Substances contrôlées: l'exemption à la LRCDAS doit devenir permanente, selon des chercheurs

«Il n'existe actuellement aucune preuve suggérant qu'il y ait eu des résultats négatifs associés à l'élargissement du champ d'exercice des pharmaciens dans le cadre des exemptions temporaires», écrivent les auteurs du rapport, Brett Skinner, président-directeur général du Canadian Health Policy Institute et rédacteur en chef de la revue Canadian Health Policy, ainsi que Sarah Lussier-Hoskyn, chercheuse associée au Canadian Health Policy Institute. L'exemption en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRCDAS), accordées en mars 2020 par Santé Canada, vise à faciliter la continuité de l'accès au traitement par agonistes opioïdes (TAO) pendant la pandémie. Ce traitement est prescrit aux personnes souffrant d’un trouble de l'usage des opioïdes (TUO). Ainsi, depuis deux ans, les pharmaciens peuvent procurer à leurs patients des traitements tels que la méthadone, la buprénorphine/naloxone ou la buprénorphine, qui aident à prévenir le sevrage et à réduire les envies. Alors qu'elle devait expirer en octobre 2020, l'exemption fédérale a été prolongée jusqu’en septembre 2021, puis jusqu'au 30 septembre 2026, ou jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par une autre exemption ou bien révoquée. Les provinces ont toutefois le droit de révoquer cette exemption avant la date d’échéance. Par exemple, en Ontario, cette exemption expirera le 7 avril prochain. Est-ce que le Québec révoquera cette exemption avant 2026? Au moment d’écrire ses lignes jeudi, le ministère de la Santé et des Services sociaux n’avait pas répondu à notre question. Depuis plusieurs années, l’Ordre des pharmaciens du Québec réclame lui aussi au gouvernement du Canada que ses membres puissent prolonger ou ajuster une ordonnance de stupéfiants, de drogues contrôlées et d’autres substances ciblées. Appui des pharmaciens La majorité des pharmaciens (71%) sont à l’aise avec l’application des exemptions à la LRCDAS dans la pratique, montre d'ailleurs une enquête de l'Association des pharmaciens du Canada, réalisée en octobre 2021 auprès de 1500 pharmaciens canadiens. Ils semblent néanmoins plus «à l’aise» avec la prolongation ou le renouvellement des ordonnances pour le traitement par agonistes opioïdes (56%) qu'avec l'ajustement d'une ordonnance d'opioïdes pour un patient souffrant de douleurs chroniques non cancéreuses (33%). Par ailleurs, 79% des pharmaciens pensent que les exemptions ont eu un impact positif sur les patients; 70% notent une amélioration du lien de confiance avec le patient. Enfin, 69% en retirent une satisfaction professionnelle et 65% y voient une amélioration en termes d'efficacité et de charge de travail. Permettre aux pharmaciens de prescrire Les auteurs du rapport croient même que les gouvernements devraient aller encore plus loin et permettre aux pharmaciens de prescrire un traitement par agoniste opioïde. Selon eux, comme les TAO ont un grand potentiel pour réduire les méfaits associés aux troubles liés à l’utilisation d’opioïdes, «il est contre-productif d’interdire aux pharmaciens de prescrire [ce traitement] lorsqu'un médecin n'est pas disponible». À l’heure actuelle, les restrictions réglementaires du Canada et des provinces sur le champ d’exercice des pharmaciens en ce qui concerne la prescription et l’administration d’agonistes opioïdes constituent un obstacle à l’accès au traitement pour les patients atteints de trouble de l'usage des opioïdes, jugent-ils. Pour le moment, la prescription des drogues et des substances contrôlées est limitée aux médecins, aux dentistes, aux vétérinaires et aux infirmières praticiennes spécialisées.

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