Psychothérapie: l’Association des psychiatres endosse les recommandations de l’INESSS

L’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) accueille favorablement l’avis de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) publié en juin dernier qui recommande au ministère de la Santé d’améliorer l’accès aux services de psychothérapie en offrant ce service dans le régime public, comme le font l’Angleterre et l’Australie. Dans ces deux pays, la psychothérapie est gratuite et financée par l’État.« L’INESSS va dans le même sens que nous. Il y a un bon moment que les psychiatres réclament plus d’accès à la psychothérapie pour leurs patients », a commenté la présidente de l’AMPQ, la Dre Karine J. Igartua, à ProfessionSanté.ca.« Il est très important pour nous qu’un patient chez qui un diagnostic a été posé ait accès au traitement recommandé, ce qui n’est pas toujours le cas. Actuellement, on se sent souvent comme un chirurgien qui dit à une femme : vous souffrez d’un cancer du sein, mais je ne peux pas vous opérer parce que je n’ai pas de salle d’opération. »Dans cet Avis sur l’accès équitable aux services de psychothérapie, l’INESSS relève qu’au Québec, seulement le tiers des professionnels habilités à faire de la psychothérapie pratiquent dans le secteur public où leurs services sont couverts par le régime d’assurance maladie.Les médecins font partie de ce groupe. Les autres, les deux tiers, oeuvrent dans le privé et beaucoup de gens n’ont pas les ressources, assurances ou moyens financiers, pour les consulter.Les patients qui doivent s’en remettre au public doivent patienter des semaines, des mois, voire des années. Les psychiatres qui reçoivent des patients en crise savent que, trop souvent, le délai dans le régime public sera très long ou que les ressources ne sont pas disponibles dans leur milieu s’ils ne possèdent pas d’assurances privées.Avantages de la psychothérapie Selon la Dre Igartua, la dépression et l’anxiété représentent 65 % des troubles mentaux. Les médicaments sont l’option thérapeutique la plus souvent proposée par les médecins aux patients qui présentent ce type de problèmes. En 2010, près d’un assuré du régime public sur sept s’est vu prescrire un antidépresseur.Se basant sur des études, l’INESSS souligne que la psychothérapie est aussi efficace que la pharmacothérapie pour réduire les symptômes des troubles anxieux ou dépressifs modérés. En outre, ses effets bénéfiques se maintiennent plus longtemps après la fin du traitement que les médicaments et elle offre une meilleure protection contre la rechute.Autre avantage, la psychothérapie peut être offerte en groupe. La combinaison psychothérapie/ pharmacothérapie présente toutefois une efficacité supérieure lors de troubles anxieux et dépressifs graves.Dans son avis, l’INESSS n’a pas évalué l’impact financier qu’entraînerait l’ajout de la psychothérapie dans le panier de services assurés par le régime public. Cet aspect sera développé de façon séparée dans un troisième volet. On sait toutefois que le coût médical associé à la psychothérapie serait équivalent à celui associé à la pharmacothérapie, mais la psychothérapie s’avère plus rentable à long terme. C’est un argument économique auxquels le MSSS et le ministre Gaétan Barrette devraient être sensibles, espère la Dre Igartua. Un système de couponsLes psychiatres sont d’avis que lorsqu’un diagnostic médical est posé, les patients devraient avoir accès à une psychothérapie. Ils espèrent donc que le Québec adoptera les recommandations émises par l’INESSS et que ce service sera offert par le régime public.Toutefois, insiste leur présidente, le diagnostic qui mène à une psychothérapie est un acte médical réservé et il doit rester l’affaire des médecins. Pas question de jouer sur les mots et de parler « d’évaluation psychologique » comme voudraient le faire les psychologues pour faire leur propre diagnostic. À ce niveau, la Dre Igartua est intraitable. Le fait que le diagnostic reste l’affaire des médecins permettrait aussi de s’assurer que le professionnel qui fait l’évaluation ne soit pas nécessairement celui qui va en bénéficier financièrement.Elle se montre cependant très souple sur la façon dont ce service pourrait être offert dans le cadre du régime public. Le gouvernement pourrait choisir d’embaucher des professionnels pour assurer ces consultations et augmenter l’offre de services, mais si cette option est trop dispendieuse, elle verrait l’instauration d’un système de coupons. Un certain nombre de coupons, selon les cas, seraient remis aux patients et serviraient à défrayer un certain nombre de sessions auprès d’un professionnel. Effets positifs sur les psychiatresL’élargissement de la psychothérapie au régime public aurait aussi des effets positifs sur les psychiatres eux-mêmes. En pouvant adresser plus de cas à d’autres professionnels pour faire le traitement, en tout ou en partie, ils pourraient dégager des plages horaires pour voir de nouveaux patients et faire de nouvelles évaluations. Ils auraient aussi plus de temps pour conseiller les médecins de famille, les pédiatres pour les enfants souffrant de déficit d’attention et les oncologues pour leurs patients dépressifs, comme le souhaite le ministre de la Santé.

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