faudra surveiller le développement de cette industrie ici même, au Québec, dans les années à venir.Le baobab.Adansonia digitata Le baobab est cet arbre immense des savanes africaines (le diamètre de son tronc peut atteindre 11 mètres) qui résiste à la chaleur et à la sécheresse. Il peut passer des mois sans feuilles, ce qui lui a valu le surnom d’arbre à l’envers : ses branches dénudées ressemblent plus à des racines qu’à des branches.Le fruit du baobab est riche en vitamine C, en minéraux (particulièrement en calcium) et en fibres. Il est très nutritif et est de plus en plus utilisé en Afrique pour subvenir aux besoins de la population locale15,16. On l’emploie même dans des recettes pour traiter la diarrhée infantile17. Malgré ses caractéristiques nutritionnelles intéressantes et les efforts répétés de certains importateurs pour développer le marché, le baobab restera un produit exotique mineur à cause du problème d’approvisionnement. En effet, la saison de production est courte et le besoin local, grand15,16.Le camu-camu.Myrciaria dubiaLe camu-camu est un autre petit fruit de l’Amazonie riche en antioxydants et en vitamine C. L’intérêt pour ce petit fruit augmente depuis les années 1990 puisqu’il est l'un des plus riches en vitamine C18. Son goût est très acide et son usage alimentaire autochtone, très limité19. Par contre, il fait l’objet d’un intérêt grandissant du ministère de l’Agriculture du Brésil pour son potentiel nutritionnel et commercial20. Certains produits contenant du camu-camu allèguent un effet contre le rhume, mais il n’existe aucune démonstration scientifique de cet effet17.Récemment, des études in vitro et ex vivo ont montré un effet antigénotoxique et antioxydant important chez des souris21. De plus, un effet anti-inflammatoire a aussi été démontré in vitro, in vivo et chez des volontaires fumeurs 22,23. On ne verra pas de sitôt le camu-camu sur les tablettes des épiceries. En revanche, comme ingrédient d’autres jus ou de suppléments, il est de plus en plus populaire.RéférencesAcérola :Informations générales : www.tradewindsfruit.com/acerola.htm1. Rainforest Tropical Plant Database Acerola (Malphigia Glabra). http://rainforest-database.com/plants/acerola.htm2. Uchida E, Kondo Y, Amano A, Aizawa S, Hanamura T, Aoki H, Nagamine K, Koizumi T, Maruyama N, Ishigami A. Absorption and excretion of ascorbic acid alone and in acerola (Malpighia emarginata) juice: comparison in healthy Japanese subjects. Biol Pharm Bull. 2011;34(11):1744-7. PubMed PMID: 22040889.3. Oliveira Lde S, Moura CF, De Brito ES, Mamede RV, De Miranda MR. Antioxidant Metabolism during Fruit Development of Different Acerola (Malpighia emarginata D.C.) Clones. J Agric Food Chem. 2012 Aug 15;60(32):7957-64. PubMed PMID: 22834960.4. Nunes Rda S, Kahl VF, Sarmento Mda S, Richter MF, Costa-Lotufo LV, Rodrigues FA, Abin-Carriquiry JA, Martinez MM, Ferronatto S, Ferraz Ade B, da Silva J. Antigenotoxicity and antioxidant activity of Acerola fruit (Malpighia glabra L.) at two stages of ripeness. Plant Foods Hum Nutr. 2011 Jun;66(2):129-35. PubMed PMID: 21503669.5. Costa A, Lindmark L, Arruda LH, Assumpção EC, Ota FS, Pereira Mde O, Langen SS. Clinical, biometric and ultrasound assessment of the effects of daily use of a nutraceutical composed of lycopene, acerola extract, grape seed extract and Biomarine Complex in photoaged human skin. An Bras Dermatol. 2012 Jan-Feb;87(1):52-61. PubMed PMID: 22481651.Argousier :Références générales : http://fr.wikipe dia.org/wiki/Argousier; www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nou velles/Fiche.aspx?doc=20070821486. Suryakumar G, Gupta A. Medicinal and therapeutic potential of Sea buckthorn (Hippophae rhamnoides L.). J Ethnopharmacol. 