Santé mentale: Les guichets d’accès n’ont pas amélioré l’accès à la deuxième ligne

Le Plan d’action en santé mentale 2005-2010 mis à exécution il y a six ans aura permis d’améliorer l’accès aux soins et aux services en santé mentale en première ligne pour les cas moins lourds qui sont traités en première ligne.Mais les guichets d’accès qui ont été mis en place n’auront pas permis d’améliorer ou d’accélérer l’accessibilité à la deuxième ligne, déplore le président de l’Association des médecins psychiatres du Québec, le Dr Brian G. Bexton.Comme le ministère, il souligne que le plan d’action a amené des progrès à certains niveaux, mais il ajoute de son côté que la demande en santé mentale dépasse toujours l’offre, malgré l’apport des médecins de famille.« Nous sommes tout à fait d’accord avec l’ouverture des services en première ligne. Notre inquiétude dès le début, c’était de s’assurer qu’il y aurait des médecins disponibles en première ligne », précise-t-il.Sa crainte était fondée. Dans l’évaluation qu’il a faite de son Plan d’action, le ministère a souligné qu’il manque toujours d’omnipraticiens qui font de la santé mentale.« Notre deuxième inquiétude, ajoute le Dr Bexton, c’était de préserver nos équipes en deuxième ligne. »Le ministère avait évalué que les psychiatres pourraient transférer environ la moitié des patients en psychiatrie en première ligne. Mais en même temps, la moitié des équipes (psychologue, travailleur social, infirmière) devaient suivre en première ligne également.« Ce sont des mathématiques complètement erronées, s’exclame le Dr Bexton. Si nous transférons la moitié de mon équipe, je n’ai plus assez de gens pour travailler avec des gens très malades. »Au sujet des médecins répondants en psychiatrie qui vont voir les équipes en première ligne, il souligne que cette mesure se met en place tranquillement, mais pas à la vitesse souhaitée.« Un des problèmes, dit-il, c’est que les médecins généralistes ne sont pas toujours au rendez-vous. Nous constatons aussi qu’ils ne souhaitent pas nécessairement passer deux heures ou trois heures avec un médecin spécialiste et discuter des patients. Ils veulent plutôt une opinion plus rapide. Il y a donc une résistance au changement. »En regard des guichets d’accès qui ont été mis en place et qui servent en quelque sorte de filtre, le Dr Bexton estime qu’il s’agit d’une note positive « qui fonctionne partiellement bien ». Ces guichets auront notamment permis d’éviter des consultations inutiles en deuxième ligne.Son gros bémol, c’est qu’ils ne fonctionnent pas de façon égale partout et qu’ils ne facilitent pas l’accès au médecin spécialiste pour les patients qui en ont réellement besoin. Un médecin de famille ou un urgentologue ne peut plus adresser lui-même un patient vers le psychiatre. Il doit le diriger au guichet pour y être évalué, où il sera peut-être dirigé en deuxième ligne.« Ce système, c’est bien pour des gens qui consultent pour des problèmes légers et modérés, dit le Dr Bexton. Mais pour les patients que nous voyons en deuxième ligne, ce n’est pas nécessairement plus facile qu’autrefois parce qu’ils devront d’abord passer par le guichet d’accès, qui déterminera s’ils seront orientés vers une clinique spécialisée. »Le Dr Bexton surnomme ces guichets d’accès « guichets automatiques » car il faut automatiquement y passer avant d’être dirigé en deuxième ligne…« Techniquement, dit-il, les choses devraient aller légèrement plus vite si on élimine des gens sur la liste d’attente. Mais dans les faits, les services en psychiatrie sont sollicités au maximum. En outre, certains guichets manquent souvent de médecins. »Le président de l’Association des médecins psychiatres trouve néanmoins que la situation s’est améliorée pour les patients légers et modérés qui sont en première ligne et qui y restent. Toutefois, la capacité des services rendus à ce niveau se heurte à sa propre barrière due à la pénurie de médecins de famille et à ceux qui sont intéressés à faire de la santé mentale.

Santé mentale: Les guichets d’accès n’ont pas amélioré l’accès à la deuxième ligne

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