Salarier les médecins et réduire leur rémunération pour un réseau plus en santé?

Cette publication constitue une réponse au projet de loi 15, «Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace», présenté par le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé en mars 2023. Selon l’IRIS, «la mise en application des éléments compris dans ce projet de loi a pour effet d’amplifier les problèmes actuels [du système de santé], eux-mêmes causés en bonne partie par les réformes centralisatrices et les vagues de privatisation des dernières décennies». C’est pourquoi l’Institut a publié ses solutions, sous forme de «six remèdes» pour pouvoir «atteindre une véritable efficacité du système de santé québécois». L’IRIS précise toutefois que ces recommandations ne seraient pas des solutions instantanées, puisque leur mettre en place prendrait entre trois et six ans. «Concentration disproportionnée des ressources» L’IRIS affirme que la rémunération des médecins contribue au «mal-financement du réseau de la santé». Selon les données partagées par l’Institut, en 2021-2022, les 21 000 médecins pratiquant dans le réseau public se sont partagé une rémunération de 8,3 G$, ce qui représente 15% des dépenses totales du MSSS. «Quant au reste du personnel, il a dû se contenter d’une rémunération globale de 16,3 G$, ce qui représente moins du double de celle versée aux médecins, alors que ces effectifs sont 15 fois plus nombreux», relate l’Institut. Celui-ci ajoute que cela a pour effet de nuire au financement des autres services, dont les services sociaux. Par ailleurs, l’IRIS soutient que le statut de travailleur autonome des médecins et la rémunération à l’acte sont incompatibles avec la déprivatisation des services et le travail d’équipe. «La délégation d’actes et la prise en charge des problèmes de santé et des problèmes sociaux par d’autres professionnel·le·s que les médecins signifient des pertes de revenus pour ces derniers», peut-on lire dans la publication, qui mentionne aussi que la rémunération à l’acte encourage les médecins à surtraiter et surdiagnostiquer plutôt que de travailler dans la prévention. «Pour toutes ces raisons, et parce qu’il n’existe aucune justification au traitement différencié dont bénéficient les médecins, il est incontournable d’abolir ces privilèges et d’intégrer pleinement les médecins au réseau en tant qu’employé·e·s salarié·e·s.», a écrit l’IRIS. Création de 400 pôles santé En plus de revoir la rémunération des médecins, l’IRIS recommande également de créer un réseau de 400 «points de contact locaux directs» entre le système de santé et la population, plutôt que de confier les installations à une seule agence et un seul conseil d’administration, comme le prévoit le plan Dubé. Ces pôles seraient responsables des installations comme les hôpitaux, les CLSC et les CHSLD et couvriraient chacun un territoire de 10 000 personnes pour les milieux ruraux et de 30 000 personnes pour les milieux urbains. La création de ces pôles permettrait «d’instaurer une gestion démocratique à échelle humaine et d’inverser la chaîne de reddition de comptes, puisque le contrôle sur la qualité des services et sur la capacité des établissements à répondre aux besoins de la population ne serait plus exercé de manière centralisée et du haut vers le bas (…)», croit l’IRIS. Plus de financement demandé L’IRIS déplore que le financement du réseau se fait principalement sur «les services curatifs spécialisés et surspécialisés très coûteux, au détriment de la prévention et des services courants de première ligne». Ainsi, l’Institut recommande que le financement du réseau de la santé accorde une plus grande importance aux services sociaux, afin de viser une équité avec les dépenses en santé. L’IRIS exige également un plus grand investissement dans quatre secteurs: la santé mentale, la santé publique, les services à domicile et le secteur communautaire.

Salarier les médecins et réduire leur rémunération pour un réseau plus en santé?

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