«Super infirmière = super conditions de travail»: l’AIPSQ donne l’heure juste

«Dire qu’on a le beau rôle, c’est mal connaître la réalité des infirmières praticiennes.» Invitée à réagir à notre article sur la rémunération des médecins, publié dans le dernier numéro de Profession Santé, la présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), Christine Laliberté, a souhaité rétablir quelques faits en ce qui a trait à la rémunération des IPS. Le statut de salarié des IPS, que semblent envier certains des médecins qui se sont confiés à Profession Santé (voir la citation ci-dessous), vient avec son lot d’avantages, convient-elle: congés payés (de trois à quatre semaines, selon l’ancienneté), jours fériés, fonds de pension, etc. Quant au salaire, il permet «un rythme de vie qui n’est pas jet set non plus», relativise Mme Laliberté. Le taux horaire d’une infirmière praticienne varie de 30$ en début de carrière à 63$ au dernier échelon. Sur la base d’un temps complet (40 heures par semaine), cela représente un salaire annuel de 62 400$ à 132 700$, auquel peuvent s’ajouter diverses primes selon les milieux de soins. À titre de comparaison, la rémunération brute d'un omnipraticien était en moyenne de 360 000 $ en 2021. Le statut des IPS a également ses inconvénients par rapport à celui de travailleur autonome des médecins, souligne la présidente de l’AIPSQ. «Quand on est conventionné, on ne peut pas faire ce qu’on veut. Nos congés doivent être approuvés et une IPS qui veut faire du temps supplémentaire doit en faire la demande, qui est souvent refusée.» Les IPS ne contrôlent pas leur pratique La question du nombre de patients pris en charge par les uns et les autres, comme celle des «horaires relaxes», est un enjeu «plus délicat», selon Christine Laliberté, car il n’est pas du ressort des infirmières praticiennes. Elle rappelle qu’une IPS dans un groupe de médecine familiale (GMF) «ne choisit pas son case-load. Il relève de l’équipe médicale et de la latitude qu’on lui confie. Si elle veut voir plus de patients, ça ne dépend pas d’elle.» Lire aussi: Le chantier immense de la répartition des tâches entre médecins et infirmières Par exemple, dans le GMF où Mme Liberté mène le projet pilote Archimède depuis 2017, les six omnipraticiens et les quatre IPS ont une entente de collaboration qui permet à ces dernières d’exploiter leurs compétences. «Quand l’autonomie est là et que l’interdisciplinarité fonctionne, une infirmière praticienne peut suivre un bassin de patients équivalent à celui d’un médecin de famille», affirme-t-elle. À la clinique Saint-Vallier, située dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, «les 68 heures d’ouverture requises sont (ainsi) couvertes à 75% par les IPS», un médecin pouvant être consulté en tout temps par l’IPS de garde. Le mécanisme d’inscription des patients auprès des GMF plutôt que de chaque omnipraticien, tel que le permettra l'adoption de la Loi visant à augmenter l’offre de services de première ligne et à améliorer la gestion de cette offre le printemps dernier, pourrait éventuellement encourager l’interdisciplinarité et renforcer le rôle des IPS ainsi que des autres professionnels de la santé, comme les physiothérapeutes. «Si les médecins délèguent, les cliniques pourront prendre plus d’inscriptions. Qui va inscrire et à quelles conditions? On ne le sait pas encore», ajoute la présidente de l’AIPSQ.

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