Qu’y a-t-il de si spécial à propos de la pharmacie de spécialité?

Au cours des deux dernières années, je me suis posé cette question à de nombreuses reprises et les recherches que j'ai effectuées durant cette période ont grandement alimenté ma réflexion. J'en suis arrivé à la conclusion qu'il n'y a pas grand-chose de si «spécial» à propos des médicaments de spécialité, ou des pratiques de la pharmacie de spécialité à leur endroit, pour nécessiter un canal spécifique hors de la pharmacie communautaire. À ma connaissance, il n'existe même pas de définition propre à l'industrie pour les médicaments de spécialité. Il semble largement admis que pour faire partie de cette catégorie, les traitements doivent inclure des médicaments très coûteux (plus de 10 000$ par an), des médicaments nécessitant tant une éducation/formation qu'un suivi thérapeutique continu du patient, et des médicaments qui peuvent nécessiter une manipulation spéciale dans leur distribution. Selon cette façon de voir les choses, je vous dirais que les vaccins à ARNm contre la Covid-19 entre dans la catégorie des «médicaments de spécialité», et pourtant la pharmacie communautaire a su relever le défi haut la main. La semaine dernière, j'ai lu que les pharmaciens communautaires ont administré plus de 17 millions de vaccins contre la Covid-19 au Canada. Alors, pourquoi mettre ce vaccin anti-Covid dans la catégorie des médicaments spécialisés? Qui pourrait contester le fait qu'en février 2021, le vaccin à ARNm de Pfizer était aussi précieux que de l'or? L'offre était très limitée, la demande énorme, et chaque dose était comptabilisée. Cela ressemble manifestement à un critère de coût élevé. Je peux difficilement penser à un autre produit ayant nécessité un type de manipulation aussi particulier que celui exigé par le vaccin. On a demandé aux praticiens de reconstituer le produit, d'éduquer leurs patients et d'assurer un suivi auprès d'eux. Ils ont aussi été formés pour faire le suivi et signaler avec diligence tout événement indésirable. En février 2021, le ministère de la Santé de l'Alberta a demandé à deux de mes pharmacies Sandstone de participer à la première vague de vaccination contre la Covid-19 en pharmacie communautaire, avec le «nouveau» vaccin à ARNm de Pfizer. À l'époque, il y avait une énorme demande pour ce vaccin, mais peu d'offre. Le produit devait être entreposé à ultra-basse température et, sans plaisanter, l'une des raisons expliquant pourquoi les pharmacies des régions rurales de l'Alberta n'ont pas été choisies pour participer au programme était que le Ministère a déterminé que le vaccin serait trop secoué dans les camions de livraison qui sortaient d'Edmonton, de Calgary ou de Red Deer. En voyant les milliards de dollars dépensés par le gouvernement, j'essaie maintenant de comprendre pourquoi nous n'avons pas redirigé une partie des fonds de relance vers le resurfaçage des routes rurales afin de réduire le «facteur de secousse». Ce que je veux faire valoir, c’est que les pharmacies communautaires de tout le pays ont démontré qu'elles étaient des plus compétentes pour injecter des vaccins dans les bras des Canadiens, même lorsqu'il s'agit d'une molécule complexe comme le vaccin à ARNm. J'en suis venu à la conclusion que la complexité inhérente à la capacité des pharmacies communautaires de se procurer et de distribuer des produits biologiques, des biosimilaires et de nombreux autres médicaments «spécialisés» à leurs patients est surtout compliquée de par sa conception. L'industrie pharmaceutique, ses programmes de soutien aux patients (PSP) et certains des acteurs actuels des pharmacies spécialisées ont créé un système dans lequel il est difficile de naviguer, et les acteurs ne semblent pas très enclins à faire changer les choses. Pourtant, je maintiens que bousculer le modèle actuel est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment. L'introduction des biosimilaires sur le marché canadien pourrait être une occasion pour les pharmacies communautaires de participer, mais cette occasion ne tombera pas du ciel. Nous devrons travailler pour l'obtenir. J'ai entamé cette réflexion il y a deux ans quand j'ai réalisé que la plupart des nouveaux médicaments qui seront lancés entreront dans la catégorie traditionnelle des «médicaments de spécialité». Si la pharmacie communautaire est exclue, il nous sera impossible de maintenir la continuité des soins pour nos patients au comptoir. De plus, si nous demeurons exclus, je ne sais pas comment nous pourrons atteindre la stabilité financière à l'avenir. Les assureurs veulent payer de moins en moins pour les activités de dispensation. J'ai donc fait mes devoirs et décidé de m'associer à une entreprise qui cherchait à créer à travers le pays un réseau de pharmacies communautaires intéressées par les produits biologiques/biosimilaires. J'ai ainsi commencé à préparer les équipes des pharmacies Sandstone à l’initiative de l’Alberta concernant les biosimilaires. Lorsque Neighbourly Pharmacy a acheté Sandstone Pharmacies, elle m'a beaucoup soutenu dans ce que j'avais fait jusqu'alors, et on m'a demandé de travailler avec les autres pharmacies Neighbourly de l'Alberta pour s'assurer qu'elles soient également préparées à cette initiative. Le passage à l'adalimumab en Alberta est prévu pour le 1er mai. Cela signifie que nous sommes maintenant à un moment crucial. Dans un prochain blogue (après le 1er mai), je vous laisserai savoir si ce changement a été une réussite. Peut-être y aura-t-il quelques perles à partager avec ceux qui vivent dans une province n’ayant pas encore fait la transition. Je suis déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre aux pharmaciens communautaires de briser la barrière de la «spécialité». Après tout, cela prend plus qu'un simple médicament pour être spécial; je crois que c’est aussi la relation entre le pharmacien communautaire et le patient qui rend ça spécial.

Qu’y a-t-il de si spécial à propos de la pharmacie de spécialité?

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