2011 Nov 18;138(2):268-78. PubMed PMID: 21963559.7. Association des producteurs d’argousier du Québec. www.argousier.qc.ca/fra/la-culture-de-largousier/largousier.asp8. Upadhyay NK, Kumar MSY, Gupta A. Antioxidant, cytoprotective and antibacterial effects of Sea buckthorn (Hippophae rhamnoides L.) leaves. Food and Chemical Toxicology. 2010; 48, 3443–3448.9. Järvinen RL, Larmo PS, Setälä NL, Yang B, Engblom JR, Viitanen MH, Kallio HP. Effects of oral sea buckthorn oil on tear film fatty acids in individuals with dry eye. Cornea. 2011 Sep;30(9):1013-9. PubMed PMID: 21832964.10. Larmo PS, Järvinen RL, Setälä NL, Yang B, Viitanen MH, Engblom JR, Tahvonen RL, Kallio HP. Oral sea buckthorn oil attenuates tear film osmolarity and symptoms in individuals with dry eye. J Nutr. 2010 Aug;140(8):1462-8. Epub 2010 Jun 16. PubMed PMID: 20554904.11. Suomela JP, Ahotupa M, Yang B, Vasankari T, Kallio H. Absorption of flavonols derived from sea buckthorn (Hippophaë rhamnoides L.) and their effect on emerging risk factors for cardiovascular disease in humans. J Agric Food Chem. 2006 Sep 20;54(19):7364-9. PubMed PMID: 16968106.12. Eccleston C, Baoru Y, Tahvonen R, Kallio H, Rimbach GH, Minihane AM. Effects of an antioxidant-rich juice (sea buckthorn) on risk factors for coronary heart disease in humans. J Nutr Biochem. 2002 Jun;13(6):346-354. PubMed PMID: 12088800.13. Gao ZL, Gu XH, Cheng FT, Jiang FH. Effect of sea buckthorn on liver fibrosis: A clinical study. World J Gastroenterol. 2003 Jul;9(7):1615-7. PubMed PMID: 12854177.14. Yang B , Kalimo KO, Mattila LM, Kallio SE, Katajisto JK, Peltola OJ, Kallio HP. Effects of dietary supplementation with sea buckthorn (Hippophaë rhamnoides) seed and pulp oils on atopic dermatitis. J Nutr Biochem 1999;10(11):622-30. PubMed PMID: 15539258.Baobab :Références générales : www.baobab-fruit.com/; http://en.wiki pedia.org/wiki/Adansonia_digitata; http://en.wikipedia.org/wiki/Baobab_tree15. Buchmann C, Prehsler S, Hartl A, Vogl CR. The importance of baobab (Adansonia digitata L.) in rural West African subsistence--suggestion of a cautionary approach to international market export of baobab fruits. Ecol Food Nutr. 2010 May-Jun;49(3):145-72. PubMed PMID: 21883078.16. Chadare FJ, Linnemann AR, Hounhouigan JD, Nout MJ, Van Boekel MA. Baobab food products: A review on their composition and nutritional value. Crit Rev Food Sci Nutr. 2009 Mar;49(3):254-74. Review. PubMed PMID: 19093269.17. Tal-Dia A, Toure K, Sarr O, Sarr M, Cisse MF, Garnier P, Wone I. A baobab solution for the prevention and treatment of acute dehydration in infantile diarrhea. Dakar Med. 1997;42(1):68-73. French. PubMed PMID: 9827122.Camu-Camu :Référence générale : http://en.wikipedia.org/wiki/Myrciaria_dubia18. Elesbão Alves R, Cunha Filgueiras HA, Hebster Moura CF, Costa Araújo NC, Silva Almeida A. Camu-Camu (Myrciaria dubia Mc Vaugh): A Rich Natural Source of Vitamin C. Proc. Interamer. Soc. Trop. Hort. 2002;46:11-13.19. Tropical Plant Database CAMU-CAMU (Myrciaria dubia) http://rainforest-database.com/plants/camu.htm20. Akter MS, Oh S, Eun JB, Ahmed M. Nutritional compositions and health promoting phytochemicals of camu-camu(Myrciaria dubia) fruit: A review. Food Research International 2011:44:1728–3221. Da Silva FC, Arruda A, Ledel A, Dauth C, Romão NF, Viana RN, de Barros Falcão Ferraz A, Picada JN, Pereira P. Antigenotoxic effect of acute, subacute and chronic treatments with Amazonian camu-camu (Myrciaria dubia) juice on mice blood cells. Food Chem Toxicol. 2012 Jul;50(7):2275-81. Epub 2012 Apr 21. PubMed PMID: 22542553.22. Yazawa K, Suga K, Honma A, Shirosaki M, Koyama T. Anti-inflammatory effects of seeds of the tropical fruit camu-camu (Myrciaria dubia). J Nutr Sci Vitaminol (Tokyo). 2011;57(1):104-7. PubMed PMID: 21512298.23. Inoue T, Komoda H, Uchida T, Node K. Tropical fruit camu-camu (Myrciaria dubia) has anti-oxidative and anti-inflammatory properties. J Cardiol. 2008 Oct;52(2):127-32. Epub 2008 Jul 29. PubMed PMID: 18922386.

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