Sommes-nous vraiment obligés de remplir les formulaires d'invalidité?

Formulaires, formulaires, formulaires Ils se multiplient comme des vers Ils brisent nos journées Quand ils arrivent en giboulée Formulaires, formulaires, formulaires. Ils inondent nos journées Et refusent de s'en aller Ils sont partout dans l’air Formulaires, formulaires, formulaires Pour un avenir plus radieux Nous nous efforcerons de notre mieux De les remplir de façon protocolaire Formulaires, formulaires, formulaires. Bien que je fasse de mon mieux pour que les formulaires deviennent mes amis, je continue à prévenir les patients que s'ils ne sont pas admissibles, ils finiront par payer pour que je les remplisse sans rien gagner au final. Je les laisse donc décider s'ils veulent aller de l'avant ou non. Toutefois, le formulaire d'invalidité est un peu différent. Il n'est pas rare que les patients essaient par tous les moyens de nous convaincre qu'ils sont handicapés ou de se rendre admissibles. Un psychiatre m'a dit que nous ne sommes que des remplisseurs de formulaires, pas des juges, et qu'à ce titre, nous devons remplir les formulaires d'invalidité lorsque les patients nous le demandent. Le cas de M. A M. A est âgé de 43 ans, sans emploi, marié et père de cinq enfants. Cet homme est dépendant à la pornographie depuis 14 ans, passe toute la nuit à regarder du porno, dort la journée, mais souffre néanmoins de privation de sommeil, et vit de l'aide sociale et des allocations familiales. Il y a longtemps, j'avais diagnostiqué chez lui un trouble de la personnalité. Il a vu un psychiatre qui lui a donné le même diagnostic. M. A a refusé les traitements à chaque visite, préférant «travailler sur lui-même sans médicament ni psychothérapie». Une nuit, il a fait une crise et est devenu délirant. Il s'est rendu aux urgences et un psychiatre l'a mis sous antipsychotiques. Il n'a pas révélé sa dépendance au psychiatre. Après quelques visites à mon cabinet et de multiples ajustements et changements de médicaments, il était stabilisé. Il a refusé de voir un psychothérapeute parce qu'il n'a pas d'assurance. Il a refusé d'être référé à qui que ce soit, refusant que quelqu'un soit au courant de sa dépendance. Son délire et ses hallucinations ont été causés par le fait qu'il avait mal dormi pendant plusieurs jours et nuits d’affilée, car il était trop occupé à regarder des vidéos pornographiques. À mon avis, outre sa personnalité dépendante, s’il regarde du porno et est devenu dépendant, c’est principalement parce qu'il n'a rien à faire dans la vie. J'ai essayé de le pousser à trouver un emploi, mais il a démissionné au bout d'une semaine environ parce que cela ne lui convenait pas. Il a aussi quitté son deuxième emploi car il ne pouvait pas se lever tôt. Quelques semaines après la première consultation, il a apporté un formulaire à remplir, déclarant que sa psychose antérieure était la cause de son handicap. Je lui ai dit que, selon moi, il n'est pas handicapé puisque son état est stable et réversible, et que s'il trouvait un emploi, il aurait le temps de dormir durant la nuit et aurait de l'argent pour consulter un psychothérapeute afin de gérer sa dépendance. J'étais d’ailleurs persuadé que celle-ci pourrait s'atténuer et se dissiper s'il continuait à travailler régulièrement. Il n'était pas satisfait de ma réponse. Quoi qu’il en soit, je lui ai demandé de signer un consentement m'autorisant à divulguer toutes ses affections et précisant que «je ne suis pas responsable de l'issue de son handicap», ce qu'il a fait. En remplissant le formulaire, j'ai énuméré toutes ses affections, y compris sa dépendance à la pornographie, car je la perçois comme un trouble et non comme un choix. M. A a déchiré le formulaire devant le bureau d'accueil et a quitté la clinique. Quelques mois plus tard, il est revenu avec un nouveau formulaire, affirmant que son assistant social avait pris des dispositions pour qu'il voie un avocat, et ce dernier lui a dit que son médecin devait remplir le formulaire et ne pas mentionner ce qu'il ne voulait pas inclure. Selon lui, l'avocat lui a même conseillé d'intenter un procès contre moi si je ne cédais pas à sa demande. Bien que je ne sois pas sûr que l'avocat ait réellement dit cela à M. A, je lui ai conseillé de demander à son avocat de lui trouver un nouveau médecin. Ainsi, je lui ai fait une ordonnance pour ses médicaments pour six mois et lui ai dit de chercher un autre médecin. Depuis, je ne l'ai pas revu. À la suite de cet incident, je me suis demandé si ce que le psychiatre m'avait dit était bien vrai. Comment procéder si nous croyons que le patient n'est pas admissible? Sommes-nous vraiment obligées de remplir les formulaires d'invalidité? Avons-nous la possibilité d'omettre une condition médicale à la demande d'un patient? Que feriez-vous si M. A était votre patient?

Sommes-nous vraiment obligés de remplir les formulaires d'invalidité?

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