Réimaginer les cliniques grâce aux technologies actuelles et futures

Imaginez un peu…Une femme de 50 ans ayant des antécédents familiaux de cancer du sein s'inquiète de son risque d’en développer un. Elle se connecte à son compte en ligne, remplit un protocole de dépistage général et un protocole de dépistage spécifique au sein. Elle peut directement prendre ses rendez-vous pour les examens d'imagerie recommandés. En outre, il lui est aussi conseillé de se soumettre à un auto-dépistage du papillomavirus, de programmer des examens sanguins de routine et de s'assurer que tous ses vaccins soient à jour. Elle a accès à tous les résultats de ses tests, ainsi qu'à des interprétations et des directives de suivi claires et précises. Tout cela, sans aucun contact direct avec un professionnel de la santé. Voici un exemple de «clinique du futur», utilisant une technologie qui existe déjà aujourd'hui.L'évolution de notre vie quotidienne s'accompagne d'une évolution du milieu médical. Les cliniques du futur utiliseront des technologies et des concepts dont l’usage est d’ores et déjà courant dans la sphère publique. Avant leur création, par exemple, qui aurait pensé que nos téléphones portables pourraient se connecter à internet et être dotés d'un appareil photo et d'une caméra? Les cliniques du futur pourraient être totalement différentes du statu quo, tant dans leur forme que leur fonctionnement. La prestation de soins médicaux, qu'ils soient primaires ou spécialisés, pourrait être radicalement différente de ce qu'elle est aujourd'hui. La COVID-19 a propulsé les soins virtuels sur le devant de la scène. Ne nous contentons pas de modifier l'agencement et l'esthétique de la clinique. N'ayons plus de clinique du tout… À lire aussi: Systèmes modernes de données en santé: Ottawa pourrait forcer la main à des provincesMais je ne parle pas seulement d’intégrer l'IA (dont nous allons dépendre de plus en plus). Appliquons les concepts de la vie réelle et les technologies disponibles à notre clinique «impossible» du futur. Un grand nombre de ces concepts sont déjà utilisés sous une forme ou une autre dans le milieu médical public et privé. Ne nous inquiétons pas encore de savoir qui va jouer le jeu – autorisons-nous plutôt à rêver en grand! Imaginons…Compte personnelLe patient détient son dossier. Responsabilité maximale. Le professionnel de la santé peut y ajouter des notes. Toute la documentation médicale créée, qu'il s'agisse de données de laboratoire, d'imagerie diagnostique, de dossiers de sortie d'hôpital, d'ordonnances, est automatiquement ajoutée. La plupart des provinces ont déjà mis en place des systèmes permettant aux patients de «voir» leurs résultats de laboratoire ou leurs carnets de vaccination. Mais j’aimerais aller encore plus loin. Non seulement les patients pourront voir tout ce qui figure dans leur dossier, mais ils seront également propriétaires de l'ensemble de leur dossier. Banque en ligne Toutes les «transactions» sont effectuées en ligne. Le premier contact du patient se fait par l'intermédiaire d'un portail confidentiel où il peut communiquer avec un large éventail de professionnels de la santé, prendre des rendez-vous et réserver des examens. Le patient a accès à toutes les facettes de son compte et peut le gérer à tout moment. Libre-serviceComme à l'épicerie! Les patients ont un accès complet aux algorithmes de traitement et aux protocoles de dépistage standard générés par l'IA. Des tests supplémentaires, des diagnostics plus coûteux ou des médicaments de deuxième ou troisième intention peuvent être «achetés et payés» si le patient le souhaite. Ces frais supplémentaires seront à sa charge. Tous les coûts seront clairement indiqués et le patient aura toute latitude pour se procurer la version générique ou la version de marque déposée de tous les médicaments. Modèle d'abonnementÀ l'instar des services de diffusion comme Netflix ou Spotify, les patients auront un accès illimité à un menu spécifique de soins médicaux. Plus le service est performant, plus les options accessibles seront nombreuses, avec des mises à jour et une sorte de redevance mensuelle pour les services premium. Une fois qu’il s’est inscrit et a payé, le patient a accès au service. Plateformes virtuellesCes systèmes connectés sophistiqués peuvent traiter de nombreuses questions. Si un patient a besoin d'être «vu», il pourra l’être via une plateforme virtuelle élaborée, dont nous reparlerons plus loin. Si, et seulement si, cela s'avère insuffisant, une visite en personne sera nécessaire. Il s'agirait d'une approche par paliers: les problèmes seraient résolus par le personnel le plus approprié. Si le triage infirmier ne permet pas de résoudre le problème, un infirmier diplômé intervient. Si la situation est encore plus complexe, on consulte une infirmière praticienne ou un médecin. Si des soins spécialisés sont nécessaires, ils sont associés à la discussion pour donner leur avis. Le patient, lui, reste au même endroit en ligne et peut aisément accéder aux services appropriés jusqu'à ce que le problème soit résolu ou qu'une décision clinique soit prise. À lire aussi: Le Canada pourrait épargner 26 milliards $ par an avec l'IA dans le système de santéL'«examen» virtuel Il suffit