Radié temporairement pour avoir usurpé l’identité de deux collègues

Urologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, le Dr Kevin Zorn effectuait au mois d’octobre 2020 de l’itinérance médicale à l’Hôpital de Mont-Laurier. C’est à cette occasion que le médecin spécialiste a commis plusieurs erreurs déontologiques qui viennent d’être sanctionnées par le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec. Durant son séjour dans les Hautes-Laurentides, le Dr Zorn a émis cinq requêtes d’imagerie pour l’évaluation de cinq de ses patients en ne signant pas de son nom ni de son numéro de permis, mais utilisant ceux d’un autre médecin, à son insu. Il a procédé à l’identique pour une ordonnance médicamenteuse, en usurpant l’identité professionnelle d’une autre collègue. Informés des agissements de l’urologue par le chef de la Direction des soins infirmiers du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, les deux médecins ont chacun déposé une demande d’enquête auprès du syndic du Collège. Très vite, le Dr Zorn a reconnu ses fautes puis enregistré un plaidoyer de culpabilité pour les deux chefs d’accusation dont il devait répondre, un par médecin usurpé. Il s’est ensuite entendu avec l’avocat du syndic sur les sanctions à lui imposer: deux radiations temporaires de deux mois à purger de manière concurrente. Le Conseil de discipline a souscrit à cette recommandation conjointe, en condamnant également le médecin spécialiste au paiement des frais de procédure. Il lui a reproché d’avoir contrevenu à l’article 84 du Code de déontologie des médecins, qui se trouve dans la section intégrité. Celui-ci stipule que «le médecin doit s’abstenir d’inscrire, de produire ou d’utiliser des données qu’il sait erronées dans tout document, notamment tout rapport ou dossier médical ou de recherche». «Il s’agit d’une infraction grave, au cœur de l’exercice de la profession», a jugé le Conseil. «En s’appropriant le nom et le numéro de permis de ses collègues, [le Dr Zorn] a fait preuve d’un manque de jugement professionnel flagrant, et ce, peu importe ses bonnes intentions à l’égard des patients», peut-on lire dans la décision rendue le 30 août qui ne donne pas plus de précisions sur les motivations du clinicien. «Énorme prise de conscience» Considérant ses 11 années de pratique au moment des faits, l’urologue «devait certainement exercer un meilleur jugement (et) ne pouvait ignorer le caractère hautement inapproprié de ses gestes», a considéré le Conseil en soulignant qu’il «ne s’agit pas d’un cas isolé, mais bien de cinq requêtes et une ordonnance médicamenteuse, bien que les gestes aient été posés sur une courte période de quelques jours». À lire aussi: Sanctionnée pour avoir consulté le DSQ de son ex-conjoint Durant l’audience, qui s’était déroulée le 5 mai dernier, l’avocate du Dr Zorn avait fait valoir que le processus disciplinaire, et plus particulièrement la rencontre et les échanges entre son client et l’enquêteur du syndic ont été une étape déterminante pour le médecin spécialiste, «le tout menant à une énorme prise de conscience», mentionne la décision qui indique également que l’enquêteur a souligné «l’absence de réserve» du clinicien durant ses investigations. Se fiant sur ces représentations, ainsi que sur le témoignage de l’urologue qu’il qualifie de «sincère», le Conseil a estimé son risque de récidive «comme étant très faible».

Radié temporairement pour avoir usurpé l’identité de deux collègues

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