Rhinite: différentes causes, différents traitements

La rhinite affecte jusqu’à 25 % des Canadiens. Elle est déclenchée par une variété de causes sous-jacentes et est souvent associée à d’autres affections des voies respiratoires supérieures. Elle peut être de deux types principaux: la rhinite allergique (RA) et la rhinite non allergique (RNA) — cette dernière comprend des sous-types tels que la rhinite indépendante, infectieuse ou idiopathique. Selon une revue de 2018 sur la RA réalisée par des chercheurs canadiens et publiée dans Allergy Asthma Clinical Immunology, la RA affecte 10% à 20% de la population canadienne et est en augmentation, les enfants étant les plus touchés. Alors que la rhinite allergique était autrefois considérée comme un trouble localisé affectant uniquement le nez et les voies nasales, les données probantes suggèrent désormais qu’«elle pourrait être une composante d’une maladie systémique du système respiratoire impliquant l’ensemble de l’appareil respiratoire». Elle est généralement associée à d’autres problèmes respiratoires comme l’asthme, la MPOC et la sinusite. Il existe plusieurs types de RA. La rhinite allergique locale (RAL), par exemple, correspond à une réponse allergique localisée dans la muqueuse nasale sans atopie systémique. Les approches thérapeutiques ne sont pas bien comprises, mais certaines données probantes suggèrent que l’immunothérapie allergénique peut être utile, indique le Dr Harold Kim, chef de la division d’immunologie clinique et d’allergie à l’Université Western. La RNA chronique, quant à elle, affecte 17% à 52% des adultes, et jusqu’à 34% des patients atteints de rhinite peuvent souffrir d’un mélange de RA et de RNA aussi appelé «rhinite mixte» (RM), selon une mise à jour de 2020 des paramètres de pratique aux États-Unis sur la rhinite, publiée dans le Journal of Clinical Immunology. Les approches thérapeutiques peuvent varier en fonction de la cause sous-jacente, de la fréquence des symptômes et de leur gravité. À lire aussi: Personnes vaccinées: quatre facteurs augmentent leur risque de contracter la Covid Il existe également une rhinite professionnelle, qui peut inclure des symptômes intermittents ou persistants pouvant être attribués à une exposition sur le lieu de travail et être de nature allergique ou non allergique. Le traitement implique généralement l’évitement des déclencheurs et une pharmacothérapie, telle que des antihistaminiques de deuxième génération. Certaines études suggèrent que jusqu’à 25% des personnes diagnostiquées avec une RA peuvent en fait avoir une RM, et qu’elles ont tendance à avoir des symptômes plus fréquents et plus graves. Elles sont aussi plus susceptibles d’avoir de l’asthme que les personnes atteintes de RA. En 2020, un aperçu des nouveaux traitements pour la rhinite et la sinusite a été publié dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology Practice. L’article a montré que plus de 90 % des patients atteints de RA saisonnière ont rapporté des symptômes déclenchés par des sources non allergiques, suggérant que la RM est plus fréquente que l’on pense et est probablement sous-diagnostiquée. Par ailleurs, les patients atteints de RM présentent généralement les mêmes symptômes que les personnes atteintes de RA, et ceux-ci apparaissent souvent plus tard dans la vie. Ils n’ont pas d’antécédents familiaux d’atopie, n’ont pas de symptômes saisonniers ni en lien avec les animaux à fourrure, mais présentent des symptômes déclenchés par des irritants, tels que les parfums. La forme la plus courante de RM est la rhinite vasomotrice qui est associée à une inflammation neurogène. Imitateurs Pour rendre cela encore plus déroutant, plusieurs conditions peuvent impliquer des symptômes de rhinite. C’est le cas entre autres des déviations de la cloison nasale, des collapsus de la valve nasale, des hypertrophies des cornets, du reflux pharyngonasal, des fuites de liquide céphalo-rachidien, des hypertrophies adénoïdiennes, des tumeurs nasales ou sinusales, de la présence de corps étranger dans le nez (en particulier chez l’enfant), des vascularites et autres maladies systémiques. Pour les patients atteints de rhinite, une bonne anamnèse doit être établie pour identifier les déclencheurs et déterminer s’il s’agit d’un problème allergique ou non allergique. Tous les médicaments qu’un patient utilise doivent être pris en considération, car beaucoup peuvent provoquer des symptômes de rhinite. C’est le cas des bêtabloquants, de l’acide acétylsalicylique, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des inhibiteurs de l’ l'enzyme de conversion de l'angiotensine, de l’hormonothérapie, des sprays nasaux entre autres, a expliqué le Dr Kim. L’anamnèse devrait notamment inclure des questions sur les antécédents familiaux d’atopie, d’asthme, d’atteinte des sinus, de polypes nasaux, a-t-il ajouté. Les symptômes nasaux et oculaires tels que la rhinorrhée, les démangeaisons nasales, les éternuements, la conjonctivite allergique et la congestion nasale doivent tous être évalués. Des tests diagnostiques tels que des tests cutanés peuvent également être prescrits pour aider à confirmer la RA. Les traitements initiaux de la RA légère comprennent l’évitement des allergènes, les rinçages nasaux salins et les antihistaminiques oraux de deuxième génération (loratadine, desloratadine, fexofénadine ou rupatadine). Les antihistaminiques les plus récents sur le marché canadien comprennent la rupatadine et la bilastine. Les décongestionnants peuvent offrir une aide limitée, mais ne doivent pas être utilisés à long terme, car une utilisation excessive peut provoquer des symptômes de rhinite, a indiqué le Dr Kim. À lire aussi: Cancer du poumon: Santé Canada approuve un nouveau traitement prometteur L’étape suivante du traitement peut inclure des corticostéroïdes intranasaux ou un vaporisateur combiné corticostéroïdes intranasaux/antihistaminiques. En cas d’échec, les antagonistes des récepteurs des leucotriènes – le montélukast (le zafirlukast n’est pas indiqué pour cela au Canada) – peuvent être envisagés. Toutefois, ils ne sont généralement pas aussi efficaces que les corticostéroïdes intranasaux, a-t-il précisé. Une référence vers un spécialiste peut s’avérer d’une grande aide pour les cas plus persistants. Les données probantes suggèrent que l’immunothérapie allergénique (injections contre les allergies) est efficace pour la RA après environ trois ans. L’immunothérapie sublinguale (ITSL), qui consiste à prendre un comprimé d’extrait d’allergène sous la langue jusqu’à sa dissolution, est une autre option. Les injections contre les allergies et l’ITSL sont toutes deux indiquées lorsque les autres thérapies se sont avérées insuffisantes. Certaines études montrent que l’ITSL entraîne moins d’effets indésirables que les injections contre les allergies, mais les deux sont modificateurs de la maladie, et offrent des effets pouvant persister plusieurs années après le traitement. De nouveaux traitements sont présentement à l’étude. C’est notamment le cas des immunothérapies intralymphatiques (ITIL) qui consistent en l’injection d’allergènes, guidée par ultrasons, directement dans les ganglions lymphatiques. Des études préliminaires ont démontré leur innocuité et leur efficacité. Pour les personnes atteintes en plus de sinusite et de polypes nasaux, donc de rhinosinusite chronique, l’agent biologique dupilumab (également utilisé pour l’asthme sévère) a été approuvé pour cette indication aux États-Unis. Il a été démontré qu’il réduisait les symptômes nasaux et les symptômes sinusaux. D’autres produits biologiques sont également à l’étude pour la rhinosinusite chronique. Des informations plus détaillées sur l’évaluation et la prise en charge de la rhinite allergique sont fournies dans les lignes directrices ARIA.

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