Revue 2022: le manque de main-d’œuvre au cœur des préoccupations

Cette année, la pénurie de main-d’œuvre, tant pour les pharmaciens que pour les assistantes techniques, a causé bien des maux de tête aux pharmaciens propriétaires et occasionné une surcharge de travail aux employés. «Dans ce contexte, j’estime que les prouesses accomplies en pharmacie pendant la COVID-19 sont vraiment dignes de mention», affirme le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Bertrand Bolduc, dans son mot de fin d’année paru sur le site Web de l'OPQ. Une autre pénurie a également frappé le domaine de la pharmacie, celle des médicaments. La pharmacie y est habituée, mais ces derniers mois ont été particulièrement «intenses». «Pensons aux pénuries de médicaments pour enfant à base d’acétaminophène et d’ibuprofène, un grand générateur d’anxiété chez les parents», souligne le président de l’OPQ. L’année 2022 a aussi été celle où les pharmaciens du Québec ont été les premiers pharmaciens au monde à prescrire le Paxlovid, un médicament anti-COVID. «En peu de temps, les pharmaciens sont devenus les professionnels qui prescrivent le plus ce médicament, devant les médecins. Autrement dit, ils ont pris leur nouvelle responsabilité avec assurance et ont été à la première ligne pour aider les patients!», se réjouit Bertrand Bolduc. Celui-ci rappelle également que les pharmaciens ont poursuivi la vaccination contre la COVID-19 et la distribution des tests rapides. Selon lui, ces professionnels ont contribué durablement à l’effort collectif pour combattre la COVID-19. Les pharmaciens propriétaires En septembre dernier, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires a conclu une entente de trois ans avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. Cette entente inclut notamment des ajustements tarifaires pour les activités cliniques, la vaccination et l’exécution des ordonnances de médicaments. Elle pérennise également la distribution du pilulier aux patients stables aux 14 jours plutôt qu’aux 7 jours. Par ailleurs, préoccupée par le manque de main-d’œuvre, l’AQPP a demandé au gouvernement d’augmenter les cohortes d’étudiants, la mise en place de programmes de formation accélérés pour certains types de postes en pharmacie et la reconnaissance des diplômés étrangers. Ce manque de main-d’œuvre combiné aux nouveaux actes cliniques permis et à la distribution du Paxlovid a tenu les pharmaciens propriétaires et salariés passablement occupés en 2022. D'autre part, notons qu’Accessa, une entreprise fondée en 2019 par l’AQPP et qui vise à démocratiser l’accès aux médicaments de spécialité, a poursuivi son développement. Après avoir ajouté cinq nouveaux programmes de soutien aux patients le printemps dernier, Accessa est devenu récemment le gestionnaire de programme de soutien aux patients pour les produits génériques Apo-DeferasiroxMC et Apo-Deferasirox (Type J)MC à l’échelle de la province. Ce produit est utilisé chez les patients souffrant d’une surcharge en fer se produisant notamment lors du traitement de l’anémie par de fréquentes transfusions. Les pharmaciens d’établissement Après deux ans de négociation, l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) s’est finalement entendue avec le gouvernement en début d’année. L’entente a notamment permis de pérenniser les mesures temporaires sur lesquelles planait le risque de retrait à chaque échéance de l’entente depuis environ dix ans. L’APES qui compte 1700 membres a également conclu une entente relative avec l’embauche de pharmaciens non détenteurs de la maîtrise en pharmacothérapie avancée pour la couverture prioritaire en soins de longue durée. Par ailleurs, l’organisation syndicale a conçu un microsite Web pour soutenir l’intégration harmonieuse des techniciens en pharmacie qui intégreront le marché du travail dès 2024. Cet outil a fait l’objet de nombreuses présentations ces derniers mois. Le Regroupement de pharmaciens experts de l’APES a également poursuivi la publication de plusieurs outils cliniques pertinents dans la pratique hospitalière. Notons la publication de l’outil d’aide à la décision pour l’utilisation du Paxlovid et des outils cliniques dans le secteur de la gériatrie et de la néphrologie. Ajoutons à cela qu’un guide pratique sur l’urgence sera publié dans les prochains mois. Soulignons également que le comité interprofessionnel, mis sur pied par l’APES afin de se positionner sur le parcours de soin des patients, s’est réuni plusieurs fois durant l’année. Ses travaux ont mené à la rédaction d’un rapport qui se trouve en cours de révision, indique l’association. Les pharmaciens salariés De son côté, l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ) s’est notamment attardée à la surcharge de travail en publiant un document sur le sujet ainsi qu’un guide pour aider ses membres à mieux déléguer les tâches techniques. Afin de bien négocier ses conditions de travail dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’APPSQ a publié un guide de négociation salarié/employeur. Ce guide comprenait également un modèle de contrat de travail. L’Association a aussi publié les résultats de son traditionnel enquête salariale pour les pharmaciens du secteur communautaire et autres secteurs (sauf hôpital). L’enquête a révélé qu’en 2021, le taux horaire moyen de ses 700 membres s’établissait à 60$. En plus de ces diverses publications, l’APPSQ a organisé sept webinaires de formation, participé à la table de consultation des pharmaciens avec le ministère de la Santé et des Services sociaux et aux forums des cégeps sur les formations des nouveaux techniciens en pharmacie.

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