Sida: l'INSPQ demande à Québec de revoir sa stratégie

Alors que le président américain Donald Trump a affirmé, dans son discours de l’état de l’Union mardi, vouloir éradiquer le sida aux États-Unis en 10 ans, l'ONUSIDA confirme que c'est possible si trois cibles sont atteintes. Selon un document de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publié mercredi, le Québec est loin de pouvoir y parvenir.Les trois cibles de l’ONUSIDA sont connues sous le concept « 90-90-90 », c’est-à-dire que 90 % des personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) connaissent leur statut, que 90 % des personnes qui se savent infectées soient sous traitement et que 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale durablement supprimée.Actuellement, les stratégies mises en place au Québec ne permettent pas d’atteindre la première cible de l’Organisation mondiale de la Santé, constate l’INSPQ. En effet, selon le document, à la fin de 2016, 14 % des personnes porteuses du VIH au Canada ignoraient être infectées.« Il faut inévitablement mettre fin à l’exceptionnalisme du dépistage du VIH et à la stigmatisation du test de dépistage et de l’infection elle-même », affirme le comité sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang de l’INSPQ.Pour ce faire, le gouvernement doit mettre en œuvre une stratégie d’offre universelle de dépistage du VIH à toute personne entre 18 et 65 ans au moins une fois à vie, estime l’Institut. Le but est de rejoindre les personnes vivant avec le VIH ignorant leur statut sérologique et ainsi permettre d’atteindre la première cible de l’ONUSIDA. Selon une revue de la littérature, l’offre universelle semble favoriser le dépistage précoce de l’infection qui apporte « des bénéfices tant sur le plan clinique de personnes vivant avec le VIH que pour la santé de la population ».Le gouvernement devrait également considérer une offre universelle de dépistage après 65 ans, mentionne l’INSPQ.Plus de dépistage pour les personnes à risqueCette offre universelle doit être combinée à une offre intensifiée de dépistage ciblé auprès des personnes ayant des facteurs de risque, telles que les travailleuses du sexe, les homosexuels, les transsexuels et les personnes originaires d’une région où le VIH est endémique.L’INSPQ suggère d’offrir régulièrement le dépistage du VIH aux personnes à risque élevé de contracter l’infection. Par exemple, en offrir tous les trois à six mois aux personnes pour lesquelles les comportements à risque de transmission ou l’exposition au VIH sont présents de façon continue.Pour augmenter la détection de nouveaux cas, les tests de dépistage rapide constituent des outils incontournables, en particulier lors du travail de proximité auprès des populations clés, souligne l’INSPQ. Toutefois, une seule trousse de dépistage, dispendieuse et exigeante sur le plan de l’assurance qualité est homologuée au Canada, ce qui représente un frein majeur à son utilisation au Québec, note-t-on.

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