Propos déplacés: un gynécologue récidiviste reconnu coupable par son ordre professionnel

Le Dr Allan B. Climan, qui a été radié deux ans pour avoir eu des propos à connotation sexuelle en 2019, a récidivé le 22 avril dernier. Ce jour-là, le Dr Climan procédait à un examen gynécologique auprès de sa patiente qui s’apprêtait à donner naissance à un enfant à l’Hôpital juif de Montréal. Immédiatement après l’examen, le médecin spécialiste a prononcé les mots à voix basse «Thanks for the good time» [Merci pour le bon moment]. Ces paroles n’ont pas été entendues par la femme enceinte, qui n’a donc pas eu de réaction. Toutefois, l’infirmière, Eden Siv, qui était dans la pièce à ce moment, les a entendues. Au conseil de discipline, l’infirmière a ajouté que les autres médecins ne procèdent jamais à un examen gynécologue aussi long, soit de cinq minutes. Le Dr Climan a, plus tard, qualifié ses mots d’«inappropriés», de «déplacés» et de «mal choisis», mais s'est néanmoins défendu en mentionnant que ceux-ci n’étaient pas à caractère sexuel. Le Conseil de discipline n’a pas retenu cet argument. Ce dernier estime que les propos du médecin sont de «nature sexuelle non sollicités» et outrepassent la relation professionnelle. Seul avec sa patiente Quelque temps après avoir tenu ces propos, le Dr Climan est revenu effectuer un autre examen gynécologique vers 20h, seul, auprès de sa patiente alors que le conjoint de cette dernière est absent. Pourtant, depuis son retour de radiation, le 15 juillet 2021, le médecin doit être en présence d’une personne de sexe féminin pendant toute la durée des rencontres de patientes où il y aura un examen. Lors de son témoignage, l’obstétricien-gynécologue a expliqué qu’il y avait une situation d’urgence, qu’il craignait pour la santé du bébé et qu’il voulait examiner sa patiente, mais qu’il n'y avait pas d’infirmières à la salle d’accouchement ou au poste du personnel infirmier. Il reconnait toutefois qu’il aurait pu demander la présence de la Dre Josée Truchon qui était de garde cette soirée-là. Une fois de plus, le conseil de discipline n’a pas retenu les explications du médecin. «Cette limitation imposée au Dr Climan ne prévoit aucune exception dans son application, ce qui inclut une situation d’urgence», indiquent les trois juges du Conseil, ajoutant que le comportement du médecin est «objectivement dérogatoire». «Il ne fait aucun doute que sa conduite peut avoir un impact sur la confiance envers la profession ou puisse rejaillir sur l’ensemble des membres de la profession», poursuivent-ils. Des notes manquantes Finalement, le Dr Allan B. Climan a été reconnu coupable de ne pas avoir consigné au dossier son examen effectué à 20h, lorsqu’il était seul avec la femme enceinte. Lors des autres examens ce soir-là, ce sont les infirmières qui consignaient les notes au dossier. «Les informations manquantes dans les notes du Dr Climan sont importantes et peuvent être source d’erreurs, notamment si un autre professionnel doit assurer le suivi de cette patiente», mentionne le conseil de discipline. Ce dernier ajoute que le gynécologue ne pouvait se contenter de déléguer ses responsabilités aux infirmières qui l’accompagnaient. Cinq ans de radiation ? Le médecin spécialiste a été reconnu coupable, pour l’un des trois chefs, d’avoir contrevenu à l’article 59.1 du Code des professions. Un professionnel qui enfreint cet article s’expose à une radiation temporaire d’une durée minimale de 5 ans. Or, selon une compilation effectuée par ProfessionSanté.ca en novembre 2020, plus de la moitié des médecins coupables évitent cette sanction. Le Dr Climan lui-même a obtenu une sanction de deux ans après avoir contrevenu à l’article 59.1. Le conseil de discipline avait alors souligné les démarches de mentorat qu’il avait effectué. Rappelons que le gynécologue avait dit à sa patiente les propos suivants: «Tu as un beau petit corps, j’ai hâte de t’examiner et je suis certain que tu as un beau vagin». La peine du Dr Climan sera connue dans les prochaines semaines. Notons que le Dr Climan a été radié d'urgence en juillet dernier, six mois avant que le Conseil ne statue sur la plainte déposée contre lui. Cette rarissime procédure a été appliquée afin de protéger le public, avait affirmé le conseil de discipline dans une décision du 25 juillet dernier.

Propos déplacés: un gynécologue récidiviste reconnu coupable par son ordre professionnel

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes