Qu’est-ce que la psychiatrie légale? Exploration de cette sous-spécialité avec l’un de ses membres fondateurs au Canada

On peut dire que l’Université de la Saskatchewan (USask) a exaucé une prière formulée par le Dr Mansfield Mela en 1999, alors qu’il réfléchissait à son avenir. À ce moment-là, le médecin se trouvait au Royaume-Uni, où il venait de terminer sa résidence en psychiatrie à l’Université de Cardiff, au pays de Galles, ainsi qu’une maîtrise en sciences psychiatriques qu’il avait entreprise chez lui, au Nigeria. «Je priais pour trouver une direction lorsqu’un collègue de Saskatoon m’a contacté en me disant: "Voulez-vous venir voir ce que nous avons ici?"», raconte le Dr Mela. Le médecin a accepté l’invitation, s’est rendu dans l’ouest du pays pour jeter un coup d’œil et il a rejoint l’USask en tant que tuteur clinique en 2000. Aujourd’hui, il est professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine de l’USask, membre associé de la Faculté de droit et directeur du Centre d’études médico-légales sur les sciences comportementales et la justice de l’USask, qu’il a contribué à fonder avec ses collègues, en 2009, sous la direction du psychologue Stephen Wormith. Reconnu comme l’un des fondateurs de la sous-spécialité de la psychiatrie légale au Canada, le Dr Mela cherche à comprendre comment les personnes souffrant de troubles de santé mentale interagissent avec le système judiciaire, en mettant l’accent sur l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) et les conséquences criminelles qui en découlent. Il étudie aussi comment les médicaments peuvent contribuer à réduire la criminalité et s’intéresse au rôle du pardon dans la réduction de la criminalité. «Cela revient à aider les personnes qui ont fait du mal aux autres à reconnaître leur propre victimisation», explique-t-il. «Il s’agit de les guider et de les soutenir dans un processus les amenant à réduire l’amertume et le ressentiment qui les ont conduits à malmener les autres.» Implications multiples En plus de ses recherches médico-légales, le clinicien enseigne aux avocats et aux psychiatres à devenir des experts médico-légaux pour intervenir auprès des tribunaux. Il s’engage également dans des recherches axées sur les patients afin d’inclure la voix des usagers dans l’élaboration de stratégies et de solutions en matière de santé mentale médico-légale. Le médecin souligne l’importante contribution du centre médico-légal à la sécurité des communautés de la Saskatchewan et, plus largement, du Canada. Ce centre a participé à l’établissement et à l’évaluation du premier tribunal en santé mentale de la Saskatchewan, situé à Saskatoon, indique le Dr Mela. La province a depuis étendu ces tribunaux à d’autres communautés. De plus, l’évaluation par le centre d’un projet pilote sur l’ETCAF au Centre psychiatrique régional a incité le gouvernement fédéral à envisager la création d’autres cliniques pour l’ETCAF au Canada. «Je suis vraiment fier de notre petit centre médico-légal qui travaille beaucoup avec le ministère des Services correctionnels, le ministère de la Justice, les services de police, ainsi que le gouvernement fédéral et les ministères de la Sécurité publique», affirme le Dr Mela. «Les recherches que nous menons contribuent vraiment à cette sécurité, en permettant aux gens de se sentir chez eux.» Lire aussi: Médecin de famille le jour, coroner le soir Vingt-trois ans après son arrivée, le psychiatre est installé à Saskatoon avec son épouse et ses trois garçons. Il a appris à tolérer — sinon à accepter — le climat, il joue au badminton au lieu de son cher cricket, et il regarde le basket-ball et le hockey bien qu’il ne pratique ni l’un ni l’autre. Être Noir en Saskatchewan Concernant son expérience en tant qu’universitaire noir à l’USask, le Dr Mela relève de nombreux points positifs et négatifs. «J’ai eu la chance d’avoir été recruté par quelqu’un qui, à mon avis, était exceptionnellement aveugle à la couleur», souligne le Dr Mela. «Le Dr David Keegan s’intéressait davantage à savoir si l’on pouvait livrer la marchandise. Et c’est ainsi que je suis entré à la Faculté de médecine.» Et il se sent chanceux d’avoir travaillé avec des collègues pour qui sa couleur de peau importait peu. «Je n’ai jamais eu l’impression que ma promotion était entravée de quelque manière que ce soit. Mon travail et les choses que j’ai faites ont été dépourvus de ces pratiques discriminatoires», témoigne le médecin. «J’ai également une communauté soudée et un groupe religieux qui m’ont beaucoup aidé à réduire le stress inévitable que l’on subit au quotidien.» Cependant, en tant que membre éminent de la communauté noire de l’USask, le Dr Mela a été un mentor pour d’autres personnes dont l’expérience était bien différente. «J’espère qu’en temps voulu, les gens seront pris pour ce qu’ils sont et ce qu’ils apportent à la table, et non pour leur couleur.» Le Dr Mela souhaite que le Mois de l’histoire des Noirs soit une célébration des nombreux Noirs de l’USask et de Saskatoon qui s’en sortent extrêmement bien. Il a ainsi quelques réflexions à soumettre à ceux ayant du mal à accepter ou à apprécier le travail accompli par des membres de la communauté noire. «Ils peuvent être assurés que les exemples que sont certains d’entre nous constituent une preuve suffisante qu’il y a des gens de la communauté qui ne dépendent pas de l’aumône, mais qui font le même travail que tout le monde», déclare-t-il. «Pour ceux qui n’ont pas ces tendances à la discrimination mais qui y contribuent par leur silence, je les encourage à se mobiliser. Célébrez et assumez, mais aussi exprimez-vous si vous êtes témoins d’actes de racisme.» Cet article a d’abord été publié sur le site du Collège de médecine de l’Université de la Saskatchewan. Reproduction autorisée.

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