Quels sont les avantages et les inconvénients d’exercer aux États-Unis?

J'ai récemment discuté au téléphone avec une étudiante canadienne en dernière année de résidence en médecine de famille. Elle m’a raconté que, lorsqu’elle avait 17 ans, elle s’est rendue aux urgences au Canada pour un mal de tête, et le médecin urgentiste lui a annoncé qu’il s’agissait peut-être d’une tumeur au cerveau. Heureusement pour elle, ce n'était pas le cas, mais elle s’est alors dit qu’elle n’était pas moins intelligente que ce médecin. Après avoir obtenu son diplôme dans une université canadienne, elle s'est inscrite dans une école de médecine aux États-Unis. Elle vient de terminer son internat en médecine familiale et commencera à chercher du travail en Ontario l’année prochaine.Je lui ai alors demandé ce qu’elle avait pensé de son expérience américaine. Voici ce qu’elle m’a répondu.«Je dirais que les praticiens de niveau intermédiaire (les auxiliaires médicaux et les infirmières praticiennes) prennent peu à peu en charge bien plus que les soins primaires, y compris une grande partie du travail des spécialistes. De plus en plus d’États américains les autorisent à exercer sans supervision. C’est ce qui fait que la médecine d'urgence est aujourd’hui en crise aux États-Unis: au cours des cinq dernières années, elle est passée d'une spécialité recherchée pour laquelle les étudiants en médecine devaient jouer des coudes, à une spécialité qui ne fait plus le plein. Cela est dû au fait que de nombreux postes sont désormais occupés par des médecins de niveau intermédiaire, qui coûtent moins chers. La rémunération des médecins a également baissé parce qu'il revient moins cher d'avoir un médecin urgentiste qui "supervise" un groupe de médecins de niveau intermédiaire que d'employer plusieurs médecins. J'espère qu'une telle chose ne se produira pas au Canada.«Voici donc les avantages et les inconvénients de la médecine américaine: (n'oubliez pas que je n'ai pas encore travaillé moi-même au Canada).«Côté avantages: il est très facile d'être orienté vers un spécialiste (quatre semaines en moyenne), et d’avoir accès à l'imagerie et aux tests, en théorie (n'oubliez pas que les assurances peuvent toujours les refuser, ce qu'elles font souvent). Je pense que cet environnement où les responsabilités légales sont importantes conduit les professionnels à mener davantage d'examens, ce qui peut être une bonne et une mauvaise chose selon les cas. «Côté inconvénients: l’empiètement du niveau intermédiaire sur le système de santé, les portails accessibles aux patients (de nombreux cabinets disposent d'un système permettant aux patients d'envoyer gratuitement un message à leurs prestataires, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7), et le fait que les compagnies d'assurance finissent par dicter les soins à la place des médecins, puisqu’elles décident quels actes seront pris en charge. Le paiement à l'acte n'existe plus dans la médecine publique américaine: les médecins sont payés en fonction de paramètres dictés par les compagnies d'assurance. Par exemple, le pourcentage de patients qui se sont fait vacciner contre la grippe cette année, ou encore le pourcentage de patients diabétiques dont le taux d'hémoglobine A1C est inférieur à 7… Certains de ces paramètres échappent au contrôle des médecins, et ne sont parfois pas les plus adéquats en termes de santé. À lire aussi: Christian Dubé met la pression sur les médecins de famille«J'ai été étonnée de découvrir qu'un nombre considérable de patients, hospitalisés ou non, que j'orientais vers des spécialistes étaient en fait pris en charge par des prestataires de niveau intermédiaire. Je trouve incroyable qu'en tant que soignants de première ligne, ayant reçu une formation complète en médecine, nous nous retrouvions à "consulter" des prestataires de niveau intermédiaire formés sur le tas, sans aucun diplôme officiel dans ces spécialités.«Cela concerne même les décisions critiques de vie ou de mort, comme l'assistance aux patients hospitalisés en état de décompensation sévère. J'espère sincèrement que les médecins canadiens sont conscients de la situation actuelle aux États-Unis.À lire aussi: Portrait-robot du parfait médecin canadien«Les patients peuvent aussi être difficiles. Comme chez Burger King, ils font comme chez eux et exigent souvent de voir un spécialiste, de passer une IRM ou un scanner.»A-t-elle obtenu facilement sa licence pour exercer en Ontario? «Ça a été simple et rapide. L’an dernier, l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario a mis en place une procédure appelée "Pathway A", qui permet aux médecins américains certifiés par un conseil d'administration d'obtenir une autorisation d'exercer.» Cette étudiante souhaite désormais travailler dans une clinique canadienne sans rendez-vous, pour se laisser le temps de réfléchir. Elle pense s’orienter ensuite vers une équipe de santé familiale avec capitation, mais veut d'abord tâter le terrain.Le Dr John Crosby est un médecin de famille récemment retraité de Cambridge, en Ontario. Voir son site internet pour lire ses recommandations afin d'éviter l'épuisement professionnel.À lire aussi: Le Québec compte 280 médecins de plus, mais 4 régions perdent des médecins de famille

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