Sanctionné pour avoir remis un contraceptif à une patiente en processus de FIV

En juillet 2020, l’employé d’une pharmacie montréalaise a remis par erreur du médroxyprogestéron (Depo-Provera) au lieu de la progestérone, comme l’indiquait l’ordonnance rédigée électroniquement. Pourtant, l’outil Rx Vigilance, le logiciel de soutien clinique pour les professionnels de la santé, prévoit l’avertissement suivant pour la progestérone: «Ne pas confondre avec médroxyprogestérone (Depo-Provera).» Comme l’ordonnance provenait d’une clinique spécialisée et que la patiente était médecin, Kelvin Brière a limité «son analyse et ses vérifications au minimum, bien qu’il reconnaisse que c’était la première fois qu’il exécutait une telle ordonnance», rapporte la décision du conseil disciplinaire de l’Ordre des pharmaciens. Malgré son manque de familiarité avec la médication pour la fertilité, il n’a pas sollicité l’aide de ses collègues et n’a pas consulté la monographie des médicaments. Au moins d’août, cinq jours avant le transfert des embryons, la patiente commence à s’injecter le Depo-Provera - pensant qu'il s'agissait de progestérone - en prévision de la procédure de fécondation in vitro (FIV). Quelques jours plus tard, le conjoint de la médecin informe le pharmacien de son erreur. Ce dernier présente ses excuses et avise immédiatement les propriétaires de la pharmacie de la situation. Trois mois plus tard, le bureau du syndic reçoit une demande d’enquête de la patiente visant le pharmacien. Notons que ce dernier a également été sanctionné pour avoir remis deux antibiotiques à cette patiente alors que la prise d’un seul était requise, lors de la même transaction. Affecté par la pandémie Devant le conseil de discipline, Kelvin Brière, pharmacien depuis 2013, a reconnu les faits et dit regretter l’erreur qu’il a commise, mais a tenu à mettre la situation en contexte. Sans chercher de prétexte, il a néanmoins mentionné avoir été un peu affecté par la pandémie, que l’achalandage était un peu plus important et que l’humeur des patients était parfois un peu plus difficile. Le conseil de discipline affirme toutefois que «malgré la pression découlant de l’achalandage de la pharmacie et l’impatience des patients, le pharmacien doit faire preuve de rigueur lors de la vérification et l’exécution d’ordonnance». Le Conseil reconnaît également que les événements sont survenus pendant la pandémie, ce qui a amené son lot de stress, mais qu’«il ne s’agit toutefois pas d’une justification pour de telles fautes». De plus, celui-ci rappelle que le devoir de vigilance d’un pharmacien n’est pas amoindri lorsque l’ordonnance émane d’une clinique spécialisée et que la patiente est une médecin. En outre, les infractions commises par le pharmacien sont objectivement graves, se situent au cœur de l’exercice de la profession et mettent en cause la protection du public», tranche-t-il. Dans le cas présent, la patiente a perdu une chance dans son processus de FIV, en plus de subir des conséquences physiques, psychologiques et émotionnelles, estime la syndique adjointe de l’OPQ, Marie-Josée Loiselle. Faible risque de récidive Malgré tout, le Conseil estime que son risque de récidive est faible. «Il a rapidement pris ses responsabilités à l’égard de ses fautes sans chercher de faux-fuyants.» Kelvin Brière a affirmé que pour les domaines dans lesquels il possède moins de connaissance, il effectue maintenant des vérifications et informe le patient qu’il a besoin de davantage de temps pour ce faire. Le pharmacien, qui n’avait pas d’antécédent disciplinaire, dit également utiliser la ressource électronique «UpToDate» ainsi que l’outil d’analyse et de gestion de médicaments Vigilance. Finalement, le Conseil s’est rallié à la proposition conjointe des deux parties pour imposer une sanction de 8500$ au pharmacien.

Sanctionné pour avoir remis un contraceptif à une patiente en processus de FIV

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