Retraite progressive des omnipraticiens: le MSSS traîne de la patte

Motus et bouche cousue. En dépit de multiples relances ces 15 derniers jours, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a pas répondu aux questions de ProfessionSanté.ca sur la retraite progressive des médecins de famille. Depuis quatre mois, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et, par ricochet, le Collège des médecins du Québec (CMQ) attendent les orientations ministérielles qui doivent baliser la cessation graduelle d’exercice des omnipraticiens. Un dossier qui semblait ficelé fin 2023, mais qui traîne en longueur, sans que l’on sache pourquoi.Après de longs pourparlers engagés suite à la publication, en mai 2022, du rapport du Chantier sur l’accès à un médecin et la cessation d’exercice lancé par le Collège, le MSSS, le CMQ et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont conjointement annoncé, le 8 décembre dernier, de «nouvelles mesures pour favoriser une transition graduelle vers la retraite» des médecins de famille. Alors qu’un quart d’entre eux sont aujourd’hui âgés de 60 ans et plus, l’objectif est de retarder le moment où ils raccrocheront leur sarrau en leur permettant de réduire graduellement la cadence.Faute de pouvoir lever le pied en transférant facilement une partie de leur patientèle, les omnipraticiens en fin de carrière n’ont, jusqu’ici, que deux options: continuer leur pratique à 100% ou la cesser complètement, souvent à regret, en prenant définitivement leur retraite.Dans un contexte où il manquerait quelque 1200 spécialistes en médecine familiale dans la province, selon la FMOQ, et tandis que 630 411 Québécoises et Québécois sont inscrits au guichet d’accès à un médecin de famille (en date du 15 mars), «on ne veut plus se retrouver avec des médecins qui ont l’âge de leur retraite […] et qui, tout à coup, pour certains qui suivent 1000, 1200 ou 1500 personnes, délaissent leurs patients, et que 1500 patients se retrouvent sans médecin de famille», expliquait à La Presse le président du Collège, le Dr Mauril Gaudreault, au moment de l’annonce conjointe du MSSS, du CMQ et de la FMOQ.Le communiqué publié le 8 décembre précisait qu’un «guide d’accompagnement a été élaboré» et qu’il serait diffusé au début de 2024. Ce document doit préciser les obligations déontologiques du médecin de famille qui voudra réduire ses activités professionnelles, notamment en termes de suivi auprès de sa patientèle, ainsi que la démarche à suivre pour aviser ses patients.«C’est décourageant»Mi-janvier, la porte-parole du Collège, Leslie Labranche, indiquait que «nous aimerions publier ce document au courant des prochaines semaines (en février si cela est possible)». Relancée mi-mars par ProfessionSanté.ca, elle déclarait que le CMQ était «en attente d’une démarche par la RAMQ pour ajuster les codes en marge du délestage progressif de la patientèle». De son côté, la FMOQ incombe également le retard à la RAMQ qui était censée produire un formulaire ad hoc pour permettre aux omnipraticiens de lister les patients dont ils veulent se délester. Sollicitée à son tour, la Régie renvoie toutefois la balle au ministère. «Ce dossier relève du MSSS. Nous pourrons avancer dans ce dossier lorsque le MSSS aura statué sur les orientations», explique dans un courriel la porte-parole de la RAMQ, Caroline Dupont.Lire aussi: Pourquoi vous ne devriez pas prendre votre retraitePourquoi le MSSS n’a-t-il pas encore transmis ses orientations à la RAMQ? Où en est leur élaboration? Et quels sont les enjeux auxquels le MSSS est confronté en lien avec la définition des modalités de la retraite progressive des omnipraticiens? Autant de questions qui restent, à ce jour, sans réponse de la part du ministère.La situation irrite le président de la FMOQ, alors que nombre d’omnipraticiens sexagénaires commencent à s’impatienter en relançant la Fédération à ce sujet. «On a travaillé fort avec le Collège et le MSSS pour parvenir à une entente», signale le Dr Marc-André Amyot. «C’est décourageant de constater qu’on laisse traîner un dossier pourtant simple à régler.» Pour lui, «c’est une autre indication que la première ligne n’est pas la priorité du gouvernement».

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