de jeter un œil à la technologie des montres et des téléphones intelligents pour constater que l'avenir est déjà là. Sans parler d'un scanner à la Star Trek, il n'est pas difficile d'imaginer un système domestique simple capable d’enregistrer en temps réel les signes vitaux, la saturation en oxygène, le tracé cardiaque et l'auscultation cardiaque/pulmonaire. Un professionnel de la santé pourrait assister directement à un examen ou les informations recueillies pourraient être envoyées numériquement. Si nous pouvons actuellement effectuer des tests d'urine, prendre la glycémie de façon aléatoire, réaliser des tests rapides de maladies infectieuses, la possibilité pour le patient d'effectuer des tests supplémentaires et plus élaborés sans surveillance médicale n'est qu'une question de temps. Le patient, sa famille ou le proche aidant pourront ainsi effectuer ces examens et les prélèvements confortablement dans leur domicile. UberPour les soins aigus, pensez aux temps d'attente affichés à l’hôpital! Le patient peut non seulement voir ce qui est disponible près de chez lui, mais aussi réserver un service en temps réel. Ici et maintenant. S'il a besoin d'une évaluation en personne, il pourra y accéder en ligne, sur le modèle des programmes de covoiturage. Le portail trouve le site d'examen le plus proche qui dispose du professionnel de la santé adéquat et disponible, d’après l’évaluation de la plateforme virtuelle ou l'examen préalable. Il peut même s'agir d'une unité d'examen mobile et non d'une clinique physique. Consultations entre médecin, médecin et patientIl existe actuellement des plateformes pour les consultations médicales formelles et facturables. Un médecin de famille peut discuter d'un cas avec un spécialiste qui lui donne des conseils de prise en charge appropriés. Pourquoi ne pas inclure, si besoin, le patient dans ce processus? Lors d’une consultation de médecin à médecin, le cas est discuté et un plan est mis en place. Tout est ensuite expliqué au patient, avec un temps de questions et de réponses approprié, et le problème est résolu - ou du moins le plan d'action est expliqué/déployé. Ce qui aurait pu être considéré comme techniquement difficile ou impossible en termes de pratique devient alors banal. Des consultations pertinentes et efficaces en temps réel. Une situation gagnant-gagnant-gagnant pour tous. Le statut de grand voyageur Évidemment, à un moment donné, il faut parler d'argent! Dans un système financé par l'État, tous les citoyens de la province (qu'ils paient des impôts ou qu'ils bénéficient de l'aide sociale) bénéficient de l'offre de base, c’est-à-dire tous les éléments fondamentaux décrits ci-dessus. Des forfaits à plusieurs niveaux, financés par le secteur privé, sont disponibles au-delà de ce forfait de base. À lire aussi: Une application québécoise permet de mettre en contact patients et médecinsEt on peut tous les surclasser! Si un patient souhaite des éléments «à la carte», des services accélérés ou personnalisés, il devra payer des frais supplémentaires pour l'ensemble des services qu'il a achetés. Une fois connecté, le système reconnaît le «statut» du patient et ce qui est inclus dans son forfait. Tout cela ressemble étonnamment à un voyage en avion, de la réservation à l'enregistrement, en passant par les services à bord et les salons de l'aéroport. Si tous les extras comptent, vous pouvez y avoir accès si vous payez. Éventuellement, tout le monde prend le même avion et, avec un peu de chance, arrive à destination à l'heure. Propriété du patientSi une grande partie de la discussion ci-dessus décrit une dépendance accrue à l'IA et aux plateformes en ligne, le changement le plus fondamental réside dans le fait que le patient prend la pleine possession de ses soins médicaux. Le système médical devient alors un produit, une sorte de vendeur. Si l'entreprise privée peut accomplir cela dans les transports, la finance, la vente au détail et le monde du divertissement, on a toutes les raisons de penser que les soins médicaux pourront être offerts de même. Et oui, la privatisation et la libre entreprise devraient jouer un rôle de plus en plus important.Dans le futur, la clinique médicale parfaite sera bien organisée, efficace et dotée d'outils de communication performants. Elle sera accueillante et accommodante, pas un antagoniste ou difficile d'accès. Elle ne sera pas paternaliste et ne se souciera pas de protéger les patients d’eux-mêmes. À l’avenir, les patients seront plus autonomes, plus responsables et maîtres de leurs soins de santé personnels, qui seront dispensés dans un esprit de collaboration et de transparence.L'avenir, c'est maintenant! La plupart des concepts abordés dans cet article existent déjà. Malheureusement, nous continuons à nous focaliser sur toutes les raisons pour lesquelles nombre d'entre eux n’ont pas leur place dans nos cliniques médicales aujourd'hui. Le pourraient-ils? Imaginez... Le Dr Ted Jablonski a quitté sa pratique familiale pour se consacrer à la médecine sexuelle et à la santé des personnes transgenres dans le sud de l'Alberta, les deux pieds toujours bien ancrés dans les tranchées de première ligne des soins primaires aigus.

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