Rappel: certains médicaments ne font pas bon ménage avec la canicule

La fréquence croissante des vagues de chaleur en raison des changements climatiques a mis la question des médicaments au premier plan, estime la Dre Samantha Green, médecin de famille au Unity Health Toronto – un réseau composé de trois hôpitaux.Les personnes les plus à risque en cas de chaleur extrême sont les personnes âgées, les nourrissons et les enfants en bas âge, ainsi que les personnes souffrant d'affections physiques et mentales chroniques. Ces problèmes de santé peuvent parfois altérer la thermorégulation corporelle, indique la Dre Green, et la prise de certains médicaments pour traiter ces affections peut aussi aggraver le problème en entravant encore davantage la régulation thermique. Les traitements pour la tension artérielle, par exemple, peuvent provoquer une déshydratation, tandis que les antidépresseurs et les antipsychotiques peuvent altérer l'hypothalamus – qui agit comme un thermostat – et interférer avec la capacité du corps à réguler la chaleur, rappelle-t-elle. Pour les personnes qui prennent plusieurs médicaments, «la thermorégulation peut être doublement voire triplement altérée», précise la Dre Green. Par ailleurs, les personnes âgées courent un plus grand risque pendant les vagues de chaleur, car la capacité du corps à réguler la température diminue avec l'âge, rappelle Nasheena Poonja, pharmacienne clinicienne et chargée de cours à l'Université de la Colombie-Britannique. Elles ont donc tendance à retenir plus la chaleur que les jeunes, car elles ne transpirent pas autant, ajoute-t-elle.Le risque pour leur santé est en outre aggravé par les maladies chroniques dont elles peuvent souffrir et leurs traitements médicamenteux, souligne la pharmacienne. «Certains de ces médicaments peuvent en effet contribuer à l'intolérance du corps à la chaleur ou à sa capacité à la réguler.»Les médicaments susceptibles de provoquer des complications sont ceux qui traitent les problèmes cardiaques, tels que les bêtabloquants ou les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA), précise-t-elle. Les personnes à qui l'on prescrit des diurétiques peuvent souffrir d’une diminution de la sensation de soif, de déshydratation, de déséquilibres d’électrolytiques et d'évanouissements. Certains antihistaminiques et médicaments contre les crises d'épilepsie peuvent affecter la capacité du corps à réguler la température, ce qui peut également s'avérer dangereux en cas de chaleur.Cependant, Nasheena Poonja précise que les personnes ne doivent pas cesser de prendre leurs médicaments simplement parce qu'il y a une vague de chaleur. Au contraire, ces patients ou leurs soignants doivent plutôt les anticiper en évaluant les prévisions météorologiques et en déterminant comment rester au frais et bien s'hydrater, tel qu’en programmant des minuteries pour leur rappeler de boire de l'eau. Il devrait aussi y avoir une personne désignée pour veiller à leur santé.Par ailleurs, la pharmacienne fait valoir l'importance de conserver les médicaments en toute sécurité, dans un endroit frais et sombre – mais pas au réfrigérateur, sauf si cela est indiqué sur l'étiquette, précise-t-elle. Lorsque les médicaments sont conservés dans des conditions chaudes ou humides, comme dans une voiture ou une salle de bain, ils peuvent perdre de leur efficacité. À lire aussi: Chaleur et humidité: leurs effets sur notre corps se font sentir plus tôt que prévuBien qu'il n'y ait pas eu beaucoup de recherches sur les médicaments et la chaleur, la Dre Green a déclaré que la vague de chaleur meurtrière de 2021 en Colombie-Britannique a mis la question à l'avant-plan. Le Coroner Service de la Colombie-Britannique a attribué 595 décès à la vague de chaleur extrême qui s'est produite entre le 25 juin et le 1er juillet de cette année-là. La plupart des décès étaient dus à des températures intérieures excessives dans des résidences privées. presque toutes les personnes décédées avaient plus de 70 ans et vivaient seules avec des maladies chroniques.À lire aussi: Chaleur: la climatisation est essentielle pour les aînés, rappelle une étudeUne étude publiée dans la revue GeoHealth en mars de l'année dernière a comparé les décès survenus pendant ce «dôme de chaleur» aux décès survenus au cours de la même période les années précédentes, et a aussi constaté que le taux de mortalité était trois fois plus élevé chez les personnes atteintes de schizophrénie. «Nous avons donc beaucoup appris de cet événement, convient la Dre Green. Mais je pense que nous en apprenons davantage sur les risques liés à certains médicaments lorsqu'ils sont exposés à la chaleur.»Selon elle, il est important d'étudier la relation entre les décès survenus pendant les vagues de chaleur, les dômes thermiques et les médicaments, car on ne sait pas grand-chose de l'ampleur du problème.

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